Fanny LOVIOT (18xx-?)

LES PIRATES CHINOIS
Ma captivité dans les mers de la Chine.

Éditions Bourdilliat, Paris, 1860, chapitre IV et suivants.

Voir ici la préface de Gilles Lapouge à la récente réédition de l'ouvrage de Fanny Loviot.

  • Lingère à Paris, l'auteur s'embarque au Havre pour faire fortune en Californie. "Dévorée du désir de voir des pays nouveaux", elle part pour Batavia, mais s'arrête à Hong-Kong. Sur le chemin du retour vers San Francisco, des pirates chinois la capturent. Récit d'un cauchemar de deux semaines. D'un cauchemar bien entendu inédit dans les récits des voyages en Chine.
  • Inutile d'insister sur les BD qu'on peut tirer de cette aventure. Sans dessins, mais munie du style édifiant de l'époque, qui fait merveille dans ces situations bourreaux-victimes, l'auteur ne s'en sort que mieux et a amplement mérité ses réels succès de librairie.
  • Certains pensent que Fanny Loviot a menti, notamment sur ses aventures en Californie. Sur les pirates chinois, auxquels après tout se rapportent le titre et la majeure partie du livre, elle ne donne pas une telle suspicion ; car elle aurait pu très aisément forcer le trait, tout en restant parfaitement plausible ; mais peut-être a-t-elle voulu rester en deçà de la vérité sur l'attitude des pirates à son égard, et préserver ainsi une respectabilité toujours utile à son retour en France. Si cela a été le cas, peut-on le lui reprocher ?

Extraits : Les pirates !... les pirates ! - Les pirates se sauvent !... les pirates se sauvent !
La proie de ces monstres - On cloue le panneau qui nous recouvre - Sauvés !
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*

Les pirates !..... les pirates !...

Peu après son départ de Hong-Kong, le bateau de Fanny Loriot subit une effroyable tempête.
Le capitaine décide de faire demi-tour pour réparer.


Que puis-je connaître de plus des horreurs de la mer, me disais-je, si ce n'est d'y trouver une tombe ?
.....
Il pouvait être minuit lorsqu'un songe effrayant vint agiter mon esprit, il me semblait entendre des cris infernaux, poussés par une bande de démons. Était-ce un hallucination ? ou cet horrible cauchemar avait-il de la réalité ? J'étais oppressée, souffrante, et plus d'une fois je me retournai sur ma couche ; le songe durait toujours, il fut tout à coup rompu par un effroyable vacarme. Éveillée en sursaut, je me dressai sur mon séant, et j'ouvris les yeux, j'étais éblouie, ma cabine se trouvai entièrement illuminée par une lueur rouge, frappée de terreur et persuadée que le navire devenait la proie d'un incendie, je sautai en bas de mon lit et me précipitai vers la porte. Le capitaine et le subrécargue étaient sur le seuil de leurs cabines. Je jetai des yeux hagards sur eux, ils me regardaient sans pouvoir proférer une parole, car nous entendions des hurlements sauvages et comme des coups de massue qui retentissaient contre les flancs du navire. Des pierres, des projectiles de toutes sortes étaient lancés dans les carreaux des fenêtres du plafond, de la dunette, et les brisaient en mille pièces, des flammes semblaient brûler tout au-dessus de nous ; nous restions terrifiés.

J'allai vers le capitaine et je me cramponnai à son bras. Je voulais parler, je n'avais pas de voix, quelque chose d'aride dans mon gosier arrêtait les paroles sur mes lèvres ; je parvins cependant à lui dire avec des sons étranglés :

— Capitaine ! capitaine ! le feu ! le feu est au navire ! Répondez-moi ! Entendez-vous là-haut ?...

Mais il était entièrement pétrifié, car il me répondit :

— I don't know (je ne sais pas).

Il s'éloigna tout à coup et reparut avec un revolver à la main, la seule arme qu'il y eût à bord.

En ce moment, le second de l'équipage accourut de l'avant du navire, et, s'approchant du capitaine, lui dit quelques mots que je n'entendis pas. Plus prompte que la pensée, et soupçonnant un terrible malheur, je rentrai précipitamment dans ma cabine et je regardai derrière le carreau qui s'ouvrait sur la mer. Au feu extérieur, j'entrevis les mâtures de plusieurs jonques chinoises. Je ressortis épouvantée, folle, en criant :

— Les pirates !..... les pirates !...

En effet, c'étaient les pirates, ces écumeurs de mer de la Chine, si redoutés par leurs cruautés. Ils nous tenaient en leur pouvoir ; trois jonques, montées chacune par trente ou quarante hommes, entouraient le Caldera. Ces brigands semblaient être des démons sortis du sein de la tempête pour achever son œuvre de destruction. Le délabrement de notre navire désemparé était pour eux un facile succès. Après avoir jeté sur le Caldera des crocs en fer, fixés à de longues amarres, ils n'avaient pas tardé à grimper le long du bordage avec l'agilité des chats. Une fois parvenus sur le pont, ils s'étaient livrés à une danse infernale en poussant des cris qui n'ont rien d'humain. Les projectiles, en outrepassant les vitres, nous avaient tirés du profond sommeil où nous étions tous plongés. Les lueurs que nous avions prises pour le reflet d'un incendie, étaient produites par des matières inflammables. Ils emploient ce moyen afin de frapper de stupeur et d'effroi ceux qu'ils attaquent, et paralysent souvent par là leur résistance.

Le capitaine, le subrécargue, le second, firent quelques pas en avant pour sortir de la dunette et aller sur le pont ; je les suivis instinctivement. À peine avions-nous fait trois pas, que des boules fulminantes furent jetées sur nous et nous forcèrent à opérer une retraite. Il s'en fallut de bien peu que nous ne fussions atteints par cette pluie de feu qui nous aurait causé d'atroces brûlures. Nous ne pouvions nous expliquer où ils voulaient en venir, leur intention était évidemment de mettre le navire au pillage. Le capitaine, qui n'avait que son revolver pour nous défendre, jugea qu'il était prudent de nous dérober le plus longtemps possible à leur fureur. C'était une précaution bien inutile, car ils devaient nous trouver n'importe où, aussi bien que si nous fussions restés dans nos lits ; mais notre esprit troublé ne nous laissait pas le loisir de raisonner. Nous descendîmes avec précipitation dans l'entrepont, dont l'ouverture se trouvait justement sous nos pieds, et nous nous cachâmes le mieux que nous pûmes. Cinq matelots se trouvaient déjà en cet endroit ; nous ne savions ce qu'était devenu le reste de l'équipage ; peut-être était-il déjà fait prisonnier.

Quant à Than-Sing, il n'avait pas reparu depuis la veille au soir.

Les pirates continuaient à pousser leurs cris sauvages. Par un écartement dans le panneau qui nous recouvrait, on pouvait voir, à travers les lueurs incendiaires, quelques-unes de leurs têtes hideuses entourées d'étoffes rouges en forme de turban. Leur costume était comme celui de tous les Chinois, excepté que leur ceinture était garnie de pistolets, de larges couteaux, et chacun d'eux avait un sabre nu à la main. À cette vue, un nuage de sang me passa devant les yeux, mes jambes fléchirent sous moi ; je croyais ma dernière heure arrivée. Rampant des pieds et des mains, je m'acheminai vers le capitaine, en cet instant de détresse son appui me semblait cher. Nous nous tînmes blottis au milieu des ballots de marchandises, à peu près à vingt pieds de l'ouverture. Il nous était impossible d'aller plus loin, le navire étant comble dans cette partie. Nous respirions à peine, quand nous entendîmes une foule de pirates entrer dans nos cabines et bouleverser tout avec violence. Une voix connue parvint en même temps jusqu'à nous : c'était celle de Than-Sing. Une vive altercation paraissait s'élever entre lui et les pirates. On le sommait sans doute de dire où nous étions, car nous l'entendîmes crier en anglais ;

— Capitaine, capitaine ! où êtes-vous ? en bas ? Répondez ! venez ! venez !

Mais personne ne bougeait. Le capitaine Rooney retournait convulsivement son pistolet dans ses mains, en murmurant qu'il allait briser la première tête de pirate qui apparaîtrait. Je le suppliai de n'en rien faire ; une pareille tentative non seulement devait être de nul effet, mais encore pouvait servir à nous faire égorger tous. Il sentit si bien cela du reste qu'il mit son arme au repos en la cachant sous ses vêtements.

Nous n'attendîmes pas longtemps la venue de nos ennemis ; c'en était fait, nous allions être découverts... Je frissonne encore à ce souvenir ! ils levèrent la trappe et firent descendre après une corde, une lanterne allumée. Nous nous pressions les uns contre les autres pour nous dérober à ce jet de lumière qui nous gagnait peu à peu et devait révéler notre présence. C'était peine perdue ; des jambes passèrent bientôt, puis des corps tout entiers, et nous nous trouvâmes couchés en joue par une douzaine de pirates qui cherchaient avec des yeux de tigres dans la direction qui leur faisait face ; ils étaient armés jusqu'aux dents. Le capitaine le premier se détacha de notre groupe, et s'avança à leur rencontre.

Il leur présenta son revolver du côté de la crosse.

Les pirates levèrent tous à la fois les bras d'un air menaçant ; mais voyant qu'on ne leur opposait aucune résistance, ils se mirent à nous considérer avec une joie sauvage. Deux de ces bandits s'élancèrent hors de l'entrepont et firent signe avec des gestes brusques qu'il fallait les suivre. Plus morte que vive, j'étais restée blottie derrière un ballot ; je vis du coin de l'œil mes compagnons remonter un à un, je voulais m'avancer comme eux, mais j'étais foudroyée d'épouvante. Quand le dernier eut disparu, que je me vis sur le point d'être seule avec ces monstres, ces assassins, une frayeur plus forte que le courage s'empara de moi, je me raidis par un effort suprême, et je m'avançai à mon tour. Alors à ma robe, à ma coiffure, ils reconnurent que j'étais une femme, une exclamation de surprise éclata parmi eux, une joie horrible se peignit sur leur physionomie ; j'envisageai le lieu où j'étais comme une tombe béante : il me semblait déjà sentir les griffes de ces démons. À ce moment ce n'était plus du courage, de l'énergie, c'était du délire. Je m'élançai vers l'ouverture, et j'élevai les bras en l'air, en recommandant mon âme à Dieu. Au même instant, je me sentis saisir et entraîner, j'étais hors de l'entrepont.

*

Les pirates se sauvent !... les pirates se sauvent !

Nous avions obtenu de fermer toutes les portes ; mes compagnons reposèrent dans la pièce voisine de celle où j'étais. Je passai une nuit comme les damnés seuls doivent en avoir ; j'entendais les cris de ces hommes célébrant leur facile victoire, et les frayeurs de mon cerveau troublé ne me faisaient voir que poignards, incendies et scènes sanglantes. Voulant respirer un peu d'air, je me précipitai, toute haletante, vers une petite fenêtre qui donnait sur la mer, et j'apercevais à la clarté de la lune les forbans qui se partageaient le butin dans le plus grand tumulte. Ce spectacle était bien fait pour perpétuer mes affreuses visions.

Le jour vint. Il y avait à peine une heure que nos matelots étaient parmi les Chinois, lorsque nous entendîmes une rumeur qui n'était pas ordinaire. En effet, quelques-uns des nôtres vinrent à pas précipités, et nous dirent avec une vois troublée :

— Les pirates se sauvent !... les pirates se sauvent !

Une lueur d'espoir traversa en ce moment l'esprit de chacun de nous ; nous crûmes un instant que nous touchions au terme de nos épreuves, car l'effroi subit des pirates nous semblait ne devoir être causé que par l'approche d'un steamer ; mais nous fûmes trompés d'une manière bien douloureuse quand nous eûmes porté nos regards à l'horizon. Hélas ! ce que nous avions cru être notre délivrance n'était, au contraire, qu'un accroissement à nos maux. Il n'y avait plus à en douter ; au loin une nouvelle flottille de jonques se dirigeait à toutes voiles vers nous. Pendant l'espace d'un quart d'heure, où nous fûmes seuls sur notre navire, le bon Than-Sing nous expliqua que les petites jonques fuyaient devant les grandes, et que, s'il n'en était pas ainsi, les pirates se livreraient combat entre eux. Les nouveaux ennemis qui nous arrivaient étaient donc plus redoutables que les premiers. Qu'allaient-ils faire de nous ? Nous étions là, sans espoir, attendant le poignard, la hache ou le sabre qui devaient nous frapper peut-être ; nous comptions les minutes qui s'écoulaient, et mes yeux ne pouvaient se détacher de la vue des jonques qui rapprochaient nos bourreaux ; je sentais une pâleur livide me couvrir le visage ; ce n'était pas la peur de la mort elle-même qui me rendait faible en ce moment, mais celle des horreurs de toute nature dont je pouvais être la victime.

— Capitaine, dis-je, j'ai peur, oh ! bien peur ! Ne pourriez vous pas me faire changer de costume ? Voyez ma robe ! et ces monstres qui vont venir ! je voudrais être vêtue comme vous. Que faire ? Ayez pitié de moi.

Le capitaine Rooney me regarda avec compassion.

— Oui, vous avez raison, me dit-il, attendez.

Et il me présenta un double pantalon qu'il avait sur lui ; puis, il me donna une chemise et une jaquette en toile de Chine. Je rentrai dans une cabine où je me débarrassai de ma robe, seul vêtement qui me restât, et je m'habillai à la hâte ; un des matelots me donna sa casquette, sous laquelle je dissimulai le mieux que je pus ma chevelure. Une seule épingle à cheveux me restait encore, et des souliers dans lesquels mes pieds étaient nus.

À peine avais-je fini d'opérer cette transformation que des cris partant de toute part nous annoncèrent l'approche de nos nouveaux ennemis. Ils montaient à l'abordage. Pendant ce temps-là les autres jonques, plus petites que le nouvelles, fuyaient à leur approche, comme des sauterelles effarées qu'on aurait surprises dévastant un champ de blé ; nous nous réfugiâmes dans l'une des chambres de l'arrière. Le capitaine avait ordonné à ses hommes de se grouper de manière à me cacher aux premiers regards de l'ennemi ; lui-même me masquait de sa personne, et Than-Sing se tenait à mes côtés. Il y avait bien en ce moment une quarantaine de jonques autour du Caldera. Chacune portait de vingt à quarante hommes, et les plus grandes avaient dix ou douze canons.

Chaque jonque a un chef qui commande despotiquement à une troupe de ces forbans, enrôlés sous l'étendard du vol et de l'assassinat. Les pirates qui infestent les lointains parages de la Chine ont pullulé d'une telle sorte dans cet empire de quatre cent millions d'âmes qu'ils exercent impunément leurs actes de brigandage. Il arrive même souvent qu'ils se pillent et se tuent entre eux dans des combats à coups de canons, où la victoire reste avec le butin à ceux qui ont les jonques les mieux armées. Comment peut-il en être autrement dans ce pays, qui n'a pas la moindre marine organisée pour les détruire ? Nous étions réfugiés, ainsi que je l'ai déjà dit, dans une des chambres du fond ; comme une digue rompue, en un instant un torrent de ces barbares s'abattit sur notre navire. Les premières jonques n'ayant pu emporter qu'une faible partie du chargement, les nouveaux pirates faisaient encore une bonne prise avec ce qui restait de marchandises ; ils s'occupèrent donc à piller la cargaison sans paraître prendre garde à nous. L'appât du butin semblait seul captiver leur attention. Celles de leurs jonques qui étaient suffisamment chargées se détachaient des autres, et faisaient voile vers les côtes pour transporter leur prise dans des villages qui leur servaient de repaire. Tous ces misérables semblaient également animés du même esprit de destruction. Ainsi, dans le but d'emporter le plus de choses qu'ils pouvaient, ils brisaient tout avec une rage insensée ; ils démolissaient à coups de hache les parois des cabines ; dans la dunette, les parois volaient en éclats ; le cuivre, le fer et le plomb étaient arrachés des panneaux et des portes enfoncées. Ils étaient parvenus à enlever le divan en velours vert qui avait été épargné jusqu'alors, à cause de sa grandeur ; les planchers étaient jonchés de débris de thé, de café, de sucre, mêlés à des morceaux de biscuit, etc. L'indifférence qu'ils nous témoignèrent tout d'abord, ne dura pas longtemps. Il nous fallait à tout moment montrer la doublure de nos poches pour leur prouver que nous ne leur dérobions rien ; la foule de ces monstres fut un instant tellement compacte en se ruant sur nous, qu'ils faillirent nous étouffer. La seule robe qui me restait lors de leur arrivée, et que j'avais essayé de cacher, me fut enlevée comme tout le reste. Than-Sing ayant quitté un instant ses souliers, ils lui furent dérobés en un clin d'œil, ce qui chagrina fort le pauvre homme ; ces chaussures étaient confectionnées à la mode de son pays. Un matelot parvint tant bien que mal, un peu plus tard, à lui en arranger une paire avec des morceaux de cuir qu'il découvrit dans des débris de toutes sortes.

Notre position au milieu de ces hommes dénaturés était horrible ; aussi l'égarement se peignait-il sur nos physionomies. Mon costume n'avait pu les tromper ; ma figure, sur laquelle la douleur était empreinte d'une manière si profonde, leur divulgua sans doute mon sexe, car ils me considéraient avec une curiosité avide.

Plusieurs d'entre eux nous demandèrent d'un air railleur si nous pensions toujours aller à Hong-Kong ; comme nous restions silencieux et abattus, ils se mettaient alors à rire avec des éclats bruyants.

Quelques-uns, aux regards cruels et féroces, s'approchaient de nos matelots et faisaient le simulacre de leur couper la tête. Mourante de frayeur, je me faisais aussi petite que possible en me blottissant au plus épais de mes compagnons. À quoi tenait notre existence au milieu de ces êtres sans pitié et sans loi ? Qui sait ce qui serait arrivé à la première goutte de sang, ne fût-elle tombée que d'une égratignure ?

*

La proie de ces monstres

Lorsque je m'éveillai, le jour commençait à poindre ; j'avais dormi quelques heures, et ce court sommeil avait momentanément effacé le souvenir de mes souffrances. Mais je fus bientôt rappelée à l'affreuse réalité ; à peine avais-je les yeux ouverts, que j'aperçus, à quelques pas de moi, plusieurs de ces hideux Chinois armés de sabres et de pistolets. Than-Sing discutait au milieu d'eux : il paraissait dans la plus vive agitation. Il y en avait un qui commandait les autres, car il me désignait du doigt. Je considérais cette scène avec stupeur, mais sans tressaillement de crainte, de longs jours de jeûne et de si poignantes émotions commençaient à me faire perdre le sens de ce qui se passait autour de moi. Than-Sing interpella le capitaine Rooney, en lui disant :

— Le chef que voici veut vous prendre, ainsi que la dame française et moi, pour nous emmener à Macao ; là, il espère tirer de nous une bonne rançon.

Ce dernier, comprenant que cette demande du chef des pirates équivalait à un ordre, ne répondit que par un signe d'acquiescement, Aussitôt je fus saisie, secouée, entraînée sur le pont. Je n'essayai même pas de me défendre contre cet enlèvement subit, parce que, je le répète, ma raison, cette fois, se trouvait comme ébranlée. Than-Sing dut obéir le premier ; une mauvaise échelle qui faillit se rompre au milieu servit à nous descendre. Arrivée sur la jonque, je levai la tête sur le Caldera pour voir si notre capitaine nous suivait ; mais je restai foudroyée d'étonnement ; les pirates, après s'être laissé glisser vivement à leur tour, par une manœuvre habile, poussèrent au large sans prendre le capitaine Rooney. Ce qui se passa dans mon être, en présence de ce coup inattendu, est inexprimable à dépeindre. À mon départ, j'avais été recommandée aux soins de ce courageux marin ; dans le malheur qui nous accablait, il avait veillé sur moi avec une touchante sollicitude. Lorsque je me vis séparée de mon unique protecteur, que je me vis seule au pouvoir d'hommes barbares, d'assassins redoutés pour leurs cruautés, je ne comprends pas, à l'heure qu'il est, comment je ne succombai pas à tant d'épreuves ; ne devais-je pas me croire perdue, entièrement perdue ? Je levai les bras vers mes compagnons d'infortunes, en signe d'adieu éternel, et je pus voir encore le capitaine Rooney. Penché sur le bord, il nous suivait du regard ; sa consternation, ou plutôt son désespoir paraissait grand, car il s'écriait avec des gestes désespérés : Emmenez-moi ! prenez-moi aussi ! Et tout à coup, comme s'il comprenait l'inutilité de ses efforts, il se cacha le visage dans les deux mains ; il pleurait peut-être ?... Je lui fus toujours reconnaissante de cet élan de pitié.

Il est peu de peuples, je crois, où la lâcheté, la fausseté, la cupidité, la cruauté soient plus dominantes que chez les Chinois : les sauvages, sous ces différents points, ont leur excuse, eux ; car, s'ils se rapprochent de la bête par leurs instincts, c'est que Dieu a voulu qu'ils fussent marqués du sceau de l'ignorance. Tandis que la Chine, entachée comme elle l'est dans ses mœurs perverses et vicieuses, a possédé au plus haut degré la civilisation ; elle a porté la lumière quand nous étions encore dans les ténèbres. Cette décadence m'autorise à faire ici quelques remarques judicieuses sur leur caractère.

Le Chinois, vil par nature, parle très haut et très fort quand il sait qu'il est soutenu. Dans un moment difficile, il n'attaquera jamais son adversaire en face, parce que la bravoure est un vain mot pour lui, et qu'il ne sait pas ce que c'est que d'affronter un véritable danger. Ce qu'il aime, avant tout, c'est un meurtre, une torture isolée, dont il peut se repaître ; une preuve à l'appui, c'est le plaisir qu'ont les Chinois en général à tourmenter les animaux. On sait, en outre, qu'ils ont droit de vie et de mort sur leurs enfants. Les nouveau-nés, soit parce qu'ils sont malingres ou chétifs, sont souvent étouffés, ou jetés à l'eau, ou, ce qu'il y a de plus affreux encore, égorgés et laissés à l'abandon sur un fumier où ils pourrissent. On rencontre les pauvres créatures dans une rue, sur une place, au milieu d'un champ, quelquefois à moitié rongées par la voracité des chiens, des chats, des corbeaux, des porcs, lesquels sont toujours à l'affût d'une telle proie. C'est surtout les filles que l'on sacrifie ainsi ; les garçons à leur entrée dans le monde sont au contraire salués d'une bienvenue ; car le devoir d'un fils est de donner aide et protection à son père lorsqu'il devient caduc.

Ceci a un côté moral qui ne manquerait certainement pas d'éloges, si les mœurs et coutumes des Chinois sur leurs enfants en général pouvaient être compensées.

Désormais la proie de ces monstres, et connaissant à fond leur barbarie, ne devais-je pas me considérer entièrement perdue ?

*

On cloue le panneau qui nous recouvre

Il y avait tout au plus une demi-heure que nous étions là, lorsqu'un bruit sourd retentit au-dessus de nous ; Than-Sing et moi nous nous regardâmes avec quelque surprise, ce bruit devenait plus distinct, on semblait clouer le panneau qui nous recouvrait ; une pâleur livide me couvrit le visage. Sans nous dire un mot, la même pensée nous était venue à tous deux : c'était notre tombeau que les pirates fermaient en ce moment ! Ils nous avaient pris pour nous laisser mourir lentement par le manque d'air, d'eau et de vivres. Un frisson mortel me parcourut tout le corps. Il doit en être ainsi, me disais-je, lorsqu'on est cloué vivant dans un cercueil. J'étendis les bras et j'essayai de soulever de mes faibles mains ce panneau qui pesait sur nos têtes ; mes efforts restèrent impuissants. Oh ! alors, j'eus un véritable désespoir. Cette idée, qu'il me faudrait endurer les tortures d'une horrible agonie et voir celle de mon compagnon, ébranlait ma raison. Je voulais me briser la tête contre les parois de mon cachot ; je voulais me débarrasser de cette vie maudite : la folie commençait à s'emparer de mon cerveau brûlant. En ce moment, deux mains pressèrent les miennes, c'étaient celles de Than-Sing ; le malheureux me regardait avec des yeux baignés de larmes. Il m'exhortait, avec de douces paroles, au calme, à la résignation ; je voyais sur son visage, des pleurs couler lentement. Moi aussi je pleurais en songeant que j'étais au pouvoir de ce peuple cruel qui exècre tout ce qui n'est pas lui. Nous passâmes ainsi deux heures ; au bout de ce temps, le panneau qui fermait notre cellule fut enlevé comme par enchantement. Le grand jour nous frappa au visage, nous étions inondés des rayons du soleil. Après les tortures morales que je venais d'éprouver, je compris que c'était une épreuve à laquelle ces êtres dénaturés nous avaient soumis. Ils jouissaient, en ce moment, du mal qu'ils supposaient nous avoir fait ; ils passaient leur visage par l'ouverture et riaient méchamment en nous regardant. Comme ils allaient refermer encore le panneau, Than-Sing les supplia de le laisser entrouvert pour renouveler l'air ; ils y consentirent et l'écartèrent de trois pouces, ce qui nous donna en même temps un peu de jour...

J'avais de longues heures pour penser à moi-même.

Quelles n'étaient pas mes craintes en songeant que j'allais fermer les yeux au milieu de ces hommes sans foi ni loi ! Je me sentais heureuse d'avoir un compagnon d'infortune auquel son âge prêtait, dans ces heures d'affliction, un caractère tout paternel.

Quoique Than-Sing fût Chinois, j'avais pris confiance en lui, car sa constance était inébranlable ; il cherchait à soutenir ma misère par des paroles de consolation. C'était pour moi un réel protecteur : « Tant qu'il sera à mes côtés, me disais-je, il éloignera peut-être les lâches tentatives de ces hommes sanguinaires ; il saura, par sa persuasion, déjouer leurs mauvaises intentions. Et puis, pensai-je, si je suis délaissée de Dieu, je saurai bien trouver une nuit pour me jeter à la mer. »

Telles étaient mes noires réflexions, lorsqu'on nous apporta de la lumière, c'est-à-dire une petite mèche enflammée dans un récipient rempli d'huile. Malgré la faible clarté qu'elle répandait, elle me permit d'inspecter les extrémités de ce petit caveau. J'avais à peine jeté les yeux autour de moi que je poussai un cri ; je rentrai mes jambes, mes épaules, je me pelotonnai enfin pour ne pas toucher les planches qui nous entouraient. Je voyais courir, le long des parois, de grosses araignées velues à longues pattes, d'énormes cancrolats, des cloportes monstrueux avec de grandes cornes, et jusqu'à des rats qui s'enfuyaient dans les coins en glissant sur mes jambes. Ces barbares, voyant ma répulsion, ma douleur, étaient dans la plus grande joie ; ils se plaisaient à nous montrer, en les désignant du doigt, toutes ces bêtes immondes. Than-Sing, voyant ma répugnance, voulut éteindre la lumière, mais je l'en empêchai ; j'aimais mieux voir ces animaux hideux, afin de pouvoir les repousser, plutôt que d'en sentir le contact au milieu d'une nuit profonde. Il me restait un mouchoir ; je m'enveloppai la tête et cachai mes mains sous mes vêtements en me tenant immobile...

Des pirates vinrent, comme le jour précédent, se pencher au-dessus de notre cellule pour nous considérer à leur aise. Ils se montraient les uns aux autres nos tristes personnes, et, par moment, il s'élevait de leur groupe de grands éclats de rire ; un de ces misérables se pencha plus que les autres, et, nous regardant en riant d'un air sardonique, il désigna la place du marchand chinois et la mienne, en simulant, avec les bras, les gestes de deux personnes qui s'embrassent. À cette lâche insulte, un mal poignant me saisit au cœur ; l'idée d'un danger honteux m'apparut et me fit monter le rouge au visage. Je laissai couler mes larmes en abondance ; mon chagrin était profond : à quoi n'étais-je pas exposée !

*

Sauvés !

Le lendemain devait être un jour marqué par la Providence ; c'était le 18. il pouvait être quatre heures du matin, lorsque mon compagnon et moi nous fûmes tirés de notre sommeil par un bruit de voix et de pas précipités. L'ancre avait été jetée, nous ne marchions plus ; en outre, on avait hermétiquement fermé notre panneau. Je cherchai à m'expliquer la cause de l'activité qui régnait à une heure si matinale, et plus j'écoutais, plus il me semblait qu'il se passait quelque chose d'extraordinaire.

Après avoir tourmenté quelques instants mon esprit, j'essayai de me rendormir, mais l'inquiétude était plus forte que le sommeil. Je me tournai vers Than-Sing, il avait les yeux ouverts, je le priai alors de me dire ce qui se passait sur le pont. Il se tenait l'oreille tendue ; il mit un doigt sur sa bouche comme pour me dire : silence ! Je ne comprenais pas très bien. Comme je m'apprêtais à lui faire de nouvelles questions, il me fit encore signe de me taire, en me disant bien bas :

— Ils s'en vont !

Puis il écoutait de nouveau.

Je ne comprenais absolument rien à ce disait ce pauvre homme, quand tout à coup il s'écria, avec un sentiment qui exprimait la joie et la peur en même temps :

— Ils s'en vont, vous dis-je, c'est un steamer !

— Un steamer ?, répétai-je d'un air stupide.

Je crus un moment que mon compagnon devenait fou, et je le regardai, avec une véritable peur, mais, me calmant aussitôt je me contentai de hausser les épaules avec pitié. Je lui en voulais de réveiller en moi une espérance depuis longtemps abandonnée, parce qu'elle me semblait irréalisable ; aussi je lui tournai le dos avec humeur. « Un steamer ! » me disais-je en moi-même. Mais, à peine avais-je eu le temps de faire quelques réflexions, qu'il me toucha l'épaule, et qu'il me dit encore :

— C'est un steamer ! les pirates ont vu un steamer, ils se sauvent dans la montagne !

Je le regardai cette fois en face. Mes idées commençaient à s'embrouiller. Il m'était impossible de donner un sens à tout ce que je lui entendais dire.

— Vous vous trompez, lui dis-je ; si nos ennemis étaient poursuivis, est-ce qu'ils perdraient leur temps à rester à l'ancre ?

Pour toute réponse, il colla son visage à la petite lucarne près du gouvernail, et je l'entendis qui répétait :

— Oui, oui, c'est un steamer ; regardez plutôt.

Cette fois, le cœur commença à me battre avec violence ; je m'approchai, à mon tour, de la lucarne, et je distinguai, en effet, un navire qui pouvait se trouver à environ deux milles au large. Je me sers du mot navire, parce que je ne lui voyais laisser aucune trace de fumée derrière lui. Ma joie se calma même aussitôt, et le doute me revint à l'esprit. Je me dis, alors, que c'était tout simplement un navire voguant vers Hong-Kong, Canton ou Macao. « Qui pense à venir nous secourir ? me disais-je. Qui pourra nous découvrir à bord de cette jonque, ressemblant à tant d'autres qui sillonnent ces parages ? » Cependant, quelques efforts que je fisse pour contraindre mon agitation, je ne pouvais détacher mes yeux de la lucarne.

À ce moment, Than-Sing dit encore entre ses lèvres :

— Ils s'en vont ! ils s'en vont !

Mais j'étais d'une incrédulité désespérante. Il est difficile de revenir à la vie lorsqu'on a été si longtemps à l'agonie.

— Et pourquoi s'en iraient-ils ? lui disais-je.

— À cause du steamer, me répondait-il.

— Mais je vous dis que cela n'en est pas un.

— Si, je vous assure que je ne vous trompe pas.

— D'abord, il n'y a pas de fumée ; vous voyez bien que c'est un navire.

— Cela ne fait rien ; les pirates s'en vont. Écoutez.

Le silence se faisait en effet autour de nous, car l'on n'entendait plus que par intervalle, un murmure de voix qui allait toujours s'éloignant. Pourtant, les pas d'un homme se faisaient encore entendre. J'élevai les bras en l'air pour soulever le panneau ; je voulais voir ; mais Than-Sing me retint, jugeant plus prudent, en cette circonstance, de nous faire oublier. Au même instant, le panneau fut ouvert avec précipitation, et une figure aux traits bouleversés apparut à nos yeux. C'était le cuisinier du bord, que l'alerte répandue parmi l'équipage forçait d'abandonner ses utiles fonctions. Il parla en gesticulant, et avec une volubilité de paroles que l'émotion entrecoupait. Il disait à Than-Sing (je l'ai su depuis) :

— N'ayez pas peur... vous allez être sauvés... c'est un steamer...

Il était resté le dernier ; mais le sentiment de la conservation l'emporta sur le désir qu'il pouvait éprouver de converser plus longtemps avec nous, il s'enfuit au plus vite pour rejoindre les autres. Je poussai alors une exclamation de joie impossible à rendre ; plus prompte que la pensée, je m'élançai sur le pont. Il était bien vrai, nous étions seuls sur la jonque, laquelle se trouvait engravée dans le sable. Le but des pirates, en s'arrêtant en cet endroit, avait été de faire une provision d'eau douce, lorsqu'aux premières lueurs du jour, un steamer, masqué jusque-là par une pointe de terre, leur apparut. Ce steamer avait jeté l'ancre et déjà il envoyait des embarcations pour reconnaître la côte.

C'est alors qu'effrayés du danger qui les menaçait, et ne pouvant démarrer, les pirates avaient préféré fuir en abandonnant leur jonque. Ils avaient gagné la terre en entrant dans l'eau jusqu'à mi-jambes ; nous les apercevions encore très distinctement grimper en toute hâte le long du versant de la montagne. Ils traînaient avec eux ce qu'ils avaient pu emporter de leurs rapines ; les uns étaient chargés à dos, les autres portaient des fardeaux sur la tête ou sur les bras.

J'étais dans un saisissement qui ne peut se dépeindre. En les voyant ainsi disparaître, mes yeux se tournaient alternativement vers nos ennemis qui fuyaient et vers le steamer qui nous apportait sans doute la délivrance. Je joignais les mains en les serrant avec ivresse, mon cœur se dilatait, je jetais dans l'air des exclamations bruyantes, je prononçais des paroles incohérentes ; enfin, je regardais dans la montagne, je regardais le steamer ; j'aurais voulu, comme dans un conte de fées, m'y trouver transportée. Cependant, aucune embarcation ne se détachait pour venir à notre rencontre ; mes pieds ne tenaient plus en place. Je jetai la vue vers la pointe de terre près de laquelle le steamer semblait rapproché, et je dis à Than-Sing :

— Allons là-bas, ils nous apercevront peut-être ; il n'y a qu'un peu d'eau à traverser, nous ferons comme les pirates ; venez ! venez !

Je ne voyais que la distance, je ne mesurais pas la difficulté. Mais Than-Sing me répondit :

— Non, c'est inutile, ils vont venir.

— Ils vont venir !, disais-je.

Puis j'attendis une minute, et, cette minute passée, je répétais les paroles que j'avais dites un instant avant, et Than-Sing me répondait avec son flegme habituel :

— Ils vont venir, calmez-vous, ils vont venir.

Ce sang-froid m'exaspérait ; je ne comprenais pas qu'il nous fit perdre un temps précieux, en n'allant pas au-devant du secours que le ciel nous envoyait. Je tentai une dernière fois de le persuader.

— Écoutez, lui dis-je, prenons le petit canot ; il me semble qu'avant une heure d'ici, nous pourrions aborder le steamer. Songez donc, si les pirates allaient revenir nous faire prisonniers, ce serait la mort cette fois ! Venez. Voulez-vous Je vous en supplie !

Et je regardais le steamer avec avidité.

— Non, me répondait-il toujours avec le même calme, c'est un steamer ; attendons ; je vous dis qu'ils vont venir.

J'étais désespérée ; c'était la première fois qu'il s'élevait un débat entre nous deux. Si j'avais su nager, je crois que j'aurais eu le courage de me jeter à la mer pour tenter de me sauver. Je regardais le petit canot avec envie. Mon salut ne me paraissait véritablement assuré que lorsque je ne foulerais plus ce plancher de malheur. Je me dirigeai vers l'arrière de la jonque, où il était amarré, et je l'examinai comme mon unique ressource ; je ne tremblais pas à l'idée de me voir seule au milieu des flots, je me demandais simplement si je serais assez forte pour le conduire ; je me sentais le courage du désespoir, surtout lorsque je portais mes regards vers la montagne, sur le versant de laquelle quelques pirates apparaissaient encore.

Tout à coup, Than-Sing me saisit le bras en m'arrêtant dans ma pantomime désespérée :

— Tenez, regardez, regardez là-bas ! me dit-il ; voyez-vous trois canots ?

Je tournai les yeux dans la direction qu'il m'indiquait, et je vis, en effet, trois canots, lesquels après avoir fait un circuit, semblaient se diriger vers nous. Je suivais avec anxiété leur marche progressive, une idée subite me vint. Je me dépouillai de mon premier vêtement, et je l'attachai en toute hâte au bout d'un long bambou pour attirer l'attention de l'équipage du steamer. Je me disais au milieu de mes transports de joie : « Nos yeux nous trompent peut-être : ces canots qui paraissent venir à nous ne peuvent-ils pas tout à coup changer de route ? » Alors, courant à l'arrière de la jonque, qui était le point le plus en vue, je me mis à agiter avec frénésie mon signal improvisé, puis je le fixai bien vite entre deux planches. Quelle émotion ! mon cœur battait avec tant de violence, qu'en quelques instants j'avais épuisé mes forces. Il n'y avait plus à en douter, on venait pour nous sauver.

Fanny LOVIOT. LES PIRATES CHINOIS
Extraits de presse. Fannt Loviot : Les pirates chinois Ma captivité dans les mers de la Chine.  Éditions Bourdilliat, Paris, 1860, chapitre IV et suivants.
Extrait de presse : La Presse, 20 décembre 1854

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