Armand David (1826-1900) et Émile Oustalet (1844-1905)

Biographie d'Armand David

LES OISEAUX DE LA CHINE. L'ATLAS.

Dessins et lithographies par M. Arnoul.
G. Masson, éditeur, Paris, 1877. 124 planches.

 

  • A propos du Catalogue des "Oiseaux de la Chine" : "L'ouvrage que nous offrons au public n'est pas une Ornithologie complète de la Chine ; c'est plutôt un catalogue des oiseaux qui ont été signalés jusqu'à ce jour dans le Céleste-Empire. Nous ne nous sommes pas bornés à une nomenclature aride, et nous avons donné de la plupart des espèces une description détaillée, accompagnée de renseignements sur les mœurs et la distribution géographique et d'une synonymie assez étendue".
  • "La tâche se trouvait tout naturellement partagée, car l'un de nous était seul à même de faire connaître les animaux qu'il avait pu étudier à l'état de nature et dont la description constitue la partie essentielle de cet ouvrage, son collaborateur s'étant occupé des recherches bibliographiques, de l'examen de quelques types conservés dans les galeries du Musée de Paris et de leur comparaison avec les oiseaux de l'Inde et de la Cochinchine."
  • "Les planches, au nombre de 124, ont été dessinées et lithographiées par M. Arnoul et représentent non seulement la plupart des espèces récemment découvertes, mais encore quelques types caractéristiques de la faune chinoise."

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Le Rhopophilus pekinensis

Rhopophilus pekinensis
Le Rhopophilus pekinensis

Dimensions. Long. totale, 0,19m (♂) ; queue, 0,085m à 0,09m, avec les rectrices médianes dépassant les latérales de 0,02m ; aile ouverte, 0,08m ; fermée, 0,06m, avec la cinquième rémige dépassant toutes les autres ; tarse, 0,02m ; doigt postérieur, 0,015m, l'ongle seul mesurant 0,007m ; bec, 0,011m, muni de quelques soies roides à la base.

Couleurs. Iris d'un jaune clair, presque blanc ; bec brun, avec la mandibule inférieure jaunâtre ; pattes rousses ; ongles d'un brun grisâtre. — Parties supérieures d'un gris terreux, avec de longues taches noires occupant le centre des plumes ; gorge blanche, avec les plumes terminées par des soies noires ; poitrine et milieu du ventre blancs ; flancs marqués de longues taches d'un roux ferrugineux ; sous-caudales nuancées de gris, de roux et de brun ; sourcils d'un gris violacé soyeux ; plumes des oreilles et des lores d'un gris brun, à reflets soyeux ; plumes des côtés du cou cendrées et marquées de roux au centre ; une moustache noire longue et étroite ; queue brune, avec les deux rectrices médianes teintées de gris noirâtre le long du rachis, et les trois rectrices latérales de chaque côté terminées par un liséré d'un gris blanchâtre ; rémiges d'un brun clair, lisérées de grisâtre sur le bord externe.

C'est sur les montagnes voisines de Pékin que j'ai rencontré pour la première fois cette jolie espèce, dont M. Swinhoe a publié la description d'après un spécimen que je lui avais envoyé, sous le nom de Drymœca pekinensis. Depuis lors je l'ai retrouvée sur le versant septentrional du Tsinling, dans le Chensi ; elle est sédentaire, mais peu répandue dans cette région, et vit en petites troupes dans les plaines, dans les forêts, ou parmi les buissons rabougris qui croissent sur les montagnes les plus sauvages. Ces oiseaux sont extrêmement farouches, et à l'approche de l'homme l'un d'eux ne manque jamais de pousser un cri d'alarme qui met en fuite toute la bande. Leur vol étant bas et peu soutenu, ils ne font que passer d'un buisson à l'autre, ou courent sur le sol avec agilité ; leur chant, sonore et varié, est fort original et très agréable à entendre. Ils se nourrissent d'insectes et de petites graines, et font leur nid dans les broussailles, à la manière des fauvettes : ils y déposent de cinq à six œufs, d'une teinte bleuâtre, ornés au gros bout de taches roussâtres, disposées en couronne. Les Pékinois nomment cette espèce aux couleurs tendres Tseu-hoa-mey (violet-fleur-sourcil) ; M. Verreaux a proposé de l'appeler Amytis pekinensis, et plus tard les savants naturalistes italiens Giglioli et comte Salvadori ont créé pour elle le genre Rhopophilus, qui a été universellement adopté et dont le nom, fort heureusement choisi, signifie oiseau ami des buissons. D'après M. Przewalski, le Rhopophilus pekinensis est sédentaire sur toutes les montagnes de la Mongolie où croissent des arbres et des buissons ; il se rencontre également dans l'Ala-chan, mais il est remplacé dans le Tsaidam par une race de taille plus forte.

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Le Babax lanceolatus

Babax lanceolatus
Le Babax lanceolatus

Dimensions. Long. totale, 0,25m ; queue, 0,115m, étagée, les rectrices centrales dépassant les autres de 0,04m ; aile, 0,095m ; tarse, 0,036m ; bec, 0,031m à partir du front.

Couleurs. Iris jaune pâle ; bec brun ; pattes et ongles gris. — Plumes du vertex d'un brun roux ; plumes de la partie supérieure du cou et du dos d'un brun frangé de gris cendré ; lores, tour des yeux et plumes auriculaires d'un blanc soyeux ou jaunâtre, mélangé de brun roux ; une large moustache d'un brun roussâtre partant de la base de la mandibule inférieure e. se prolongeant sur les côtés du cou sous la forme de taches éparses ; gorge, poitrine et milieu du ventre d'un blanc roussâtre ; flancs marqués de longues taches brunes et rousses en forme de fer de lance ; sous-caudales et plumes tibiales d'un gris terreux lavé de brunâtre ; queue d'une teinte olive ; dessus des ailes d'un brun olive nuancé de gris cendré, avec une raie longitudinale foncée vers le milieu. — Les couleurs du plumage ne varient pas sensiblement suivant l'âge ou le sexe.

Cette espèce se trouve exclusivement sur les plus hautes montagnes boisées de Moupin, du Setchuan occidental et du Chensi méridional ; dans cette dernière province elle est assez rare, tandis qu'elle est fort commune à Moupin. Elle se tient sur la lisière des bois, en troupes plus ou moins nombreuses, et cherche sa nourriture plutôt sur le sol que sur les arbres. En toutes saisons, cet oiseau se montre très loquace et fait entendre à tous propos ses notes étranges, qui tantôt sont très douces et tantôt semblent exprimer la colère. Le nouveau nom générique que nous proposons pour cette espèce, Babax, synonyme de Garrulax, fait allusion à ce babil intarissable.

Le Babax lanceolatus n'émigré pas. Son nid, construit avec des herbes, est placé au milieu des broussailles et a la forme de celui du Merle ; les œufs, au nombre de cinq ou six, sont d'un bleu verdâtre.

Comme l'a fait observer avec raison feu J. Verreaux, en décrivant les premiers spécimens que j'avais envoyés au Muséum d'histoire naturelle, cette espèce paraît tenir à la fois des Pterorhinus et des Ianthocincla, mais en réalité elle mérite de constituer un genre particulier à aussi juste titre que les Trochalopteron, les Cinclosoma et autres types séparés des Garrulax.

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Le Cinclosoma Arthemisiæ

Cinclosoma Arthemisiæ
Le Cinclosoma Arthemisiæ

Dimensions. Long. totale, 0,36m ; queue, 0,16m, arrondie ; aile, 0,135m ; torse, 0,048m ; bec, 0,025m, droit dans tous les âges.

Couleurs. Iris jaune ; bec d'un brun noir, avec la base de la mandibule inférieure d'un gris verdâtre ; pattes d'un roux blanchâtre. Sommet de la tête, nuque, couvertures des oreilles, milieu des joues, devant du cou et un cercle étroit autour des yeux d'un noir profond ; région oculaire, lores, plumes recouvrant la base du bec sur les côtés, et menton d'un roux mêlé de gris ; un sourcil de la même teinte prolongé en arrière par une raie grisâtre ; un demi-croissant d'un blanc jaunâtre derrière l'oreille ; côtés du cou nuancés de roux ferrugineux ; partie supérieure du cou et dos d'une teinte olive, avec une barre noire et une tache terminale jaunâtre sur chaque plume ; reste des parties supérieures d'une teinte olive nuancée de marron, passant au roux en arrière, chaque plume étant marquée d'une large bande noire suivie d'une tache en losange d'un blanc jaunâtre. Parties inférieures d'un gris lavé de jaune d'ocre, avec des barres noires bien marquées sur la poitrine et sur les côtés du cou, moins nettes sur les flancs ; rectrices des deux paires centrales d'une belle teinte olive marron, avec une tache subterminale noire et l'extrémité blanche ; rectrices latérales ornées de taches noires et blanches de plus en plus grandes, les taches noires étant séparées de la teinte olive du reste de la plume par une petite bande centrée ; rémiges noires, lisérées de cendré bleuâtre sur la moitié de la longueur de leurs barbes externes : pennes secondaires et tertiaires d'un roux marron en dessus, offrant, comme les rémiges et les couvertures des ailes, une double tache, noire et blanche à l'extrémité.

Je n'ai rencontré et pris cette espèce que dans le Setchuan septentrional et sur les frontières de cette province et du Kokonoor ; elle est sédentaire, mais peu répandue dans cette région, et vit, comme ses congénères, dans les forêts les plus touffues. Elle a les mêmes habitudes, le même régime et presque la même voix que l'espèce précédente.

Par ses caractères généraux et les teintes de son plumage, le Cinclosoma Arthemisiæ ressemble beaucoup moins au C. maximum qu'au C. ocellatum ; il est toutefois bien distinct de cette dernière espèce, ainsi que nous avons pu nous en assurer on comparant à nos C. Arthemisiæ des spécimens de C. ocellatum recueillis jadis dans l'Himalaya par le major Hodgson et faisant partie de la collection du Muséum d'histoire naturelle. Dans les C. Arthemisiæ en effet, le bec est toujours noir, et non pas corné, les taches terminales des plumes du dos sont jaunâtres, et non pas blanches comme dans les C. lunulatum et C. maximum, la teinte noire de la tête qui descend sur la gorge, à travers les joues, est à la fois plus marquée et plus étendue, etc.

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Le Ianthocincla Berthemyi

Ianthocincla Berthemyi
Le Ianthocincla Berthemyi

Dimensions. Long. totale, 0,265m ; queue, 0, 120m ; aile, 0,115m ; tarse, 0,42m ; bec, 0,23m à partir du front.

Couleurs. Iris noirâtre ; bec noir, avec la pointe tachée de jaune ; pattes vertes. — Plumage semblable en général à celui du Ianthocincla pœcilorhyncha, mais offrant des nuances plus claires et distribuées d'une manière un peu différente. Tête, cou, menton et partie supérieure de la poitrine d'une nuance moins foncée et beaucoup plus dorée que dans l'espèce de Formose ; teinte grise de l'abdomen commençant beaucoup plus haut et étant plus pure, à peine nuancée de verdâtre ; pennes caudales, à l'exception des quatre médianes, ornées à l'extrémité d'une tache distincte, blanche et non pas fauve comme dans le Ianthocincla pœcilorhyncha, et présentant en outre sur leur face externe une teinte grisâtre ; partie inférieure du front et région comprise entre l'œil et la base du bec d'un noir profond, et non d'un noir pourpré, cette tache noire dessinant une sorte de masque et se prolongeant un peu au-dessous et en arrière de l'œil.

En comparant notre spécimen tué sur les montagnes boisées du Fokien occidental avec deux individus de M. Swinhoe tués à Formose et acquis de M. Verreaux, nous nous sommes convaincus que nous avions affaire à une espèce distincte, différant du Ianthocincla pœcilorhyncha par quelques détails de coloration aussi bien que par les proportions des diverses parties du corps ; et nous avons proposé de nommer cette espèce nouvelle Ianthocincla Berthemyi, en l'honneur de M. Berthemy, jadis ministre plénipotentiaire de France à Pékin, amateur d'ornithologie.

Le Ianthocincla Berthemyi ne paraît pas fort répandu dans le Fokien ; il vit en petites bandes dans les taillis et les buissons, et cherche d'ordinaire sur le sol sa nourriture qui consiste principalement en insectes. Sa voix est assez désagréable et, comme la plupart des Garrulacidés, il pousse, à la vue d'un ennemi, des cris discordants et interminables.

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Le Paradoxornis guttaticollis

Paradoxornis guttaticollis
Le Paradoxornis guttaticollis

Dimensions. Long. totale, 0,20m ; queue, 0,103m, fortement étagée ; aile, 0,095m ; tarse, 0,03m ; bec, comprimé latéralement et fortement sinueux, 0,015m à partir du front ; hauteur du bec, 0,015m.

Couleurs. Iris d'un châtain roux ; bec jaune ; pattes verdâtres ; ongles d'un gris verdâtre. — Dessus de la tête et de cou d'un roux vif, tournant au fauve ; dos et dessus des ailes et de la queue d'un brun olive nuancé de roux ; une grande tache noire sur la région parotique ; espace situé au-dessous de l'œil, dans le voisinage du bec et de la gorge, d'une teinte blanchâtre piquetée de noir ; partie supérieure du menton presque noire ; reste des parties inférieures d'un blanc lavé de roux, principalement sur la poitrine où l'on remarque quelques taches noires formant une sorte de bande pectorale. La description ci-dessus est prise sur plusieurs sujets tues dans les quatre saisons de l'année. — Le plumage de la femelle est semblable à celui du mâle.

Cette espèce nouvelle que j'ai découverte dans le Setchuan occidental se rapproche du singulier P. flavirostris de l'Himalaya, avec lequel elle a été primitivement confondue ; mais elle en diffère par la teinte plutôt blanchâtre que rousse de ses parties inférieures, et par les taches de sa poitrine qui sont distinctes en toutes saisons, et ne forment jamais une bande continue comme dans l'espèce himalayenne. Tout récemment le même oiseau a été retrouvé par M. le major H.-H. Godwin-Austen d'abord à Kuchai, sur les monts Naga, à une altitude de 6.000 pieds, puis à Shillong, sur les monts Khasi, et figuré par M. Gould, dans ses Oiseaux d'Asie, sous le nom de Paradoxornis Austeni.

Le Paradoxornis guttaticollis, que les Chinois nomment Lao-chanze, vit en couples ou en petites bandes dans les bois montueux, à une altitude généralement plus faible que les espèces des genres voisins. Il se nourrit d'insectes arboricoles, de bourgeons et de petites graines, qu'il va chercher dans le fourré, se suspendant et se cramponnant aux branches à la manière de nos mésanges. Il ne fait entendre qu'un petit cri de rappel, grêle et strident.

De même que les Conostoma et les Heteromorpha, les Paradoxornis sont d'un naturel éminemment sociable et montrent le plus grand attachement les uns pour les autres : quand un des leurs est blessé, ils s'efforcent de le secourir et de le protéger et ne se décident à l'abandonner qu'à la dernière extrémité.

Par leur système de coloration, leurs formes, les proportions de leur corps, leurs mœurs et leur voix, tous ces genres d'insectivores à gros bec se rattachent intimement aux Suthora et forment certainement avec ceux-ci une famille naturelle.

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Le Lanius schah

Lanius schah
Le Lanius schah

Dimensions. Long. totale, 0,28m ; queue, 0,135m, étagée ; aile, 0,12m ; torse, 0,032m ; bec, 0,018m à partir du front ; hauteur du bec, 0,01m.

Couleurs. Iris châtain ; pattes et ongles noirâtres, bec noir avec la base de la mandibule inférieure bleuâtre. — Front noir jusqu'à la hauteur des yeux, de même que les lores, la région oculaire et les plumes des oreilles ; dessus de la tête et du cou d'un cendré clair ; partie supérieure du dos d'un gris mélangé de roux ; partie inférieure du dos, croupion et sus-caudales d'un roux vif ; gorge, poitrine et ventre d'un blanc plus ou moins lavé de roux ; lianes et sous-caudales roux ; queue brune, marquée de gris roussâtre à l'extrémité et ornée de lisérés de la même couleur sur les six pennes latérales ; ailes noires avec un très petit miroir blanchâtre à la base de quelques-unes des rémiges ; pennes tertiaires frangées de gris ou de roux.

Cette grande espèce de pie-grièche, caractéristique de la faune chinoise, se trouve répandue abondamment dans toutes les provinces méridionales de l'Empire, où elle est sédentaire. Le point le plus septentrional où je l'ai rencontrée est la vallée de Hantchongfou, dans le Chensi ; jamais elle n'arrive jusqu'à Pékin et elle ne paraît pas non plus s'avancer d'autre part jusqu'à Moupin. D'après M. Severtzoff, elle niche dans le Turkestan, mais c'est sans doute par erreur que le prince Ch. Bonaparte l'indique comme habitant aussi les Philippines, car lord Walden n'a jamais vu de spécimens provenant de cette localité : et tous les exemplaires que nous avons eus sous les yeux avaient été recueillis dans la Chine proprement dite. Le Muséum d'histoire naturelle de Paris possède de cette espèce, outre un oiseau rapporté par Sonnerat, divers individus tués soit au Setchuan, soit à Macao. Sur ce dernier point, elle semble particulièrement commune et les naturalistes de l'expédition américaine commandée par le commodore Perry ont pu l'observer sur les rochers voisins de la ville, se livrant au crépuscule à la chasse des insectes. Le Lanius schah se tient du reste toujours dans les plaines ou sur les collines et ne s'aventure jamais sur les grandes montagnes.

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Le Lanius sphenocercus

Lanius sphenocercus
Le Lanius sphenocercus

Dimensions. Long. totale, 0,31m ; queue, 0,14m, étagée; aile ouverte, 0,17m ; fermée, 0,13m ; tarse, 0,03m ; bec, 0,02m, à partir du front. Haut. du bec (max.), 0,01m.

Couleurs. Iris brun ; bec noir, avec la base de la mandibule inférieure bleuâtre ; pattes et ongles d'un brun noir. — Parties supérieures du corps d'une teinte cendrée pure, avec le front et les sourcils blancs, de même que les plumes scapulaires latérales ; lores, tour des yeux et région auriculaire d'un noir pur. Parties inférieures d'un blanc légèrement nuancé de rose (principalement sur la poitrine) ou de rose grisâtre chez les femelles et chez les mâles qui ne sont pas encore complètement adultes. Petites couvertures des ailes cendrées ; moyennes et grandes couvertures noires ; plumes de l'aileron noires terminées de blanc ; rémiges blanches dans leur moitié basilaire, et noires lisérées de blanc sur le reste de leur étendue ; pennes secondaires blanches à l'extrémité ; pennes tertiaires largement bordées et terminées de la même couleur. Rectrices médianes noires, avec une petite tache blanche à l'extrémité ; rectrices des deux paires suivantes ornées de taches semblables, mais beaucoup plus apparentes, au bout et à la base ; rectrices externes entièrement blanches, sauf sur le milieu du rachis, qui est noir.

Cette description, prise sur quatre sujets tués aux environs de Pékin, s'applique de tous points à un autre spécimen envoyé cette année même au Muséum d'histoire naturelle par le père Heude et provenant des terrains marécageux du bassin de la Hoai, non loin de la ville de Nanking. Le père Heude, croyant avoir affaire à une espèce nouvelle pour la science, se proposait de la nommer Lanius albicilla. D'un autre côté, les spécimens recueillis par M. David avaient été considérés primitivement comme se rapportant au L. major de Pallas ou au L. mollis d'Eversmann ; c'est ce qui explique la présence d'un L. major dans la liste d'oiseaux de Chine publiée dernièrement par M. Swinhoe. Mais en y regardant de près on voit que la description du L. major (Pall.) identifié, avec quelque doute, par MM. Sharpe et Dresser au L. borealis (V.) ne convient pas à ces pies-grièches. Au contraire, ces oiseaux ne nous paraissent pas différer du L. sphenocercus décrit en 1873 par le Dr Cabanis d'après un spécimen qui avait été acheté à Canton et dont on ne connaissait pas d'une manière précise le lieu de provenance ; en cela d'ailleurs nous croyons pouvoir nous appuyer sur l'opinion de M. Severtzoff, qui a eu sous les yeux un des spécimens rapportés par M. David. D'après la note de M. Heude, cette pie-grièche planerait comme un épervier et ferait la chasse aux mulots qu'elle embrocherait aux épines des jujubiers. M. David a constaté en effet que le L. sphenocercus a les mêmes mœurs que notre Pie-Grièche grise, dont il ne diffère guère que par une taille plus forte, et certaines particularités de coloration. Chaque année quelques-uns de ces oiseaux viennent passer l'hiver dans les grandes plaines et sur les collines déboisées de la Chine septentrionale, et s'en retournent au printemps en Mongolie et dans les contrées boréales. Ils ont un chant fort agréable, aussi doux que varié ; cependant les habitants de Pékin qui élèvent beaucoup d'autres Laniens soit pour la beauté de leur chant, soit pour leur habileté à chasser les petits oiseaux, ne conservent que rarement cette espèce en captivité. Le L. sphenocercus a été retrouvé par Przewalski, en 1868, dans la baie de Possiet et dans la Mongolie méridionale, et par Dybowski aux environs de Wladiwostock.

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Le Pericrocotus brevirostris

Pericrocotus brevirostris
Le Pericrocotus brevirostris.

Dimensions. Long. totale, 0,20m ; queue, 0,10m ; aile, 0,20m ; tarse, 0,013m ; bec, 0,008m à partir du front ; largeur du bec, 0,006m ; haut., 0,005m.

Couleurs. Iris brun ; bec et pattes noirs. — Tête, gorge, dessus du cou, dos, face supérieure des ailes et de la queue d'un noir bleuâtre, à reflets métalliques ; croupion, devant du cou, poitrine et parties inférieures du corps d'un rouge vermillon, avec le milieu du ventre blanc ; une raie rouge s'étendant sur l'aile fermée, du milieu des grandes couvertures aux deux tiers des grandes rémiges, mais respectant les deux dernières pennes ; rectrices centrales presque égales, noires à la base et au milieu, avec un liséré rouge fort étroit ; rectrices des trois paires latérales acuminées, étagées et ornées d'une bordure rouge beaucoup plus large. — Dans la femelle et dans le jeune mâle, le dessus de la tête et du cou, ainsi que le dos, sont d'un vert olivâtre, le front et le tour des yeux jaunâtres, le croupion d'un jaune sale, la gorge jaunâtre, la poitrine et le ventre jaunes, la queue et les ailes d'un brun foncé, avec des taches jaunes disposées de la même façon que les taches rouges du vieux mâle.

Ce bel oiseau, qui se trouve dans une grande partie de l'Hindoustan, et qui a été rencontré récemment par M. le major Godwin-Austen dans les monts Khasi et dans le Cachar septentrional, se montre assez communément à Pékin au printemps et en automne jusqu'à la fin d'octobre ; quelques couples nichent dans les montagnes boisées de cette province, mais la plupart vont passer l'été en Mantchourie. Comme toutes les autres espèces du même genre, les Pericrocotus brevirostris voyagent en petites bandes, en explorant le sommet des grands arbres pour y découvrir les larves d'insectes qui composent leur principale nourriture ; ils font entendre fréquemment un cri de ralliement, ti-ti-ti, sur un ton argentin et fort agréable à entendre. Les Chinois de Pékin, si habiles pourtant à élever les oiseaux, ne parviennent à garder ceux-ci en captivité que pendant un petit nombre de jours.

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Le Tchitrea incei

Tchitrea incei
Le Tchitrea incei

Dimensions. Long. totale, 0,45m ; queue, 0,32m, cunéiforme, avec les deux rectrices médianes dépassant les autres de 0,23m ; aile, 0,095m ; tarse, 0,015m ; bec, 0,014m, à partir du front ; largeur du bec, 0,008m.

Couleurs. Iris brun ; bec et paupières bleu de cobalt ; angle de la bouche vert ; pattes verdâtres. — Plumes du dessus de la tête allongées en une touffe de 0,015m, d'un noir métallique à reflets verts, de même que le plumes du cou ; plumes du reste du corps blanches, celles des parties supérieures ayant le rachis noir ; pennes caudales avec la tige noire et un liséré noir sur le bord ; grandes pennes alaires ornées d'une tache noire à l'extrémité. Ce plumage est celui du mâle en livrée d'amour. — Dans la femelle, le dos, le croupion, la queue et le dessus des ailes sont d'un roux vif, les flancs et la poitrine cendrés, l'abdomen et les sous-caudales d'un blanc pur, et les rectrices médianes ne sont pas allongées comme chez le mâle, au moins ordinairement ; en effet, sur un grand nombre de sujets femelles tués en mai et en juin, je n'en ai observé qu'un ou deux qui eussent les rectrices médianes plus développées que les autres. En revanche, j'ai remarqué que, lors de leur passage d'automne à Pékin, tous les oiseaux mâles et femelles de cette espèce ont des teintes rousses, tandis qu'au printemps il y a autant de mâles à livrée blanche que de mâles à livrée rousse, ceux-ci ayant alors, comme les autres, deux longues pennes médianes à la queue.

Cette magnifique espèce est commune en été dans la Chine et la Mantchourie ; elle fréquente les plaines et les petites collines, mais ne s'avance point jusque dans les montagnes. A Pékin, ces oiseaux passent en assez grand nombre, et se répandent dans les jardins pour faire la chasse aux insectes et principalement aux papillons. Ils sont désignés par les Chinois de la capitale sous les noms de Paê-lién (blanc-ruban) et Hong-lién (rouge-ruban). Ils restent généralement silencieux, et pour tout chant ils ne peuvent faire entendre qu'un petit cri rauque et désagréable.

D'après les observations que j'ai faites, je suis porté à croire que la plupart des mâles conservent le plumage roux des femelles, et que quelques-uns d'entre eux seulement revêtent la livrée blanche. A ce propos, je puis même raconter un fait assez singulier dont j'ai été témoin au Kiangsi : un couple d'oiseaux roux s'étant établi dans un vallon solitaire, un mâle en plumage blanc survint et engagea avec l'autre mâle un combat qui dura plusieurs jours ; au bout de ce temps, le mâle à la livrée rousse fut obligé d'abandonner le terrain et de céder sa compagne à son heureux rival.

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Le Crossoptilon blanc

Le Crossoptilon blanc
Le Crossoptilon blanc

Dimensions. Long. totale, 0,95m ; queue, étagée, arquée, à barbules moins longues et moins déliées que dans l'espèce précédente, 0,40m ; aile, 0,14m ; tarse, 0,095m ; bec, 0,04m, à mandibule supérieure recourbée et évasée ; plumes auriculaires, 0,035m.

Couleurs. Iris d'un jaune orangé ; bec d'un rose pâle ; narines d'un blanc rosé ; pattes et éperons d'un rouge de corail ; ongles cornés ; peau papilleuse du tour des yeux d'un rouge vif. — Plumage entièrement blanc, à l'exception de la calotte qui est d'un noir velouté, des rémiges qui sont d'un noir bleuâtre ou d'un gris blanchâtre (dans les individus très vieux), et de la queue qui offre une teinte d'un noir métallique, avec des reflets verts et pourprés, et une tache blanche à la base des rectrices latérales. — Les femelles et les jeunes mâles, avant la première mue, se distinguent des mâles adultes par les teintes moins pures de leur plumage et leurs éperons moins développés.

Le Crossoptilon blanc ne se trouve en Chine que dans quelques localités boisées, sur les montagnes élevées du pays des Mantzes, par exemple à Yaotchy et à Tatsienlou, où son existence est protégée par le respect superstitieux des indigènes. C'est un oiseau doux et sociable, qui aime à vivre en compagnie de ses semblables, même à l'époque de l'éducation des jeunes, et qui ne s'éloigne guère des lieux qui l'ont vu naître. Sa nourriture consiste en feuilles, en racines, en graines et en insectes. Heureusement pour la conservation de l'espèce, la chair de ce gallinacé est d'un goût fort médiocre ; aussi les chasseurs préfèrent-ils comme gibier les faisans, qui sont d'ailleurs beaucoup plus répandus et plus faciles à atteindre.

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Faisan de lady Amherst
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