Albert Maybon (1878-)

LA VIE SECRÈTE DE LA COUR DE CHINE

Librairie Félix Juven, Paris, 1910, 304 pages + 15 plans et illustrations.

  • Introduction : "Véritablement... l'on voudrait que le voyageur fût plus profondément remué à l'apparition de Pékin où, dans un carré, au centre de la cité, se meut, parmi le perpétuel apprêt des hommes et de la nature, l'être unique, prodigieux, invraisemblable qu'on salue des titres inouïs de « Fils du Ciel », de « Seigneur des dix mille années », d'« Éternel Solitaire », d'« Infini en Science et en Vertu ». Mais point d'illusions ; ici tout émerveillement ferait sourire. Car cette vie de potentat, pour être fantastique, est loin de paraître affranchie des réalités communes. Et ce palais énigmatique, cette cour du Ciel ne fait que masquer les désordres scandaleux des âmes et des sens. En nul autre lieu le pharisaïsme n'a aussi superbement triomphé ; en nul autre pays au monde on ne vit enveloppe plus délicatement raffinée ; et c'est bien à la « Cité Rouge » que l'effort de civilisation a atteint son summum."
  • "Mais sachons percer les façades imposantes des pavillons et des salles qui se succèdent selon l'ordre établi, allons jusqu'aux réduits les plus secrets, et chez tous ces flegmatiques abstracteurs de quintessence, nous verrons l'émail brillant de la surface éclater, la passion, vive, ardente, naturelle enfin, déborder et s'étaler, l'instinct élémentaire surgir... Là, dans cette demeure retranchée, écrasée de silence, de vraies larmes jaillissent, et, sur ces dalles, rutile du sang de tous les âges, de tous les sexes ; des haines, des ambitions, des convoitises, arment les bras, versent le poison... La loi d'airain de l'étiquette, du cérémonial qui pèse sur le Palais de Pékin est le plus grand des mensonges sociaux, et le plus utile aussi, car il voile décemment l'aspect vrai de cette cour de dissolution, de corruption et de crimes."
  • "Pour nous, qui allons tenter de restituer, de dépeindre, de faire revivre les scènes cachées de la cour de Pékin, depuis l'entrée de Ts'eu-hi au gynécée impérial jusqu'au jour de la disparition de la souveraine, ce n'est point en historien strict que nous goûterons aux témoignages, mais en peintre, en évocateur. Les éléments descriptifs fixeront notre choix, préoccupé que nous serons de composer, de recréer un milieu vraisemblable, d'animer notre tableau, de reproduire sur la grande scène historique, dans la mesure de notre pouvoir d'interprétation, un peu du pittoresque des sentiments, des gestes, des accents et des guenilles."

Extraits : Une partie disputée - L'eunuque du Printemps Éternel -
[Les difficiles premières années de pouvoir de l'empereur Kouang-siu]
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Une partie disputée

L'impératrice Ts'eu-hi. Albert Maybon (1878-19xx) : La vie secrète de la cour de Chine. — Librairie Félix Juven, Paris, 1910.
L'impératrice Ts'eu-hi à l'heure de l'audience des hommes d'État. Photo Firmin Laribe.

Est-il vrai qu'un jour de l'année 1861 un émissaire de l'Épouse-mère, impératrice de l'Ouest, se présenta devant le prince Kong, frère de l'empereur ? Le message lui aurait appris que Ts'eu-ngan, impératrice de l'Est, complotait contre sa vie avec le prince Tsai-Yuan, chef du clan, Touan Houa, général des Neuf-Portes, et Sou Choun, ministre des Finances. Le frère de l'empereur dut saisir aisément l'avance qui lui était ainsi faite et savoir y répondre. L'imminence de la mort de Hien-fong hâtait les démarches ; bientôt, semble-t-il, une alliance offensive et défensive fut conclue entre la toute-puissante impératrice et le grand homme d'État.

Le 22 août 1861, à trois heures du matin, l'empereur Hien-fong, « montant sur le char des dragons », devint « l'hôte d'en haut ».

Depuis des jours il délirait. Les chefs de la camarilla veillaient sur cette agonie pour, au dernier souffle, publier les prétendus décrets du défunt désignant l'héritier et les membres du Conseil de régence.

Ts'eu-hi laissait faire, l'absence de confidents sûrs lui interdisant de découvrir son jeu. Elle attendit la venue de l'allié.

. . . . . . . . . . . .

La voix qui annonça l'arrivée du prince Kong dut sonner fatidiquement aux oreilles de l'impératrice Ts'eu-hi.

C'était en octobre 1861.

Depuis trois mois, sur l'empereur enfant, dont le nom de règne devait être k'i-siang, « bonne chance », les régents Tsai-Yuan, Touan-Houa, Sou-Choun et leurs amis veillaient avec la plus défiante jalousie. Au nom du Fils du Ciel c'était leur propre volonté qu'ils imposaient, en dehors de tout souci du bien public ; et ainsi une oligarchie, l'ancienne camarilla de l'empereur Hien-fong, régnait souverainement.

Des relations épistolaires de l'impératrice Ts'eu-hi et du prince Kong, rien n'avait transpiré. Néanmoins, dès la première heure, la mère du « Maître sacré » fut écartée du conseil de régence. C'est que maintes fois ses velléités ambitieuses avaient été flairées ; et, en outre, les dictateurs redoutaient trop l'écrasante autorité de son titre pour l'associer à leur gouvernement. Ici ils manquaient de clairvoyance, car une telle obstruction eût décidé l'impératrice à s'allier au prince Kong, l'unique force qui existât en face des régents, si c'eût été encore à faire.

Et, maintenant, en son boudoir, que paravents et écrans ménageaient à l'extrémité d'une galerie en ébène ajourée, elle s'apprêtait à recevoir celui dont les intérêts étaient désormais liés aux siens. D'un an bientôt dataient les premières ouvertures. Depuis, de Jéhol à Pékin, et le Pékin à Jéhol, les messages avaient succédé aux messages ; chaque fois moins vagues, moins hésitants, moins réservés.

C'était Ts'eu-hi qui avait mandé à Jéhol le prince Kong. Mais on imagine qu'à l'arrivée de celui-ci, elle dut appréhender quelque peu de voir se révéler des engagements, des responsabilités imprévus ou oubliés, après tant de choses dites durant cette longue et intime correspondance. Et comment, impératrice douairière, veuve de vingt-six ans, n'eût-elle pas éprouvé une vague confusion à se trouver en présence de ce jeune prince, sagace dépositaire des confessions, des aveux, des secrets de son âme ?

L'espionnage des régents ayant yeux et oreilles autour de son boudoir, Ts'eu-hi fit quelques pas dans la galerie, puis descendit les marches de marbre rose qui conduisaient au parc oriental. Elle éloigna son cortège de suivantes, la plupart concubines de Hien-fong, fit le tour d'une compagnie de lions, suintant encore un tendre incarnat et frémissant, en leur chair marmoréenne, d'une antique convulsion. La terrasse dominait un verger ; et plus bas, l'eau diaprée du lac mirait les flexuosités des pavillons de porcelaine, les tortillements des portiques, des colonnades laquées. À l'abri, Ts'eu-hi attendit son allié...

Dès son arrivée à Jéhol, Kong s'était rendu au palais, où l'empereur enfant avait été confié aux soins des quelques concubines et eunuques dévoués au nouveau régime. Dans les antichambres, dit un récit, il se heurta aux obstacles prévus, à une consigne de fer : les médecins interdisaient que l'empereur vît des visages qui n'étaient pas familiers. Et les gardes du corps ne prirent même point la peine de mitiger leur refus d'une excuse. Kong subit l'affront et eut quelque satisfaction à faire personnellement l'expérience du despotisme des régents, dont, à Pékin, son auguste épistolière l'avait instruit. Dès lors il fut impatient de voir l'impératrice, mais parmi les nouvelles distributions des palais, il s'égara. Les cours, les galeries, les couloirs, les interminables circuits des dégagements qu'il parcourut étaient vides ; pourtant les frêles cloisons, les paravents cachaient une vie bruissante. Il ne s'autorisa point cependant une indiscrétion ; les yeux pleins de myopie, il allait vite, car il ne désirait nullement qu'on pût surprendre son embarras. Mais, à toujours se fourvoyer, il eut la sensation d'être pris dans des rets inextricables, d'y être engagé plus étroitement ; c'étaient les mêmes personnages que croisaient ses désespérantes allées et venues, et tels qui révérencieusement offrirent de le guider, se moquèrent. Enfin, tout à coup, apparurent les perspectives des jardins, le terre-plein des lions, la douce descente des vergers et la grande tache lumineuse du lac. Le prince Kong était devant l'impératrice.

Il allait s'agenouiller ; elle le retint. Dans sa robe de soie, grise de la poussière des routes, il s'imposa le plus humble maintien. Mais déjà l'on venait. C'étaient les régents.

Prévenus de l'arrivée du prince du sang, ils avaient pris l'alarme. Que signifiait ce voyage ? Le mobile était aisé à percer, car ils n'étaient pas sans se rendre compte de la fragilité de leur position. Contre leur gouvernement, ils en eurent la certitude, une conjuration s'était ourdie à Pékin, et le prince, « ami des étrangers », venait à Jéhol soumettre à la souveraine le plan du coup d'État.

Si, à cette minute, les régents comprirent quelle force, quel principe de légalité représentait l'impératrice, mère de l'empereur, sans doute durent-ils déplorer de ne point l'avoir sévèrement chambrée, tout comme son fils, et de ne point l'avoir admise en leur Conseil. La tenir encore à l'écart, c'était appeler la foudre sur leur tête ; car d'elle tout ambitieux sollicitera l'investiture de pouvoirs dictatoriaux, d'elle, durant la minorité de l'empereur, émanera la seule puissance légitime. À son contact déjà, Kong devait se sentir pénétré d'une assurance nouvelle. Mais, puisque cette funeste rencontre n'avait pu être évitée, il parut urgent aux usurpateurs de s'opposer à tout conciliabule. Et, mimant un respect obséquieux, parasols et éventails au vent, ils s'avançaient vers le groupe.

À leur vue, l'impératrice s'éloigna, manifestant ainsi pour la première fois ses sentiments hostiles.

Quelle stupéfaction chez les régents ! Il leur apparut soudainement que Ts'eu-hi était d'ores et déjà gagnée à la cause de Kong. À leur insu donc des relations s'étaient nouées ! Et ce n'était point, comme ils le pensaient, pour entamer des démarches que le prince faisait le voyage de Jéhol, mais pour la ratification dernière d'un projet de complot. Ainsi, longuement, l'on avait miné le sol sur lequel ils avaient élevé leur domination ! Et maintenant du coup de force c'étaient les derniers apprêts ; bientôt, se débattant dans les réseaux de l'intrigue, à d'invisibles embûches, ils buteraient, terminant leur vie avec leur règne...

Mais n'avaient-ils pas sous la main une armée de partisans, de nombreux militaires mandchous, et des fonctionnaires, des dignitaires, des prétoriens, des eunuques, tous les déchets de la maison grouillante de l'empereur défunt ? Il ne s'agissait après tout que de s'emparer d'un homme ; prince du sang, il est vrai ! Mais l'on ne sévirait pas trop cruellement. L'essentiel était que l'impératrice douairière, terrorisée, reconnût la légitimité du gouvernement de la régence.

Le prince Kong, à l'instant, jugea la situation. Une retraite dédaigneuse eût été sa perte. Il fit face aux consciences qui préméditaient le crime. Il dit :

— L'Auguste Mère de l'État estime que la cour ne peut rester plus longtemps à Jéhol sans nuire à sa dignité, sans amoindrir l'autorité souveraine, sans ravaler le prestige de « Celui qui est Sacré ». Sa Majesté l'impératrice-douairière, dans sa toute-puissance, a prononcé. Il faut donc que sur-le-champ la cour se prépare à rejoindre Pékin, la Cité Rouge, véritable siège du pouvoir.

Les régents s'inclinèrent, mais leur réplique trahit leur sentiment du péril et leur résolution désespérée.

— Notre Conseil pèse trop peu pour ne pas donner son entière approbation à ce que, dans sa toute-puissance, l'Auguste Mère de l'État vient de décider. Mais s'il osait oublier qu'il tient son autorité de la volonté dernière de l'empereur, qui est devenu l'hôte d'en haut, ne manquerait-il pas à toutes les lois divines et humaines ?

L'ivoire et les plumes d'épervier des éventails bruissèrent plus vivement dans l'air léger, et les parasols de papier écarlate mirent une épaisseur d'ombre sur les visages cramoisis. Une voix reprit :

— Sur la question du retour de la cour à Pékin une délibération est donc nécessaire.

Et Kong fut prié d'y assister. Il se récusa, n'appartenant pas au Conseil de régence. À cette réponse de fausse bonhomie, les autres se sentirent atteints. Elle insinuait bien le grief d'accusation que bientôt l'on ferait valoir en termes formels ; feinte maligne, elle annonçait les hostilités. Mais non moins habile fut la réponse.

— La composition du Conseil de régence n'est pas intangible ; et le pouvoir que nous possédons en vertu du saint édit de l'empereur Hien-fong, les princes du sang en sont investis.

Au reste, leurs avis, toujours précieux, nous seraient, dans le cas présent, particulièrement utiles ; car le départ de la cour ne saurait s'improviser, et l'entrée à Pékin sera un événement de trop grande importance pour ne pas nécessiter études, méditations, délibérations préalables.

— Tout à été prévu, tout a été réglementé, répliqua Kong.

Et il leur tourna le dos.

Peu après, à chaque porte du palais, des créatures des régents étaient postés aux écoutes, aux aguets, menaçants.

Le Conseil tenait dans son pavillon ordinaire. Il n'y eut pas de débats. Le désir de vivre, l'ambition de commander firent l'unanimité : on s'opposerait par la force au départ de l'empereur. Cette résolution raffermit les cœurs.

— Que craindre ? N'avons-nous pas pour nous le décret de Hien-fong nous désignant pour régenter l'empire ? Quelle autorité aurait-on le front d'invoquer en face de la nôtre ? Seuls, nous sommes dans la loi ; et rebelles, factieux, tels sont nos adversaires.

Sous l'ampleur des dalmatiques blanches les bravades ne pouvaient paraître avec avantage. Avec leur dégaine de canards présomptueux, les régents se transportèrent chez l'impératrice-mère, résolument, l'éventail en bataille.

D'un pinceau alerte, sur un papier d'usage gouvernemental, le prince Kong traçait des caractères, auprès de la souveraine attentive.

« Nous ordonnons que les régents soient éloignés de leur poste, et nous donnons la mission au prince Kong, de concert avec les membres du Grand secrétariat, des Six ministères, des Neuf Hautes-cours, de nous faire un rapport sur le degré de châtiment auquel les régents se sont exposés, chacun séparément, devant la loi, pour leurs crimes.

Kong eut soin de laisser son écrit sous les yeux des nouveaux venus.

— Avec regret, disaient ceux-ci, le Conseil vient de juger qu'il n'y a pas urgence pour la cour à rentrer à Pékin.

Et, ayant lu à leur aise le décret d'accusation :

— Il y a donc deux gouvernements en Chine ! Mais que l'on sache bien que tout ce qui sera tenté contre le Conseil équivaudra, sans compter le sacrilège envers la mémoire de l'empereur défunt, à une entreprise contre la sûreté de l'État et de la dynastie.

L'onction du prince exaspérait encore ces courroux.

— Mais qu'êtes-vous ?

— Nous nous réclamons de la volonté suprême du Saint empereur Hien-fong ; nous tenons notre existence et notre pouvoir de son décret ultime.

— Nous n'acceptons pas ce décret !

— L'on en conteste l'authenticité ? Qu'au même titre l'on condamne tous les actes in extremis de tous les Fils du Ciel !

— Vous venez d'avouer le faux ! Vous êtes de vils usurpateurs ! Votre indignité n'a pas de bornes ! Vous parliez de sacrilège ! Mais vous portez la flétrissure d'impiétés inouïes ! Vos crimes datent de loin, vous le savez. Vous avez abusé de la confiance de l'empereur, notre frère. Vous l'avez poussé aux plaisirs énervants ! Et vous êtes responsables de tous nos malheurs ! Vous ne pensiez qu'à satisfaire vos passions, qu'à bénéficier de vos privilèges ; la fange a rempli vos consciences ! Pourtant, plus sainement que nous, dans les circonstances tragiques que vient de traverser l'empire, vous prétendiez connaître les résolutions qu'imposait notre salut. Et vous inspiriez à l'empereur des actes d'intransigeance et d'inutile violence. Vouliez-vous déshonorer devant l'humanité tout entière le nom chinois ? Mais ne voyiez-vous pas que la dignité de la dynastie en était éclaboussée ? C'est vous les auteurs des guet-apens où sont tombés les étrangers et qui ont justifié les représailles. Si la cour a fui honteusement, à qui le devons-nous, sinon à vous ? Et la destruction du palais d'Été n'est-ce pas votre œuvre ? Les Français y ont fait jaillir les premières flammes, puis les Anglais sont venus... Mais aviez-vous respecté vous-mêmes ce vénérable et pur asile de nos empereurs ? À ces murs, à ces jardins, n'aviez-vous pas imposé le spectacle de vos actes sauvages, du martyre féroce des prisonniers étrangers ? Quoi ! Devant l'innocence de Celui qui est aujourd'hui notre maître, n'avez-vous pas étalé, comme un enseignement, le tableau de vos cruautés, de ces chairs suppliciées et qui vivaient encore pour de nouveaux supplices ? Quel est ce crime ? A-t-il un nom parmi les hommes ? Dans quelle pensée donc tentiez-vous de pervertir ainsi le cœur du futur Fils du Ciel ?... Est-ce tout ? Avec toujours plus d'impudence, vous vous arrogiez les prérogatives réservées à la Personne Sacrée, si bien qu'ici, à Jéhol, vous usiez de ses biens, de tous ses biens... Et n'y eut-il pas de misérables querelles entre Elle et vous ? Après la mort, vous vous êtes tout approprié, tout, jusqu'aux coupes, où vous avez bu, jusqu'aux vêtements, que vous avez endossés. Quelle profanation ! Quel abominable exemple ! Vous avez été des agents de corruption ! La cour est tombée à je ne sais quel rang ! Des femmes, des eunuques forment votre séquelle éhontée, comme une scandaleuse racaille ! Vous parliez de sacrilège ?

— C'est bien. Mais au nom de quelle loi prétendez-vous gouverner ?

— Au nom de la mienne, répondit l'impératrice.

Les régents se prosternèrent ; puis ils sortirent.

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L'eunuque du Printemps Éternel

L'impératrice Ts'eu-hi et ses eunuques. Albert Maybon (1878-19xx) : La vie secrète de la cour de Chine. — Librairie Félix Juven, Paris, 1910.
L'impératrice Ts'eu-hi sur sa chaise particulière portée par des eunuques. (Au premier plan, on voit à droite le Grand eunuque Li Lien-yin, à gauche le doyen de la corporation). Photo Firmin Laribe.

Les derniers bruits du grand bouleversement de 1860 s'éteignaient. L'on finissait d'embarquer les troupes de l'armée d'occupation. Et, par l'intermédiaire du Tsong-li ya-men, les relations des puissances étrangères avec le pouvoir impérial tendaient chaque jour à se régulariser. C'était une perspective d'années tranquilles...

Il y eut des jeux plus riants, plus gracieux que ceux de la politique ; il y eut d'aimables intrigues. À l'ordre du jour les affaires galantes avaient pris la place des affaires du gouvernement. Et les eunuques faisaient la loi ; partout c'étaient des clabauderies, leurs pitreries, leur turbulence insane. Volontiers Ts'eu-hi, en une étrange intimité, les retenait auprès d'elle, désireuse de connaître leur passé, leurs goûts, leurs habitudes. Un de ces castrats surtout l'intéressait ; son nom : Siao Tö-hai. Jeune dodu, rose, mais pas beau : sur sa face ronde, plate, qu'avait criblée la petite vérole, des yeux saillaient, avec des lueurs de charbons ardents, et comme expulsés de leur orbite ; regard fuyant — jovial, cruel. D'un épais retroussis des lèvres une voix grêle sortait, d'abord avec mollesse, puis en s'animant elle semblait trébucher à des hoquets ; les gestes finissaient la phrase, ce qui amusait follement Ts'eu-hi. « Siao est décidément le plus drôle », répétait-elle. Et Siao, pour complaire à sa souveraine, devait raconter la grande aventure de sa vie.

Il n'avait jamais bien su en quel lieu il était né. Ce qu'il savait bien, c'est qu'il avait vécu son enfance dans la société des pourceaux. Un jour son père lui dit qu'il était assez savant ; et tous deux s'embarquèrent sur une jonque chargée de thé en vrac. On voyagea plusieurs jours. Enfin Siao apprit qu'il était à T'ien-tsin. Il n'avait jamais vu pareille foule, et, difficilement, il suivait son père dans les rues. À un carrefour, il le perdit de vue, et ses efforts pour le retrouver furent vains. Ah ! quels sanglots... Mais son désespoir faisait rire. Où aller ? À qui se confier ? Un homme d'une haute stature vint à passer ; résolument, Siao lui emboîta le pas, puis courut à ses côtés. Et il était déjà consolé, bien que le géant ne lui eût pas adressé un mot : à l'abri de cette puissante musculature l'inconnu de la vie ne le tourmentait plus. Cependant quand l'autre entra dans une auberge, l'enfant n'osa en franchir le seuil. On lui fit signe d'avancer, et les buveurs réunis là, parmi les détritus, l'accueillirent comme s'il tombait du ciel. Ils riaient de toutes leurs dents ; des gestes, des mots parurent à Siao gros de mystère, mais il s'endormit, mort de fatigue, sur sa tasse de thé.

Tout à coup, des cris le réveillent. Dans le petit jour livide que filtraient les stores, il distingue son père et le colosse qui l'avait charmé, prêts à en venir aux mains.

— Voleur, clamait le premier, voleur d'enfants !

Mais soudain, la discussion cesse ; on entend un bruit de piécettes, quelques phrases d'accommodement, et Siao aperçoit son père qui, vite, gagne la porte. Il était vendu. Il en était bien aise ; son acquéreur lui inspirait une telle confiance !

Les premiers temps furent heureux, sans déceptions. On prenait un soin infini de sa santé ; on le gavait ; et il était condamné à dormir comme d'autres à travailler. À ce régime, il devint un jeune garçon gras, mafflu, stupide. Il avait douze ans. Maintes fois des personnages vêtus de robes sombres, avec des bottes de satin, vinrent l'examiner. Ils ressemblaient à de vieilles femmes ; et ils avaient une voix de crécelle.

— Vieux coqs, disait l'aubergiste, est-ce que ça vous convient ? Il me semble que je vous ai préparé un beau morceau !

Ils le trouvaient rondelet. Bavard ? Pas assez, peut-être. Le Palais aime le caquet, disaient-ils. Mais ils en avaient vu beaucoup de cette espèce : maussade avant, assourdissant après. Comme les autres, celui-ci sera un malin quand proprement ses « précieuses » auront été enlevées...

Un jour enfin ces mêmes hommes vinrent chercher Siao, contre le prix convenu. À quelque temps de là, il n'était plus le même.

— Ils m'avaient allégé, ah ! oui... s'écriait l'eunuque en terminant son histoire.

Et là, il hoquetait coup sur coup, tandis que ses mains imitaient le geste de l'opérateur.

L'impératrice se pâmait.

— Tout, tout, ajoutait Siao, sur un ton comiquement sérieux.

Il se rendit bientôt compte, le malin, que plus il outrait son tabarinage, ses bouffonneries, plus son crédit grandissait. Il eut des inventions burlesques. Et Ts'eu-hi avoua ne plus pouvoir se passer du jeu de l'eunuque-histrion. Sans lui, les heures étaient terriblement mornes ; et plusieurs fois le jour, la nuit même, on l'allait chercher dans son bouge de l'Intendance. Un tel succès l'enhardit. Il ne se contenta plus de faire rire à ses dépens, il parodia les personnages de la cour, la mélancolique impératrice Ts'eu-ngan, le soigneux et douceâtre prince Kong, le turbulent et dévergondé prince K'ing, et tous les hypocrites, tous les corrompus, tous les galantins. L'impératrice, ravie, applaudissait ; l'autre se rengorgeait en hoquetant de satisfaction. Puis il fallut des divertissements nouveaux. Siao osa dénigrer la vie étroite, fermée, le convenu, le protocole de la Cité Rouge, et il dit merveille des villes ouvertes aux Européens, de T'ien-tsin, de Chang-hai. Ah ! s'il en avait l'autorisation, que de choses insoupçonnées il rapporterait à sa souveraine... La proposition était trop tentante ; Ts'eu-hi, par décret impérial, lui permit de quitter Pékin. Peu de jours après, il arrivait triomphant au palais ; et, devant la curiosité impatiente de son impériale protectrice, il étalait une collection de photographies. C'étaient des ballerines et des acrobates anglais ; Ts'eu-hi gloussa de plaisir en contemplant les poses extravagantes de ces Européens en maillot. Elle fut heureuse toute une semaine. Et Siao, manière de génie, devint candidat à la fonction suprême : chef des eunuques du Printemps Éternel. Dès lors sa langue se délia davantage, son port se fit hautain ; il disposait de l'avenir des courtisans ; faveurs et disgrâces dépendaient d'un mot de sa bouche. Il sut user largement de cette influence ; des étoiles s'éclipsèrent, d'autres parurent. Il palpa d'énormes pots-de-vin.

Cependant contre cette nouvelle puissance on murmura au palais de l'Est, chez l'impératrice Ts'eu-ngan, refuge des désenchantés, de l'austérité politique. Déjà des hommes d'État avaient mis toute leur indignation à censurer auprès de la veuve de Hien-fong, toujours morose, les jeux frivoles de Ts'eu-hi ; quand ils virent le personnel gouvernemental à la merci d'un eunuque, il se concertèrent pour attirer le prince Kong dans leur cercle, pour le décider à proclamer qu'il n'était plus solidaire de l'Ouest ; celui-ci, sans doute, répondit à ces sollicitations, le Printemps Éternel ne lui étant plus favorable, ni même accessible ; mais il eut soin de ne pas prendre parti.

Siao eut vent de ces menées : à sa dévotion, il avait quelques censeurs ; l'attitude équivoque de Kong fut dénoncée ; tandis que, pour assurer sa position, le favori jugeait nécessaire d'organiser une nouvelle expédition. Ts'eu-hi y consentit avec empressement ; cette fois quantité de curiosités baroques lui étaient promises. Son attente ne fut pas déçue. Après trois mois d'absence, le palanquin de l'eunuque, couvert de l'insigne, de l'impériale couleur jaune, pénétra dans la Cité Rouge, suivi de chars où s'entassaient des caisses de toutes dimensions. Le déballage dura ; mille exclamations de surprises saluaient chaque objet, et, autour de l'impératrice, les femmes du gynécée, les servantes, les dames du palais, les eunuques, pour toucher, pour voir de près ces choses d'Europe, se pressaient, se bousculaient. Il y avait là des crinolines, des châles, des hauts de forme, des bottes russes, des fers à friser, des verroteries, des fausses nattes, des corsets, des images licencieuses...

Au retour d'une campagne heureuse, un général n'eut pas été plus acclamé que l'eunuque Siao, — et, au milieu de ses emplettes, pareilles à un butin, il triomphait.

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[Les difficiles premières années de pouvoir de l'empereur Kouang-siu]

Kouang-siu (1871-1908). - Albert Maybon (1878-19xx) : La vie secrète de la cour de Chine. — Librairie Félix Juven, Paris, 1910.
L'empereur Kouang-siu.

Des décrets avaient annoncé, en juillet 1886, la prochaine remise du pouvoir à l'empereur Kouang-siu. Mais, quand les astrologues fixèrent le jour de la majorité au 7 février 1887, Ts'eu-hi fit connaître que la cour la suppliait de ne point résigner son autorité de régente ; la vérité était autre : contre son éternelle dictature, les grands cabaleurs d'autrefois parlaient d'agencer une coalition. Eux qui avaient dédaigné de grouper leur force autour du trône de T'ong-tche, maintenant acclamaient les seize ans de l'empereur Kouang-siu ; ils étaient las du gouvernement des femmes et des eunuques, et ils n'avaient d'yeux que pour le Fils du Ciel, libre, omnipotent. En face de cette hostilité, Ts'eu-hi se buta. Aussi quand le ministre de France, M. Lemaire, eut exprimé le désir de remettre ses lettres de créance à l'empereur lui-même, le Tsong-li ya-men lui fit cette réponse :

« Bien que nous soyons actuellement en temps de règne effectif de l'empereur, l'impératrice continue à donner ses instructions pour le gouvernement.

Elle les donnait avec un tel accent impérieux que les mécontents, pris d'effroi, s'étaient terrés. La Cité Rouge paraissait soumise. Alors Ts'eu-hi songea à marier Kouang-siu.

« Depuis que l'empereur est parvenu à la dignité suprême, sa maturité d'esprit a augmenté de jour en jour. Il convient de choisir une personne sage qui soit sa compagne et l'aide à diriger le Palais, qui pratique ses devoirs d'épouse et qui soutienne la Vertu impériale. Nous désignons donc la fille du vice-lieutenant Kouei-Siang, de la maison de Ye-ho-na-la.

Le même décret faisait entrer deux princesses-épouses dans le gynécée ; l'une âgée de quinze ans recevait le non d'Éclat de gemmes, l'autre, n'ayant que treize ans, était appelée Précieuse.

Le mariage eut lieu le 26 février 1889.

La nouvelle impératrice était fille du frère de Ts'eu-hi. On a dit qu'elle ne séduisit pas son époux, mieux encore, qu'elle fit tout pour se l'aliéner. Elle était dévouée à sa tante, qui l'avait stylée de telle façon que l'amour ne pût s'éveiller dans le cœur de Kouang-siu. À la faveur de cette inimitié, Ts'eu-hi pensait perpétuer sa domination. Et, rassurée, le 4 mars 1889, elle transmit les pouvoirs souverains à l'empereur.

La politique était épineuse. Depuis trois ans des sociétés industrielles, soutenues par des coalitions de financiers, faisaient le siège de Pékin pour obtenir les travaux prévus par le gouvernement. On les accueillait sans déplaisir, car depuis les palabres de Li Hong-tchang, il était de bon ton à la cour de vanter les chemins de fer, les téléphones, les ports militaires et autres merveilles. Si le vice-roi du Tche-li était l'inspirateur de ce phénoménal snobisme de la Cité Rouge, la publicité bruyante qu'il fit et qu'il fit faire autour de ces projets avait en grande partie déterminé cette immigration de constructeurs de toutes nationalités. Mais Li Hong-tchang ne se doutait pas que la diplomatie étrangère, stimulée par ce mouvement d'affaires, s'apprêtait à formuler la théorie du « dépècement de l'empire chinois ». Le prince K'ing, non plus, ne flairait pas le piège. Il bornait son horizon aux négociations quotidiennes, et il avait soin, pour satisfaire la curiosité du Palais, d'emplir sa mémoire de toute la pesante matière des rapports et propositions dont on l'accablait.

Ts'eu-hi cependant n'arrivait pas à se faire une opinion. Elle prit alors le parti de demander aux vice-rois, gouverneurs et généraux leur avis sur la construction des chemins de fer. Les réponses lui parvinrent après qu'elle eut investi l'empereur de la souveraineté absolue. L'ancienne régente ne put garder le silence ; elle annonça qu'après examen, elle était acquise aux projets du vice-roi Tchang Tche-tong, et, le 27 août 1889, Kouang-siu recevait un long écrit de Ts'eu-hi portant en tête : « Moi l'empereur j'ai reçu de l'impératrice le décret suivant. » C'était lui signifier qu'il devait y apposer sa signature de vermillon. Il le fit sans murmurer. Et Li Hong-tchang avec Tchang Tche-tong furent ainsi chargés de commencer la ligne des provinces des Hou par les deux extrémités ; le reste, disait le décret, se fera progressivement.

Ts'eu-hi régnait donc toujours. Sans doute s'efforçait-elle de se détacher du trône, mais une force supérieure à sa volonté l'y ramenait ; autour de l'empereur elle voyait des visages qu'elle n'aimait pas, des partisans de Kong...

Un événement abattit son opiniâtreté : la mort de son beau-frère, le prince Tch'ouen, le 1er janvier 1891. Elle se retira dès lors sous sa tente confiant ses intérêts au prince K'ing. Elle renonçait à gouverner, mais non à agir sur les hommes publics et, en premier lieu, sur l'empereur. Pour cette direction cachée, elle avait des moyens à elle et des agents habiles.

La résidence des Jardins de l'Ouest ne cessait d'être au fait de ce que voyaient et entendaient salles du trône et appartements impériaux. Le va-et-vient du petit chemin de fer reliant la Cité Rouge à la région des lacs n'était que le va-et-vient de l'espionnage. Au glapissement de la locomotive, Ts'eu-hi sursautait, et, de son allure la plus calme, elle égarait ses pas dans les allées du parc. Un soir l'eunuque qu'elle attendait fut devant elle... Ah ! masqué par un paravent, que venait-il d'entendre ! L'empereur s'était entretenu plusieurs heures avec les vice-présidents du ministère de la Guerre et du ministère des Travaux. Mais comment sa bouche pourrait-elle rapporter les propos insensés de ces deux grands mandarins amis de Kong ?... On outrage la Mère de l'État, devant l'empereur ; on le pousse à ne plus respecter Celle à qui il doit le trône, voilà ! On a dit qu'elle n'était plus qu'une vulgaire concubine d'empereur, que si sous T'ong-tche, qu'elle avait enfanté, on ne pouvait l'empêcher de parler au trône, aujourd'hui, les relations de mère à fils n'existant plus, on était en droit d'interdire à elle et à ses gens l'accès du Palais...

Ts'eu-hi n'en entendit pas davantage. Dans son pavillon intime elle réunit ses affidés. Peu après, comme un commandement impérieux, le sifflet du train troubla le sommeil des choses.

Les ordres de la douairière s'accomplirent. À l'instant où le Fils du Ciel allait rejoindre la compagne de sa nuit, il vit au seuil de la chambre des officiers prosternés ; ils lui présentaient un papier couvert de caractères ; ils lui demandaient d'y apposer son paraphe de vermillon. Ces visages, cette graphie... Kouang-siu, tout tremblant, signa et s'enfuit.

Kong et ses partisans connurent le lendemain le nouveau décret :

« J'ai reçu pendant vingt ans les bienfaits de l'impératrice ; je n'oserais l'oublier. Or le vice-président du ministère de la Guerre et le vice-président du ministère des Travaux l'ont calomniée ; il faut les priver de leur charge et ne plus jamais leur donner d'emploi. Respect à ceci.

Peu après, un censeur représenta à Kouang-siu qu'un Fils du Ciel ne doit pas négliger d'entendre chaque jour la lecture des livres classiques et que, pour cet office, il était urgent de désigner des lettrés. L'empereur allait se rendre à cet avis, mais les conseillers qui avaient pris la place de Ts'eu-hi l'inspirèrent différemment.

« Depuis que je gouverne par moi-même, répondit-il au censeur, j'emploie le peu de temps qui me reste à étudier les Classiques et l'Histoire. Je ne me permettrai pas de rester oisif un instant.

Il n'est pas utile que des lettrés viennent tour à tour me donner des explications. Ils n'ont pas à apprendre l'art de gouverner. Les uns répéteraient des vieilleries, les autres rempliraient leur charge par manière d'acquit, d'autres seraient attentifs à deviner les pensées et les sentiments de leur royal disciple, afin de le flatter et d'exécuter en secret d'astucieux desseins.

Le parti de Kong venait de se dresser contre une nouvelle tentative de Ts'eu-hi.

Alors la souveraine dépitée fit jouer d'autres ressorts. Elle choisit le gynécée comme centre d'action. D'ailleurs, en sa qualité de douairière, elle avait été tenue d'intervenir plus d'une fois dans les affaires sexuelles du Fils du Ciel. Quand l'impératrice-épouse fut pour la première fois après le mariage, empêchée, ce fut Ts'eu-hi qui désigna quelle princesse-épouse devait partager la couche du Dragon.

— Sois attentive et respectueuse, lui dit-elle, pleine de douceur, soumise aux convenances ; n'aie ni orgueil, ni jalousie, conforme-toi aux rites.

Et le lendemain, pour attester sa virginité, la princesse envoya à la douairière un linge maculé de sang.

Maintenant Ts'eu-hi projetait de réglementer avec plus de sévérité les amours impériales. D'abord elle étudia le caractère de celles qui devaient inconsciemment servir ses desseins. L'impératrice-épouse avait toujours appartenu à sa volonté ; mais les deux princesses et les quinze dames du palais ou concubines lui étaient moins familières. Elle s'enquit de leur goût, de leurs faiblesses, par l'intermédiaire des eunuques, et aussi des préférences de cet empereur, qu'elle allait disputer à des adversaires roués.

Bientôt la partie fut engagée ; tout ce monde féminin obéissait docilement aux combinaisons de l'impératrice.

Kouang-siu n'avait plus la liberté de désigner les compagnes de ses nuits. Émancipé dans les salles du trône, il tombait en tutelle dans ses appartements intimes. Plus de régence politique, mais un gouvernement, davantage insupportable peut-être, celui des appétits charnels. En toute occasion, la loi de la douairière s'imposait. Sans doute les fins que poursuivait T'seu-hi étaient-elles de réduire l'empereur à des actes désespérés ou à des mouvements de rébellion ; d'où prétexte pour réapparaître, pour imposer sa volonté. Mais la guerre contre le Japon survint. Soudainement, il fallut faire face aux désastres.

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