H. Doré : ... Superstitions en Chine. Deuxième partie : Le panthéon. Tome XI

Henri DORÉ (1859-1931), Recherches sur les superstitions en Chine, II, Le panthéon chinois. Chap. VI, Dieux protecteurs et Patrons. Variétés sinologiques n° 46, Zi-ka-wei, 1916. Couverture.

CHAPITRE VI : Dieux protecteurs et Patrons

Variétés sinologiques n° 46,
Imprimerie de la Mission catholique à l’orphelinat de T’ou-sé-wé, Zi-ka-wei, 1916, XII+192 pages+59 illustrations.

Un monde surgit, environnant, enserrant le superstitieux Chinois :

  • Pourvoyeur d'enfants ; Dieu du bonheur et dieu de la longévité, dieu des richesses et dieu des brigands.
  • Roi des bœufs, des serpents ; protecteur des porcheries, ou contre les sauterelles, ou contre la grêle.
  • Patron de l'agriculture, du sol et des moissons, des menuisiers et des orfèvres, des bouchers et des commerçants ; patronne des navigateurs et des vers à soie ; Esprits gardiens des portes.
  • Déesse des latrines ; Immortelles du Vase immaculé et Immortels ivrognes.
  • Dieu de la sodomie, et douane transcendante au commissaire écumeur.
  • Et le dieu du foyer, qui dispose à son gré de la vie des membres de la famille, distribue comme bon lui semble les richesses ou la pauvreté, prend note des bonnes et des mauvaises actions de la famille, et va faire son rapport à l'Être Suprême.


Extraits : Pratiques en l'honneur de Tsao-kiun, le dieu du foyerMen-chen, les Esprits gardiens des portes
Tong-fang-cho, Patron des orfèvresLi-t'ai-pé et les Immortels ivrognesLou-pan, Patron des menuisiers, et le Fong-choei
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Pratiques en l'honneur de Tsao-kiun, le dieu du foyer

Henri DORÉ (1859-1931), Recherches sur les superstitions en Chine, II, Le panthéon chinois. Chap. VI, Dieux protecteurs et Patrons. Variétés sinologiques n° 46, Zi-ka-wei, 1916. Le dieu du foyer.
Dieu du foyer

Voici un passage d'une poésie inspirée par le sacrifice offert au dieu du foyer, à son départ pour le ciel. L'auteur est un docteur de Ou-hien dans la préfecture du Sou-tcheou ; il se nommait Fan-tch'eng-ta, son surnom était Tche-neng. Il vivait au temps de la dynastie des Song méridionaux, sous le règne de Kao-tsong, vers 1127 ap. J. C.

« C'est le 24 de la XIIe lune, que suivant la tradition, le dieu du Fourneau monte aux cieux pour déposer son rapport annuel aux pieds du Très Haut. Assis sur ton char de nuages, emporté dans l'espace par les coursiers du vent, tu m'apparais plein de majesté. Pour t'offrir des sacrifices, chaque famille dispose ses tasses et ses assiettes, pleines de mêts délicieux ; à côté de la tête de porc, cuite à point, et des deux poissons frais, on voit les pois et les friandises, le vermicelle et les boulettes de viande, à pleins verres on répand le vin du sacrifice, et toutes les jeunes filles se sont retirées à l'écart. Réjouis-toi à la vue des libations faites en ton honneur, et en contemplant les flammes qui dévorent le papier-monnaie qui t'est offert. Si au cours de l'année les servantes se disputent, si le chien et le chat se livrent bataille, et blessent tes regards sacrés, daigne n'y pas prendre garde. Repu de viandes et de vins, quand ton pied foulera les parvis du palais des cieux, oublie l'indignité de nos offrandes, mais reviens les mains pleines de faveurs, et partage-les avec nous. »

A. Les douze préceptes négatifs en l'honneur du Tsao-kiun.

Sont défendus :

1° Toute irrévérence envers le Ciel et la Terre, l'appel du vent, les malédictions contre la pluie, toute parole blessante à l'endroit des Esprits.

2° L'omission des sacrifices aux ancêtres, le manque de piété filiale, le manque de déférence de l'épouse à l'égard du père et de la mère de son mari.

3° Le manque d'égards de l'épouse envers les oncles et les membres de la famille de son mari ; les querelles avec les voisins ; la discorde entre frères.

4° Gaspiller, salir ou écraser les cinq céréales, oublier que nous leur devons le bienfait de la vie.

5° Tuer les êtres vivants, pour se procurer la satisfaction de manger leur chair, ou même simplement tuer devant le fourneau les victimes destinées aux sacrifices. Couper des oignons, de l'ail ou des légumes de haut goût sur le fourneau.

6° Dans la cuisine, devant le fourneau, prononcer des paroles obscènes, chanter des chansons grossières, pleurer, se mettre en colère. Il est aussi défendu d'y entrer nu.

7° Défense aux petits enfants de faire leurs grands ou petits besoins à la cuisine.

8° Défense rigoureuse de cuire dans le fourneau, les viandes de chien, de bœuf, ou des animaux sauvages.

9° Éviter de jeter dans le foyer du fourneau : les vieux papiers, les plumes des oiseaux, les os des animaux, les vieux morceaux d'habits, les vieux balais, les cheveux, ou même du combustible malpropre. (Si on jette dans le feu du fourneau un os de chien, les enfants qui naîtront seront atteints d'aliénation mentale).

10° Défense aux femmes de se peigner, de se bander les pieds, d'allaiter leurs enfants, de se sécher les pieds à la cuisine. Il est aussi défendu d'attiser le feu avec les pieds.

11° Défense de sécher devant le fourneau des habits sales, des souliers ou des bottes malpropres.

12° Après les repas, ne rien laisser de malpropre dans la cuisine, sur le fourneau et autour du fourneau.

Henri DORÉ (1859-1931), Recherches sur les superstitions en Chine, II, Le panthéon chinois. Chap. VI, Dieux protecteurs et Patrons. Variétés sinologiques n° 46, Zi-ka-wei, 1916. Le dieu du fourneau.
Fourneau chinois, avec la niche où on place l'image du dieu.

B. Les douze prescriptions additionnelles.

1° Il arrive souvent que des insectes ou des fourmis font leurs nids dans les vieux fourneaux ; justement choqué par cette irrévérence, le dieu du Foyer manifeste son irritation, et bien souvent on en ignore la cause. Il convient donc de refaire le fourneau tous les ans ; cette pratique est bien plus efficace pour obtenir la prospérité, que toutes les cérémonies des tao-che et des bonzes. Il ne convient pas d'utiliser les vieilles pierres et les vieilles briques pour cette construction ; le papier, la chaux, le mortier, l'eau et la paille, en un mot tous les matériaux doivent être très propres.

Les pauvres ménages ne doivent jamais différer la construction du fourneau au delà de trois ans.

2° La porte du foyer du fourneau, doit être tournée vers le S. O.

3° Le fourneau ne doit jamais être placé derrière le parloir, ou en face du puits.

4° On ne doit jamais manquer de mansuétude au point de mettre un être vivant dans la marmite.

5° Défense de brûler de l'encens dans le foyer du fourneau, ou de l'allumer à la flamme du foyer.

6° On devra toujours laisser de l'eau dans les marmites pendant la nuit.

7° Il est défendu de commettre l'impureté près du fourneau ; ou de prendre un objet en passant le bras irrévérencieusement au-dessus du fourneau.

8° On doit éviter de tapotter sur le fourneau, avec les pincettes, les bâtonnets ou les balais ; défense de le frapper avec un bâton, ou de le coupotter avec un couteau. Pendant la nuit, aucun objet ne doit rester sur le fourneau, ou bien devant l'entrée du foyer, de manière à l'obstruer.

9° Éviter de placer sur les fourneaux : les seaux, les bassines ; les haches ou d'autres instruments ; défense stricte de laver des habits, ou de se laver les mains dans la marmite.

10° Les femmes, en chauffant le fourneau, doivent éviter de s'asseoir de travers, ou d'écarter les deux jambes de chaque côté de l'entrée du foyer. Après l'accouchement, elles doivent s'abstenir pendant un mois d'offrir des sacrifices au dieu du Foyer.

11° Défense expresse de se servir d'un panier à fumier pour transporter les cendres du fourneau, ou encore de se servir de vieux habits pour en faire des torchons à la cuisine.

12° Qu'aucune poule, qu'aucun chien ne passe la nuit devant le fourneau. On doit aussi éviter avec grand soin de placer sur le fourneau des bougies confectionnées avec de la graisse de bœuf.

Les manquements quotidiens à ces préceptes attirent tous les malheurs que nous voyons peser sur la pauvre humanité : inondations, incendies, brigandages, maladies épidémiques, pauvreté, privation de descendance, fièvres, infortunes de toute espèce.

C. Jours fixés pour le nettoyage des marmites.

Il est très important de choisir un jour faste pour nettoyer les marmites, la santé y est intéressée. Voici les jours où chaque mois on peut sans crainte laver la marmite...

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Men-chen, les Esprits gardiens des portes

Henri DORÉ (1859-1931), Recherches sur les superstitions en Chine, II, Le panthéon chinois. Chap. VI, Dieux protecteurs et Patrons. Variétés sinologiques n° 46, Zi-ka-wei, 1916. Esprits gardiens.
Dans la plus haute antiquité vivaient deux frères : Chou et Yu-liu, qui avaient le pouvoir de commander aux Esprits des morts. On accroche ces figurines sur les portes au nouvel an, Chen-chou est à gauche, et Yu-lin à droite.

Nous venons de voir dans l'article précédent la biographie mythique des deux Esprits Chen-chou et Yu-liu, honorés comme gardiens des portes. Pour être les plus anciens, ils ne sont pas cependant les plus universellement vénérés ; les plus en vogue sont ceux que nous allons voir dans le présent article, c'est-à-dire les deux ministres de T'ang-t'ai-tsong nommés Ts'in-chou-pao et Hou-king-té.

Il y en a encore quelques autres, regardés comme secondaires, dont nous donnerons les noms à la fin de cette notice.

C'est dans le Si-yeou-ki qu'on trouve, racontée avec le plus de détails, la scène qui donna lieu au culte des Esprits des portes. Voici le récit :

T'ang-t'ai-tsong tomba malade, la nuit il croyait entendre des diables tapager dans ses appartements. Un édit de l'impératrice appela un médecin ; quand ce dernier sortit des appartements privés, tous les ministres d'État l'interrogèrent sur la nature du mal.

— L'empereur, répondit-il, a le pouls agité, il paraît inquiet et effrayé, dit voir des diables etc. sa vie est en danger.

Les ministres furent effrayés. Bientôt l'impératrice convoqua Siu-meou-kong, Ts'in-chou-pao, Wei-tch'e-kong à une audience privée. Quand ils furent arrivé dans la chambre du malade, celui-ci se redressant et faisant un effort visible, leur parla en ces termes :

— Pendant dix-neuf années entières j'ai conduit mes armées dans toutes les directions, bataillant et guerroyant ; jamais je n'ai vu un seul maléfice, et voilà que maintenant je vois des diables.

Wei-tch'e-kong de répondre :

— Votre Majesté a affermi la dynastie et vécu au milieu du carnage des batailles, comment pourrait-elle craindre les mauvais esprits ?

— Vous ne me croyez pas, peut-être, mais j'ai parfaitement entendu, ces huit dernières nuits, des diables faire du vacarme devant les portes d'entrée de mes appartements, jeter des briques et lancer des morceaux de tuiles. Le jour tout cesse, mais la nuit le tapage recommence.

Ts'in-chou-pao répondit :

— Que votre Majesté soit bien en paix, cette nuit je me propose de venir avec Hou-king-té monter la garde devant la porte de votre palais, pour voir ces diableries.

L'empereur acquiesça à cette proposition. Siu Meou-kong remercia, et tous trois se retirèrent.

Henri DORÉ (1859-1931), Recherches sur les superstitions en Chine, II, Le panthéon chinois. Chap. VI, Dieux protecteurs et Patrons. Variétés sinologiques n° 46, Zi-ka-wei, 1916. Gardiens des portes.
Les 2 esprits gardiens des portes (Militaires).

Le soir venu, Tsin-chou-pao et Hou-king-té revêtirent leurs armures, leurs casques, et, l'arme au poing, allèrent se poster devant la porte du palais. De toute la nuit, rien ne bougea, et cette nuit-là T'ai-tsong dormit en paix.

Le lendemain venu, l'empereur les remercia avec effusion, et dès ce jour sa maladie commença à diminuer d'intensité. Il en fut de même pendant la deuxième nuit de garde et ainsi de suite. L'empereur eut du scrupule de fatiguer ainsi ses deux braves généraux. Il convoqua ses ministres et leur tint ce langage :

— Mes deux généraux se fatiguent en passant la nuit sans sommeil à garder la porte de mon palais ; je veux qu'on fasse venir un artiste qui peigne un portrait exact de ces deux braves, et qu'on les colle sur la porte d'entrée, nous verrons si cela ne suffira pas.

Les ministres obéirent et deux peintres firent le portrait des deux généraux ; on afficha l'image sur les portes, et pendant deux ou trois jours on n'entendit plus aucun vacarme insolite à la porte du palais.

Mais voilà que des coups de briques et de tuiles se firent entendre à la porte en arrière des appartements. T'ai-tsong manda ses ministres et leur dit :

— Depuis plusieurs jours tout était calme pendant la nuit, mais hier, le bruit a recommencé à la porte de derrière, j'en ai été épouvanté.

Le ministre Siu Meou-kong & reprit :

— Il a suffi de placer les deux braves généraux ici présents devant la porte d'entrée pour écarter toute les diableries ; puisqu'elles recommencent à la porte d'arrière, il suffira que Wei-tcheng votre ministre, y monte la garde, pour que tout cesse aussitôt.

Wei-tcheng reçut donc l'ordre d'y aller la nuit suivante. Au soir, il revêtit sa cotte de mailles et prit son sabre, et aucun diable n'osa se montrer devant ce héros : la nuit fut parfaitement tranquille. C'est ainsi que la maladie de l'empereur disparut.

De cet exposé on peut voir pourquoi le ministre de T'ang-t'ai-tsong Wei-tcheng, est quelquefois lui aussi honoré comme gardien des portes.

Le peuple imita peu à peu l'empereur T'ang-t'ai-tsong ; on répandit à profusion l'image plus ou moins ressemblante de ces braves guerriers, et la coutume de les coller sur les portes à l'époque de la nouvelle année devint presque universelle dans tout l'empire.

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Tong-fang-cho, Patron des orfèvres

Henri DORÉ (1859-1931), Recherches sur les superstitions en Chine, II, Le panthéon chinois. Chap. VI, Dieux protecteurs et Patrons. Variétés sinologiques n° 46, Zi-ka-wei, 1916. Patron des orfèvres.
Tong-fan-cho, dieu des orfèvres, vole les pêches de Si-wang-mou.

Son père habitait Lei-ts'e à P'ing-yuen et s'appelait Tchang-i, son prénom était Chao-p'ing ; il eut pour mère une femme de la famille T'ien. Il naquit le premier jour de la XIe lune, pour ce motif on lui donna le nom de Cho, premier de la lune. Trois jours après, sa mère mourait, et son père le jeta sur la voie publique, une vieille voisine l'emporta chez elle et le nourrit comme son propre fils. Au moment où elle le trouva, l'aurore illuminait l'Orient de ses premiers feux, elle lui donna pour nom de famille l'Orient, Tong-fang, il ne fut plus désormais appelé que Tong-fang-cho, son autre nom était Man-ts'ing. Son père quitta le pays l'année suivante. Dès trois ans l'enfant semblait entretenir des conversations avec le ciel ; à 6 ans il disparut et quand il revint plusieurs mois après, sa mère adoptive lui ayant demandé d'où il venait, il répondit qu'il avait fait la rencontre de Kou-pou-tse de Ho-kien, qui venait, disait-il, de passer au rang des immortels, et remplissait la charge d'officier du Très Haut ;

— Et, ajouta-t-il, il m'a donné la carte de l'île de P'ong-lai (séjour des Immortels).

Sa mère taxa ce récit de mensonge et ne lui permit plus de sortir. Une année après il disparaissait de nouveau, et, cette fois, il fut absent un an entier. Sa mère se fâcha et le réprimanda vertement. L'enfant lui raconta que Tong-wang-kong lui avait envoyé un courrier pour l'appeler et lui donner à manger une pilule d'immortalité ;

— Il y avait encore des poires, des friandises, j'en ai tant mangé que je pensais en mourir, mais une demi-potion de rosée jaune du ciel primitif a suffi pour me remettre en bon état. Pendant mon voyage de retour, un soir je rencontrai un tigre qui me mordit la jambe, je tombai à terre ne pouvant plus bouger.

Je vis alors une vieille au visage carré, qui cueillait des feuilles de mûrier sur les bords de la mer du Nord, et un vieillard nommé Hoang-yué qui me dit en désignant la vieille : « Cette vieille fut mon épouse et ta mère ; pour toi, tu es l'esprit de la planète Vénus qui s'est incarné dans son sein, c'est pourquoi je viens aujourd'hui m'entretenir avec toi ».

Il raconta à son père tout étonné de le trouver à des dizaines de mille de sa demeure, comment Tong-wang-kong l'avait appelé, et lui montra la morsure que le tigre lui avait faite à la jambe. Sa mère émue à ce récit, déchira un morceau de toile bleue, et lui pansa sa blessure, puis les deux vieux disparurent sur la mer du Nord. L'enfant reprit sa route ; voyant que sa blessure ne le faisait plus souffrir, il enleva le morceau de toile, qui fut changé en un dragon et s'envola dans les cieux. Sa mère adoptive ne crut pas un mot de toute cette aventure ; l'enfant avait dix ans quand elle mourut, elle laissait un fils qui prit soin de son petit adopté. Tong-fang-cho se distingua entre tous par son intelligence vraiment supérieure.

Han-ou-ti, l'année koei-mao, 3e année de Kien-yuen, 138 av. J. C., lança un édit invitant tous les hommes capables à se présenter pour les charges officielles, Tong-fang-cho rédigea une pétition, où il racontait sa vie en détail. On y lisait entre autres choses, qu'à 12 ans il avait appris l'escrime au sabre, à 16 ans il avait appris 220.000 vers, à 19 ans 220.000 caractères des livres traitant des exercices militaires ; à l'époque où il écrivait, il avait 22 ans, et était haut de 9 pieds 3 pouces ; il comparait sa bouche à la voie lactée, tant il était beau parleur ! Il fut choisi pour remplir un office au palais, s'attira la bienveillance de l'empereur, qui écoutait volontiers ses observations, lui faisait des cadeaux et l'admettait souvent à sa table. Le dîner terminé, Tong-fong-cho emplissait ses poches de mets, ses habits étaient tout graisseux. Avec l'or que l'empereur lui avait donné en cadeau, il acheta une femme à Tchang-ngan, en trois ans il eut trois garçons ; quand les enfants furent sevrés, il congédia cette femme et lui conseilla de trouver un autre mari : on le crut fou. Un autre auteur prétend qu'il changeait tous les ans de femme.

Un braconnier ayant tué un des cerfs du parc impérial, Ou-ti voulait le faire décapiter. Tong-fang-cho dit alors à l'empereur :

— Cet homme a mérité la mort bien certainement et pour trois raisons : 1° Une vie de cerf ne peut être compensée que par une vie d'homme ; 2° parce que personne n'ignore que Votre Majesté met la vie de ses cerfs bien au-dessus de la vie de ses sujets ; 3° parce que Votre Majesté avait l'intention d'envoyer ses cerfs combattre l'armée des rebelles, qui menacent la sécurité de l'empire.

Vite qu'on amène le braconnier et qu'on l'exécute, ajouta Tong-fang-cho.

L'empereur comprit la leçon et s'écria :

— Non, non, je lui pardonne.

La nourrice de l'empereur s'étant rendue coupable d'une faute, allait être exécutée ; elle alla trouver Tong-fang-cho et le pria de la sauver.

— C'est fort scabreux de discuter avec l'empereur sur un tel sujet, reprit-il, quand vous vous retirerez après l'audience impériale, ne dites pas un mot, contentez-vous de remuer la tête.

Tong-fang-cho qui se trouvait à côté de l'empereur quand elle se retirait, lui dit :

— Tu es folle, comment peux-tu bien croire que l'empereur se souvient encore des bienfaits qu'il a reçus de ta part ?

Han-ou-ti reconnut sa méprise et lui fit grâce.

L'empereur était partisan avéré du taoïsme, et toujours à la recherche des immortels ; Tong-fang-cho lui conseilla de se retirer dans son palais et d'y vivre dans la retraite, l'assurant que les immortels viendraient eux-mêmes l'y trouver. En effet Si-wang-mou se fit annoncer pour le 7e jour de la VIIe lune ; quand la déesse fut entrée, Tong-fang-cho regarda par la fenêtre pour être témoin de l'entretien. Wang-mou dit à l'empereur en montrant le curieux :

— Cet espiègle m'a déjà volé mes pêches par trois fois. Déjà il était passé au rang des Immortels et remplissait une charge importante à la cour de T'ai-i-tchen-jen, mais il abusait constamment de la foudre et des vents pour susciter des tempêtes dans la mer, les routes étaient pleines de dragons. Lao-kiun pour le punir le fit réincarner sur terre.

L'empereur le gratifia d'un titre canonique.

L'empereur avait ordonné qu'on distribuât à ses officiers les viandes qui avaient été offertes en sacrifice ; avant que les ministres n'eûssent reçu leur part, Tong-fang-cho coupa un morceau de la victime avec son sabre et l'emporta ; on l'accusa, et l'empereur lui commanda de choisir lui-même la punition convenable. Il se mit à genoux devant l'empereur et lui dit :

— Un édit de Votre Majesté m'accorde une portion de la victime, à quoi ai-je manqué en la prenant ? J'ai montré du courage, l'ai coupée avec mon sabre ; j'ai été sobre, je n'en n'ai pas pris beaucoup ; j'ai fait une œuvre de charité, je l'ai donnée à ma femme.

L'empereur lui dit en riant :

— Je vous ai donné une punition, et vous me contez vos vertus !

Le tao-che Loan-pa, à Kiun-chan, prétendit avoir reçu du vin des Immortels en cadeau ; il en offrit à l'empereur qui le fit sceller et placer dans la salle du trône, pour le boire le lendemain après le sacrifice. Tong-fang-cho était du service ce jour-là et devait coucher dans la salle ; il ouvrit ma bonbonne, but copieusement du vin des Immortels, et s'endormit ivre. L'empereur furieux se proposait de le faire mourir, mais il attendit son réveil pour porter la sentence, et ce ne fut que le troisième jour qu'il reprit connaissance. Tong-fang-cho dit à l'empereur :

— J'ai commis une faute, je mérite la mort, mais ce vin des Immortels est très puissant, si vous me tuez, je ne mourrai pas ; si vous arrivez à me faire mourir, c'est donc qu'il n'a pas la vertu de conférer l'immortalité.

L'empereur se mit à rire et lui pardonna encore sa faute...

L'an ou-tse 93 av. J. C., l'arbre sonore de Tong-fang-cho se rompit, il comprit que l'heure de sa mort était proche ; il fit donc venir ses trois fils Ts'i, Ki et T'an, puis il dit aux deux premiers :

— Vous garderez pour nom de famille le nom de Tchang et T'an prendra pour nom de famille Tong-fang.

Un dragon vert descendit des cieux, prit Tong-fang-cho sur son dos, et s'envola au ciel. Avant de mourir il avait dit à l'empereur que seul Ta-ou-kong connaissait son origine ; aussi l'empereur questionna-t-il Ta-ou-kong dès que Tong-fang-cho fut mort.

— Depuis 69 ans, reprit Ta-ou-kong, on ne voyait plus au ciel l'étoile Soei-sing ; depuis hier elle a reparu, c'était le jour où mourut Tong-fang-cho.

On sut ainsi qu'il était une incarnation de l'étoile Soei-sing.

Il y a donc deux opinions sur son origine : on le donne comme un avatar de Soei-sing dans plusieurs ouvrages, en particulier dans le Fong-sou-t'ong-yun ; plus généralement il est considéré comme une réincarnation de l'esprit de la planète Vénus, Kin-sing, la planète de l'or, et tous les orfèvres l'honorent comme leur dieu patron.

L'empereur fit enterrer le chapeau et les habits de Tong-fang-cho sur la colline de Tchong-k'ieou à P'ing-yuen.

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Li-t'ai-pé et les Immortels ivrognes

● Li-t'ai-pé

Le chef de bande est le poète Li-pé, plus connu sous le nom de Li-t'ai-pé, son prénom était Ts'ing-lien. Issu d'une famille princière, il vint au monde à Pa-si au Se-tch'oan, 705 ap. J. C. On raconte qu'avant la naissance de cet enfant, sa mère vit en songe l'esprit de la planète Vénus T'ai-pé-kin-sing et ce fut, paraît-il, l'origine de son nom T'ai-pé, qu'il reçut en mémoire de cette vision.

À dix ans il était déjà poète, plus tard les voyages et le plaisir furent à peu près sa seule occupation ; il fit un voyage au Chan-tong, et se lia d'amitié avec une pléiade de jeunes viveurs, donc cinq sont restés célébrés. Li-t'ai-pé et ces cinq compagnons de joie formèrent la société des buveurs, resta célèbre sous le nom de Tchou-k'i-lou-i : Les six solitaires de la rivière des bambous.

Voici les noms de ces premiers compagnons buveurs : K'ong-tchao-fou, Han-tchoen, Fei-tcheng, Tchang-chou-ming, T'ao-mien.

La renommée de son merveilleux talent pour la poésie parvint jusqu'à la cour ; on hésita beaucoup à l'y appeler à cause de son ivrognerie non moins connue que ses vers, enfin le plaisir de posséder un poète si spontané l'emporta.

Un grand officier de la cour, nommé Ho-tche-tchang, peu scrupuleux en pareille matière, déclara à l'empereur T'ang-hiuen-tsong que Li-t'ai-pé était un immortel banni des cieux sur cette terre, et en 742 ap. J. C., le poète était admis au palais de Tchang-ngan.

L'empereur fut si enthousiasmé de ses vers, qu'il daigna préparer de ses mains des mets qu'il offrit à Li-t'ai-pé. Sa passion pour le vin et les plaisirs ne faisait que croître, il était presque toujours ivre, mais son admirable talent ne lui faisait jamais défaut ; à point nommé, même dans un état de demi-ivresse, les plus belles poésies sortaient spontanément de ses lèvres, et soulevaient l'admiration de tout l'entourage impérial. Un jour T'ang-ming-hoang demanda son poète, on le trouva ivre selon sa coutume, il était tombé dans la boue, ses habits étaient dans un état déplorable. Vite on lui jette de l'eau froide sur le visage pour le faire revenir à lui, on fait sa toilette en toute hâte, et on l'introduit devant l'empereur. Ce fut, paraît-il, dans cette circonstance qu'il fit une de ses plus galantes poésies, en l'honneur de la trop fameuse Yang-koei-fei, la concubine chérie de son impérial maître. Une grande partie du succès prodigieux qu'il obtint au palais doit être attribuée aux poésies douces, qui ravissaient toutes les favorites du harem. Tant de succès finit par le perdre. L'empereur qui partageait les sentiments de ses concubines et l'honorait comme un demi-dieu, s'avisa d'ordonner au chef des eunuques nommé Kao-li-che, de se mettre à genoux pour retirer les bottes de Li-t'ai-pé, qui avait bu plus copieusement que de coutume. Le chef des eunuques se crut insulté, et résolut de le perdre dans l'esprit de l'empereur. Mieux que tout autre, il savait l'influence de la célèbre Yang-koei-fei sur les décisions de son souverain ; il persuada donc à cette favorite que Li-t'ai-pé composait pour ses intimes des satyres très malicieuses contre elle. C'en fut assez, il avait touché la corde sensible, et la calomnie produisit tous ses fruits.

T'ang-ming-hoang, qui avait déjà ouvert les portes de l'académie à son poète chéri, se proposait de lui confier une charge très honorable. Yang-koei-fei ourdit si bien ses intrigues, qu'elle finit par dissuader l'empereur de mettre son projet à exécution.

Li-t'ai-pé vit son étoile pâlir, et se retira de la cour avec plusieurs autres dignitaires ; l'empereur consentit à leur départ et leur donna même de fortes sommes d'argent pour subvenir à leurs besoins. Tous ces démissionnaires formèrent avec Li-t'ai-pé la mémorable société des Tsieou-tchong-pa-sien, ou des huit immortels buveurs.

Plus tard le prince Ling, fils de T'ang-ming-hoang par une de ses concubines, profita de la révolte de Ngan-lou-chan pour lever une armée à Nan-king ; en 756 il se révolta, mais fut vaincu, prit la fuite et périt près du lac Po-yang.

Li-t'ai-pé fut accusé d'avoir trempé dans la révolte, et allait être condamné à mort ; ce fut Kouo-tse-i qui le sauva, et fit commuer la peine de mort contre l'exil.

Son parent Li-yang-ping le reçut à Tan-yang près de Nan-king.

Li-t'ai-pé passait le Yang-tse-kiang dans une barquette en face de la montagne de Ts'ai-che, 20 lys nord de T'ai-p'ing-fou, c'était le soir par un beau clair de lune ; le poète avait, selon son habitude, noyé ses chagrins dans de nombreuses coupes de vin, il vit l'image de la reine des nuits se refléter dans les eaux du grand fleuve. La vive imagination du poète fut émue par ce spectacle d'une belle nuit, et par le reflet argentin du disque lunaire, qui se jouait sur l'onde tout à côté de la barque. Li-t'ai-pé se leva, plongea la main dans l'eau pour le saisir et tomba dans le fleuve où il se noya, 762 ap. J. C. Son Ts'e-t'ang a été construit au pied de la petite montagne de Ts'ai-che sur le versant méridional. Les lettrés du pays aiment à faire des excursions sur les collines avoisinantes qui dominent le fleuve Bleu, et se livrent à des compositions poétiques en mémoire du Musset chinois. Des comédies sont jouées en son honneur, à certaines époques, devant son temple.

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Lou-pan, Patron des menuisiers, et le Fong-choei

Henri DORÉ (1859-1931), Recherches sur les superstitions en Chine, II, Le panthéon chinois. Chap. VI, Dieux protecteurs et Patrons. Variétés sinologiques n° 46, Zi-ka-wei, 1916. Patron des menuisiers
Lou-pan, Patron des menuisiers. Intendant du ministère des Travaux publics du ciel.

Dans le second volume de sa biographie, on donne la dimension que doivent avoir les tables, les chaises, les armoires, et tous les meubles d'usage, ensuite le jour où ces objets doivent être faits pour attirer le bonheur sur ceux qui s'en serviront. Pour la construction des maisons, on ne se contente plus de choisir un jour favorable, mais il faut encore prendre divers moyens d'écarter les influences pernicieuses du Fong-choei. Nous donnons ici les pratiques les plus ordinaires.

Au sommet du toit d'un édifice, on construit une petite logette de tournure élégante, qui sert en même temps d'ornement, et à l'intérieur on installe le maréchal des Tuiles, Wa-tsiang-hiun : il faut bien se garder de lui donner un siège en bois, ou de l'introniser un jour de pluie, sans quoi on s'attirerait des malheurs. On lui fait des sacrifices et il se charge de protéger la maison contre toutes les calamités qui la menacent.

Pierres préservatrices. — On indique les douze jours qui suivent le solstice d'hiver, comme très propices pour l'érection de ces pierres. La dernière nuit de l'année on leur offre trois morceaux de chair crue en oblation, puis le matin du premier jour de l'année à l'aube, on place les pierres en terre devant la porte de la maison ; il faut bien prendre garde d'être vu pendant qu'on les place.

Voici les dimensions qu'elles doivent avoir : 4 pieds 8 pouces de hauteur, 1 pied 2 pouces de largeur, 4 pouces d'épaisseur ; elles doivent être enfoncées en terre à une profondeur de 8 pouces. Dans ces conditions, elles sont un talisman souverain contre toutes les influences pernicieuses, soit qu'elles viennent des causes naturelles ou des démons.

La planchette sur laquelle on a fait graver une tête de fauve. —Cette planchette doit être clouée sur le mur, au-dessus de la fenêtre, ni trop haut, ni trop bas. Sa partie supérieure a 8 pouces de large, et est ornée des huit trigrammes. Sa partie inférieure n'a que 6 pouces 4 lignes, et elle a 1 pied 2 pouces de hauteur. Son but est d'effrayer les mauvais génies.

La planchette de bénédiction. — Quelquefois la figure de fauve précédemment décrite effraie les voisins qui se croient menacés, alors on peut la remplacer par la planchette que nous allons décrire. On écrit sur une tablette les quatre caractères T'ien-koan-se-fou Que le maître du ciel t'accorde le bonheur ! Avec l'autorisation des voisins on cloue cette planchette sur le mur qui se trouve en face de la porte d'entrée.

La planchette Tout bon ! I-chan. — Elle a le même but que la précédente, écarter toutes les adversités et appeler tous les bonheurs. Elle se place aussi en dehors de la maison, devant la porte. Quand on la place, il faut faire en sorte que les voisins ou des amis arrivent, et lisent à haute voix ces deux caractères, ainsi on s'assure qu'elle sera vraiment efficace.

Henri DORÉ (1859-1931), Recherches sur les superstitions en Chine, II, Le panthéon chinois. Chap. VI, Dieux protecteurs et Patrons. Variétés sinologiques n° 46, Zi-ka-wei, 1916. Planchette.

L'inscription à Kiang-tse-ya. — Pendant le travail des fondations et de la construction d'une maison on suspend l'inscription ainsi conçue :

« Kiang-t'ai-kong est ici. Rien à redouter du ciel, rien à redouter de la terre, rien à craindre des deux principes In Yang. Rien absolument à craindre. »

Ces sortes d'inscriptions sont très employées parmi les païens.

Le miroir à image renversée. — Si une tour, une construction quelconque constituent une menace contre la nouvelle maison en construction, on suspend un miroir au haut d'un mat, et disposé de telle sorte que l'image de l'obstacle y apparaisse renversée, alors il n'y a plus à s'en inquiéter, toute construction tombée, tout obstacle renversé ne peuvent plus nuire.

Le plus ordinairement, on suspend un crible à la place du miroir ; ce crible, avec ses innombrables trous, épouvante les démons, qui prennent ces trous pour des yeux braqués sur eux.

Le mât porte-bonheur. — Si le Fong-choei d'une habitation se trouve menacé par un arbre élevé, une tour, une maison à étage, un mât etc., alors on plante un grand mât, au sommet duquel est suspendu un petit édicule en bois. Dans cette logette est exposée une petite tablette, sur laquelle sont écrits les mots : Tse-wei-yuen maisonnette de l'étoile Tse-wei. La nuit, à l'aide d'une poulie, on y hisse une lanterne, sur laquelle on a écrit : P'ing-ngan, la paix. Plus rien à craindre désormais.

Le tigre ailé. — On le dessine soit sur une feuille de papier, soit sur une planchette, puis cette image est placée au point menacé pour défendre l'habitation.

10° Le rocher en mer. — Un talisman à la fois artistique et efficace, c'est le tableau d'un rocher battu par les flots de la mer, on écrit comme exergue : Chan-hai-tchen, Les montagnes et la mer gardent (ma maison).

11° L'image de P'i-t'eou-koei. — Si l'image du diable P'i-t'eou-koei est placée dans la colonne du milieu d'un appartement, il n'y aura personne à mourir dans la maison actuellement en construction.

12° L'enfouissement d'un petit cercueil. — Une petite miniature de cercueil est enfouie sous les dalles de la pièce principale de l'édifice en construction. De grâce, épargnez-nous, semble-t-on dire, déjà un membre de la famille est mort, ne nous frappez pas d'un nouveau deuil.

13° Un fragment de bol et un bâtonnet. — Toute famille qui cache un fragment de bol et un bâtonnet au-dessus de la poutrelle qui domine la porte d'entrée, sera assurée d'avoir le nécessaire pour sa subsistance, jamais un de ses membres ne se verra réduit à la mendicité.

14° Un morceau de bois, lié avec une ficelle. — Il suffira d'enfouir en terre un morceau de bois, lié avec une ficelle, pour que tous ceux qui habiteront cette maison ne pensent jamais à se pendre, s'il survient des désagréments et des disputes.

15° Deux couteaux. — Deux couteaux ou deux sabres, déposés dans la terre en face de la porte d'entrée, empêcheront les brigands de dévaliser les propriétaires du nouvel immeuble.

16° Deux sapèques. — Deux sapèques placées sur les deux bouts de la maîtresse poutre de l'appartement, sont un gage de richesse. Les caractères doivent être tournés vers la terre.

47° Les sept clous. — Sept clous sont empaquetés et cachés dans un trou, creusé dans une des colonnes de la maison ; tant qu'ils resteront tous dans cette cachette, la famille sera unie, mais si l'un venait à disparaître, un des habitants mourrait.

18° Le pinceau et le bâton d'encre. — Un pinceau et un bâton d'encre de Chine, cachés dans les murs d'une nouvelle maison, donnent le gage certain que la famille sera riche, et que les enfants, après avoir subi leurs examens avec succès, arriveront aux charges officielles.

19° Le caractère k'eou. — Le caractère k'eou bouche, tracé sur la porte, préviendra les procès et les conflits, qui d'ordinaire arrivent par suite d'une intempérance de langage.

20° Le caractère tsieou. — Ce caractère est écrit sur une des faces de la pièce de bois qui forme le seuil de la porte, et soigneusement dissimulé dans l'un des joints. S'il arrive des procès, des litiges, aucun des habitants de la maison n'aura à craindre la prison. Le caractère ts'ieou signifie prisonnier.

21° Une mèche de cheveux enroulée autour d'un couteau, et cachée sous le seuil de la porte, donne le gage qu'aucun des enfants ne sera obligé de se couper les cheveux, et de se faire bonze pour assurer sa subsistance.







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