Albert Tschepe, s. j. (1844-1912)
HISTOIRE DU ROYAUME DE TCH'OU
(1122-223 avant J.-C.)
Variétés sinologiques n° 22,
Mission catholique, T’ou-sé-wé, Chang-hai, 1903, 6+402 pages+ 1 carte+1 tableau.
- Ses débuts sont légendaires ; nous rapporterons cependant ce qui en est écrit. La maison royale de Tch’ou prétendait descendre de Tchoan-hiu, fils de Tch’ang-i, et petit-fils du premier empereur chinois, le fameux Hoang-ti ou l’Empereur jaune.
- S’il faut en croire les historiens, c’est à partir de cet empereur Tch’eng-wang que commença le fonctionnement régulier et parfait de la dynastie Tcheou. Il y avait alors parmi les vassaux treize grands États ; leurs princes portaient un des cinq titres en usage à cette époque ; à savoir : kong (duc), heou (marquis), pé (comte), tse (vicomte), nan (baron). Les petites principautés se comptaient par milliers. Il paraît que, malgré leur nombre, tous ces princes étaient de vrais modèles de vertu : très soumis, très fidèles envers l’empereur ; très bons, très paternels envers leurs sujets : c’était l’âge d’or de la Chine !
-
C’est à l’année 722 que commence la fameuse chronique de Confucius intitulée Tch'ouen-ts’ieou. C’est elle qui désormais, avec les commentaires de Tsouo-k’ieou
Ming, nous fournira de plus amples détails sur le royaume de Tch’ou.
Extraits. Quelques petites anecdotes : Sur Tchoang-wang (613-591) - Sur Kong-wang (591-560) - Sur le traité d’alliance de
258
Noms de clan, de famille, de personne
Feuilleter
Télécharger / Lire aussi
Le fidèle conseiller et premier ministre de Tchoang-wang était Suen-chou-ngao, fils du seigneur Pé-yng ; après l’éclatante victoire de Pi, le roi voulut récompenser ce bon serviteur, et lui
donner un fief ; celui-ci refusa absolument ; quand il fut sur le point de mourir, il appela son fils et lui dit :
— Le roi voudra certainement vous donner un beau fief ; refusez ; acceptez seulement une contrée rocailleuse, comme Tsing-k’ieou dont le nom même est de mauvais augure (tsing signifie tombeau) ;
personne ne vous jalousera.
Il arriva comme il le désirait ; son fils reçut le territoire désigné. C’était un proverbe au pays de Tch’ou que les grandes dignités, les grandes richesses, ne passaient pas au-delà de deux
générations. Seule la famille de Suen-chou-ngao a conservé les unes et les autres jusqu’à ce jour ! Qui sait se modérer dure longtemps.
* * * * * * *
Yen-wang, prince de Siu, était un homme si éminent que 32 roitelets vinrent le saluer et lui faire hommage. Wang-suen-li, grand officier de Tch’ou, dit à Tchoang-wang :
— Si votre Majesté ne fait pas la guerre à Yen-wang, elle finira par aller aussi lui rendre hommage!
— Impossible de lui déclarer la guerre, répond le roi ; c’est un prince accompli, aimant la justice, l’humanité !
L’officier insista :
— J’ai ouï dire aux anciens que les grands près des petits, les forts près des faibles, sont comme des pierres près des œufs, des tigres près des porcs ; ces derniers périssent nécessairement ;
quiconque fait profession de civilisation, et ne sait pas s’adapter à son temps, quiconque fait profession des armes et ne les fait pas prévaloir, est en contradiction avec soi-même ; il
n’évitera pas les malheurs !
Tchoang-wang trouva la raison bonne ; il fit la guerre à la principauté de Siu, et se l’annexa.
Le roi de Ts’i avait envoyé comme ambassadeur le philosophe Yen-tse, qui était chétif et de petite taille ; les gens de Tch’ou pensèrent s’amuser de lui ; ils voulaient donc le faire entrer par
une des petites portes du palais, au lieu de lui ouvrir la grande porte d’honneur ; mais Yen-tse leur dit avec malice :
— Ceux qui sont envoyés à une cour de chiens passent par la porte des chiens ; moi, j’ai été envoyé à la cour de Tcheou, je ne passerai pas par ce trou !
Il fallut donc l’introduire par la porte d’honneur.
Pendant l’audience, le roi de Tch’ou lui demanda :
— Votre prince n’a donc personne auprès de lui, puisqu’il a été obligé de vous confier cette ambassade !
Yen-tse lui répondit :
— Notre capitale Ling-tche est entourée de trois cents hameaux, dont la population est si dense que si les gens étendaient leurs manches ils obscurciraient le soleil ; s’ils jetaient leur sueur,
ils feraient une pluie ; leurs épaules se touchent ; leurs talons se pressent : en vérité, la population grouille !
— S’il en est ainsi, reprit le roi, pourquoi vous a-t-on choisi ?
— Chez nous, dit Yen-tse, c’est le prince qui est le maître ; c’est lui qui assigne à chacun son poste; auprès des cours sages, il envoie des sages ; chez les gens grossiers, il envoie des
rustauds; voilà pourquoi moi, l’homme le plus intime, j’ai été envoyé ici.
Voilà une preuve que les Grecs n’avaient pas le monopole des facéties.
Quand à la cour de Tch’ou on apprit que Yen-tse allait venir en ambassade, le roi dit à son entourage :
— Cet homme est de tous les gens de Ts’i celui qui a la langue la mieux pendue ; il faut trouver le moyen de lui faire perdre la face affreusement.
Quelqu’un proposa le stratagème suivant :
— Quand il sera en audience, nous lierons un individu ; nous passerons devant votre Majesté ; vous demanderez qui est cet homme ? nous répondrons : c’est un étranger de Ts’i ; vous demanderez ce
qu’il a fait ; nous dirons : c’est un voleur !
Ainsi fut fait. Pendant que Yen-tse était à boire le vin, on amena le prétendu larron : le roi demanda :
— Les gens de Ts’i sont-ils donc si fameux voleurs ?
Yen-tse se leva respectueusement de sa natte et répondit :
— J’ai ouï dire que les oranges des pays au sud de la Hoai sont de vraies oranges ; celles qui mûrissent dans les contrées au nord de ce fleuve, sont des fruits amers et acides ; les feuilles
seules sont les mêmes dans les deux régions : ainsi en est-il des hommes ! ceux qui grandissent dans le pays de Ts’i sont honnêtes ; ceux qui passent au pays de Tch’ou deviennent des fripons ;
c’est le climat qui cause cette différence !
Ainsi, c’est le roi lui-même qui perdait la face : il finit par en rire, et dit à son entourage :
— Il ne faut pas s’attaquer à un saint ; vous voyez comment la honte en est tombée sur nous !
Un autre jour, étant à table, on servit des oranges ; chacun avait un couteau recourbé pour les peler, et pour en tailler des tranches. Yen-tse attendit quelque temps, puis se mit à manger une
orange sans la peler ni la tailler ; le roi lui en fit l’observation ; le malin lettré lui répondit :
— On m’a enseigné que si l’on dîne à la cour, on ne doit peler ni melon ni pêche, ni orange, ni les tailler en quartiers à moins d’y être invité par le roi ; j’ai attendu les ordres de votre
Majesté ; voyant qu’elle ne disait mot, je me suis mis à manger une orange sans la peler.
Ainsi le philosophe donnait encore une leçon d’étiquette au roi lui-même.
En 258, le prince de Tchao se voyait en grand péril ; l’armée de Ts’in guerroyait chez lui, et menaçait d’anéantir ses États. Il ordonna au seigneur de P’ing Yuen-kiun, son frère, d’aller en
ambassade à la cour de Tch’ou former une nouvelle ligue, et demander du secours. Vous savons la valeur de telles conventions ; chacun des confédérés donnait son nom, mais il cherchait avant tout
son intérêt privé ; il n’y avait pas d’action commune décisive pour le bien commun. Aussi, le roi de Ts’in avait beau jeu ; il attaquait les ligueurs l’un après l’autre, s’emparait de quelqu’un
de leurs territoires, et devenait de jour en jour plus menaçant envers tous.
Avant de se mettre en route, le seigneur de P’ing-yuen fit savoir à ses familiers qu’il voulait avoir, dans son escorte, vingt hommes remarquables et courageux, pour l’aider à accomplir dignement
sa mission. Or, parmi ces milliers de parasites, lettrés ou guerriers, il ne se trouva que dix-neuf hommes dans les conditions voulues. C’est alors qu’un certain individu nommé Mao-soei se
présenta pour compléter le nombre de vingt.
P’ing-yuen lui dit :
— Depuis combien d’années mangez-vous mon riz ?
— Depuis trois ans, j’ai l’honneur d’être auprès de votre seigneurie, répondit Mao-soei.
— Je n’ai point encore entendu parler de vos qualités éminentes, repartit P’ing-yuen ; cependant, d’après le proverbe, un homme remarquable est comme une aiguille dans un sac ; il attire bientôt
l’attention sur soi ; depuis trois ans votre talent ne s’est pas encore fait jour ; c’est qu’il est bien médiocre ; vous ne pouvez me suivre à la cour de Tch’ou ; restez tranquillement chez
vous.
— Si je ne me suis pas fait remarquer, répliqua Mao-soei, c’est que votre seigneurie n’a pas encore eu recours à mes services ; mettez-moi dans le sac ; non seulement la pointe percera, mais
encore l’aiguille entière apparaîtra foncièrement bonne.
Content de cette réponse, P’ing-yuen admit le familier parmi les gens de sa suite. Les dix-neuf autres riaient sous cape de voir un si pauvre sire honoré d’une telle distinction ; ils se
promettaient de se divertir à ses dépens ; mais ils furent bien détrompés quand ils le virent à l’œuvre !
Quand le seigneur de P’ing-yuen fut arrivé à la cour de Tch’ou, il exposa tous les avantages de la ligue, tous les dangers d’un refus, apportant tous les arguments pour et contre ; ayant commencé
l’entretien au lever du soleil, à midi il n’avait encore rien obtenu. Les dix-neuf héros dirent à Mao-soei : voici le moment de montrer votre talent ! allons, en avant !
Celui-ci tira son épée, monta les degrés de la salle, et dit à P’ing-yuen :
— Il suffit de deux mots pour montrer tous les avantages de la ligue, et les malheurs d’un refus ; votre seigneurie parle depuis ce matin sans résultat ; pourquoi cela ? où en est la cause
?
K’ao Lié-wang furieux de cette audace lui cria :
— Que viens-tu faire ici ? Je parle à ton maître ; cela ne te regarde pas ; va-t’-en !
Mao-soei, l’épée en main, s’avança jusque devant le roi :
— Votre Majesté, lui dit-il, ose me maudire, parce qu’elle se repose sur le nombre de ses soldats ; mais, à ce moment, sa vie est entre mes mains ; et elle ose me mépriser, m’injurier en présence
de mon seigneur et maître ! Je n’admets aucun de vos prétextes ! L’empereur T’ang n’eut d’abord qu’un territoire de soixante-dix li d’étendue ; cependant il finit par devenir le maître de la
Chine ; l’empereur Wen-wang n’eut d’abord qu’un territoire de cent li ; il soumit pourtant tous les vassaux; est-ce que ces deux grands hommes avaient tant de troupes ? Votre royaume a cinq mille
li d’étendue ; vous pouvez en un moment mettre cent mille hommes en ordre de bataille ; avec une telle armée, vous pouvez subjuguer tous les princes de la Chine ; aucun ne peut vous résister. Le
général Pé-k’i, de Ts’in, n’est qu’un enfant, comparé à vous ; comment donc a-t-il pu, avec ses quelques milliers de misérables soldats, venir livrer bataille à une armée comme la vôtre? Comment
a-t-il pu, dans une première invasion, prendre les villes de Yen et de Yng ? dans une seconde, brûler I-ling ? dans une troisième, brûler les tombeaux de vos ancêtres ? Pareilles atrocités
suffisent pour créer entre vos deux pays des inimitiés qui ne s’oublient pas pendant cent générations ! Notre royaume de Tchao lui-même a été indigné en apprenant une telle barbarie ; et votre
Majesté n’en ressentirait aucune honte ! Si nous voulons cette ligue, c’est pour le bien de votre royaume, non pour le nôtre ; et vous osez me maudire, en présence de mon seigneur et maître
!
K’ao Lié-wang se hâta de répondre :
— Oui, oui, ce que vous dites là est bien vrai ! Je vous suivrai donc avec mes troupes !
— Est-ce bien convenu ? reprit Mao-soei ; consentez-vous à faire avec nous un traite d’alliance ?
— Oui, c’est entendu répondit le roi.
Sur ce, Mao-soei s’écria devant l’entourage :
— Apportez du sang de coq, de chien et de cheval ; nous allons de suite faire le serment !
Prenant en main une cuvette de cuivre, il y versa le sang, se mit à genoux devant le roi et lui dit : que votre Majesté se frotte les lèvres ; ensuite ce sera le tour de mon maître, puis le mien
!
C’est ainsi que Mao-soei réussit à faire conclure un traité d’alliance, dans le palais même de K’ao Lié-wang. Quand il eut fini, il fit signe à ses dix-neuf compagnons d’approcher, leur tendit la
cuvette en disant :
— Vous autres, vous êtes ici pour faire nombre, et rien de plus ! Allez vous frotter les lèvres, en dehors de cette salle !
Le seigneur de P’ing-yuen retourna dans son pays ; là, il sentit, paraît-il, le besoin de s’excuser devant Mao-soei de n’avoir pas plus tôt découvert ce génie caché :
— Je n’oserai plus, lui dit-il, me flatter de ma perspicacité : je croyais qu’aucun homme de valeur ne pouvait échapper à mon coup d’œil ; je m’étais trompé ! A la cour de Tch’ou, Mao-soei a fait
pencher la balance de nos intérêts, plus que ne l’auraient pu faire les neuf trépieds et les grosses cloches de l’empereur ; avec ses trois pouces de langue il s’est montré plus fort que les
généraux et les guerriers de toute la Chine ! Non vraiment, je ne me flatterai plus d’être un connaisseur d’hommes ; puisque je n’avais pas su distinguer celui-ci !
Le lecteur a déjà compris que cet éloge enthousiaste est sorti du pinceau de l’historien ; la langue du seigneur de P’ing-yuen à dû être beaucoup plus discrète ; si K’ao Lié-wang avait promis son
concours à la ligue, il y avait encore un autre intercesseur intéressé à cette conclusion favorable : le prince de Tchao avait offert un cadeau magnifique au premier ministre de Tch’ou, le
seigneur de Tch’oen-chen ; il lui avait donné en fief le territoire de Ling-k’ieou ; ayant accepté un tel présent, le premier ministre avait exhorté son maître, et K’ao Lié-wang avait accordé ce
qu’on désirait ; les choses s’étaient passées bien plus prosaïquement que l’historien, ou plutôt le lettré, ne le donne à entendre. Quoi qu’il en soit, Mao-soei devint dès lors le chef des
familiers du seigneur de P’ing-yuen.
Kou Yen-ou, dans son ouvrage intitulé Je-tche-lou, vol. 23, distingue les noms ainsi qu’il suit :
Le sing = (clan, tribu, race) c’est le nom de clan, réservé aux princes.
Le che = (famille) c’est le nom réservé aux patriciens, aux familles nobles, qui, par droit de naissance, avaient accès aux fonctions publiques.
Le ming = (individu) c’est le nom personnel, donné aux roturiers, à la plèbe.
Dans l’histoire, on trouve parfois deux noms de clan, donnés au même personnage ; probablement parce qu’on avait oublié auquel des deux il appartenait. Ainsi, le premier empereur, Hoang-ti, porte
les deux noms de clan Kong-suen et Ki ; l’empereur Choen, ceux de Koei et de Yao.
Quand on nommait un homme, on ne l’appelait pas par son nom de clan, mais par celui de sa famille.
Quand on nommait une femme, on l’appelait par son nom de clan. On voulait par là indiquer, qu’on avait observé la loi sacro-sainte, qui interdisait de prendre femme dans son propre clan.
Dans la chronique de Confucius, intitulée Tch’oen-tsi’eou, il y a cent-vingt-quatre royaumes ou États mentionnés ; mais il n’y a que vingt-deux noms de clan (sing) ; et ceux-ci descendent tous
des « cinq empereurs », source pure de race chinoise, à savoir :
1° T’ai-hao (le grand éclat), dont le nom de famille (che) est Fou-hi, et le nom de clan est Fong.
2° Yen-ti, dont le nom de famille (che) est Chen nong ; le nom de clan, Kiang.
3° Hoang-ti, dont le nom propre (individuel ?) était Hien-yuen ; il eut pour nom de clan celui de Kong-suen ; et encore celui de Ki, parce qu’il avait habité le pays de Ki.
4° Chao-hao, (l’éclat secondaire).
5° Tchoan-hiu, appelé encore Kao-yang, du nom de sa résidence, dit-on ; car il y a bien des versions.
NOMS DE CLAN (SING)
1° Koei = fut le nom de clan de l’empereur Yu-choen ; il eut encore celui de Yao, parce qu’il habita ce pays. Koei est le nom d’une rivière, dans la province du Chan-si, au bord de laquelle
demeurait cet empereur. Il descendait lui-même de Tchoan-hiu ; sa postérité eut des fiefs dans le pays de Tch’en. De ce clan viennent les familles nominées Tch’eng et T’ien.
2° Se = nom de clan de la dynastie Hia, dont le fondateur est le grand Yu, qui descendait aussi de Tchoan hiu ; sa postérité eut des fiefs dans les pays de Ki, de Koei et de Yué.
3° Tsé = nom de clan de la dynastie Yn, qui descendait de Ti-k’ou ou Kao-sin ; sa postérité eut des fiefs au pays de Song. De ce même clan furent encore les familles suivantes ; Hoa, seigneur, Yo
et Yu. De même encore, les princes des sauvages appelés Siao-jong.
4° [a]Ki = nom de clan de la dynastie Tcheou, qui descendait de Hoang-ti. Le fameux empereur Ou-wang distribua des fiefs à ses nombreux parents, dans les pays de p.388 Koan, de Ts’ai, de Lou, de
Wei, de Tcheng, de Ou, de Yen, de Soei, etc. L’auteur en mentionne quarante-quatre ; et le commentaire en ajoute encore deux. C’est la famille qui régna dans le plus grand nombre de principautés
; et le nom le plus glorieux de toute la Chine. De ce même clan furent encore les familles Mong-suen, Ki-suen, Chou-suen, Ning, Yeou et Fong.
5° Fong = nom de clan des princes de Jen, de Sou, de Siu-kiu et de Tchoan-yu, descendants de T’ai hao.
6° Yng = nom de clan des princes de Ts’in, de Tchao, de Leang, de Siu, de Tan, de Kiang, de Hong, de Ko et de Mi, descendante de Chao-hao.
Quelques auteurs prétendent cependant, que ces princes venaient de Tchou-yong tandis que ceux de Yun, Ko et Kou descendaient de Chao-hao. Qui a raison ? — Le commentaire ajoute une autre version
; selon lui, on disait que Pé-i, le fameux ministre du grand Yu (ta yu), aurait reçu de cet empereur le nom de Yng, et serait l’ancêtre des princes de Ts’in, de Tchao et de Siu.
7° Ki = fut le nom de clan des princes de Kiu...
DES NOMS DE FAMILLE (CHE)
Le commentaire du livre des Rites (Li-ki) donne les remarques suivantes : Les princes féodaux, qui avaient pour ministre un membre de leur famille (t’ong-sing), lui accordaient, en récompense de
ses mérites, un nom de famille (che), comme par exemple : Kong-tse (fils du prince régnant) ; et à ses fils, celui de Kong-suen (petit-fils du prince régnant). Mais sa descendance ultérieure
n’avait plus le droit de marquer ainsi le lien qui la rattachait à la maison régnante.
En conséquence, les petits-fils et arrière-petits-fils avaient recours à une combinaison pour former leur che ; par exemple :
1° de leur père, ils adoptaient le prénom, soit le tse (ou tcheng hao), soit le hao (ou t’ai-hao). 2° ou bien ils adoptaient son nom posthume, c’est-à-dire son che ; 3° ou bien encore le nom de
la ville dont il avait été gouverneur ; 4° ou bien le nom de la dignité dont il avait été honoré. 5° s’ils étaient expatriés, ils prenaient le nom de leur pays ; 6° s’ils étaient les descendants
d’un roi détrôné, ils prenaient le nom de la principauté anéantie.
Les fils de la femme légitime prenaient, à l’âge de cinquante ans, pour nom de famille celui de leur ordre de naissance : par exemple ; Mong-suen (équivalent de tchong-suen), c’est-à-dire l’aîné
des petit-fils ; Chou-suen, le second des petits-fils ; Ki-suen, le troisième des petits-fils ; noms que l’on trouve si souvent dans l’histoire du duché de Lou.
Les cadets (chou-tse) ; ou fils de concubines, parvenus à l’âge de 20 ans, étant déclarés majeurs, et recevant le bonnet (chapeau) viril, prenaient pour nom de famille le prénom ordinaire qu’ils
avaient reçu à leur adolescence ; par exemple : Tchan ou Tsang.
Quant aux nobles, qui n’étaient pas de la famille régnante, ils prenaient, pour leur che, le nom de la dignité de leur père, ou de leur grand-père ; ou encore le nom de la ville dont il avait été
gouverneur. C’est ainsi que l’on eut les familles Se-ma (ministre de la guerre), Se-tch’eng (gouverneur d’une ville) ; et encore les familles Han, Tchao, Wei, du nom de ces villes, dont les
ancêtres avaient eu le gouvernement.
Pour prétendre à l’honneur d’un nom transmissible à la postérité, il fallait être ou ministre ou grand dignitaire (K’ing), d’un mérite rare, d’une vertu exceptionnelle ; comme fut, par exemple,
Chou-suen Tai-tch’en, fils du prince Ya, et petit-fils du prince Hoan (années 662, 626, 604, annales du duché de Lou).
Si un membre de la famille régnante s’était distingué au service du pays, alors, même de son vivant, son appellation honorifique passait à sa descendance, comme nom de famille (che) ; ainsi, la
postérité du prince Siang-tchong reçut le nom de Tchong, c’est-à-dire fils, petit-fils, arrière-petit-fils... etc... du prince Tchong.
Si un membre de la famille régnante ne s’était pas distingué, après sa mort seulement, on lui donnait un nom que sa descendance pouvait se transmettre. C’est ce qui arriva au prince Ou-hiai ;
après sa mort, il reçut le nom honorifique Tchan, porté d’abord par son grand-père Kong Tse-tchan, et le passa ainsi à sa postérité.
Quant aux princes qui ne s’étaient pas distingués, quelquefois on ne leur donnait aucun nom honorifique, même après leur mort. Ainsi arriva-t-il pour les princes suivants : Hia en 714, Yeou en
701, et Ni en 691...
DES NOMS DE PERSONNE (MING)
Le Siao-ming ou Nai-ming = C’est le nom que les parents donnent à l’enfant, immédiatement après sa naissance, le petit nom ou nom de lait. Personne n’a le droit d’appeler quelqu’un de ce nom,
excepté les membres de la famille, c’est-à-dire ses parents ou ses frères et sœurs.
Le Hio-ming = nom donné par le maître à un élève, à son entrée à l’école ; il est employé par le maître et les condisciples ; ordinairement, c’est un nom honorable, distingué, et présageant un
avenir magnifique ; aussi d’autres personnes peuvent s’en servir envers lui, sans offense.
Le K’ao-ming = nom que prend le candidat, en se présentant aux examens ; il est ordinairement inconnu des illettrés ; ses concurrents, ses supérieurs seuls le connaissent ; il devra le garder aux
examens ultérieurs ; et s’il devient mandarin, il devra en faire son Koan-ming.
Le Koan-ming = nom que prend un mandarin, à son entrée en charge.
Notons encore le Fa-ming = nom que les bonzes reçoivent à leur entrée dans le monastère ; c’est comme un nom de religion.
Le Tse (ou tcheng-hao) = donné par les parents quand le fils est devenu grand ; c’est celui que les étrangers doivent employer ; celui par lequel il signe les contrats, etc. Celui de Confucius
était Tchong-ni. C’est à vingt ans que le jeune homme recevait autrefois ce prénom, avec le bonnet viril.
Le Hao (ou ta-hao) = nom plus distingué que prend un individu, qui se croit devenu plus important, celui qu’il emploiera désormais dans les contrats, etc.
Ainsi, de nos jours, chaque individu a au moins trois noms. J’ai toujours cru que c’est pour tromper plus facilement les gens ; quoiqu’on mette en avant les raisons les plus plausibles.
Il y a encore le Pié-hao = prénom très distingué que prend, par exemple, un grand homme qui rentre dans la vie privée, pour se reposer sur ses lauriers, et pratiquer la vertu en ermite.
Puis le Kouo-hao = nom d’une dynastie ; par exemple : T’ang, Song, Ta-ts’ing.
Et le Nien-hao = par lequel on désigne les années du règne de l’empereur.
Et le Miao-hao = nom donné à l’empereur, après sa mort, pour le temple des ancêtres.
Enfin le Che = son nom posthume, celui par lequel il sera inscrit dans l’histoire, et qui doit, en principe, rappeler sa vie et ses actions...