Nie-tsong-y (Xe siècle ap. J. C.)

SAN-LI-T'U. Tableau des trois rituels.  Par Nie-tsong-y (Xe siècle ap. J. C.)   traduit et commenté par Charles de HARLEZ (1832-1899)  Journal asiatique, Paris, 1890.

SAN-LI-T'U
Tableau des trois rituels

Traits de moeurs chinoises avant l'ère chrétienne

Traduit et commenté par Charles de HARLEZ (1832-1899). Journal asiatique, Paris, 1890, 48 pages.

 

  • C. de Harlez : "L'exposé que nous présentons ici des vases et autres objets employés dans les cérémonies de la Chine antique est tiré du San-li-t'u ou tableau des trois (livres ou espèces de) rites. Cet ouvrage très intéressant est l'œuvre d'un lettré du Ho-nan du nom de Nie-shi, qui vivait au Xe siècle de notre ère. Il était directeur du Grand-Collège impérial sous Taï-tsou, le fondateur de la dynastie des Song. Travaillant sous l'inspiration du savant monarque occupé lui-même de la recherche et de l'étude des livres anciens, il lui présenta son ouvrage achevé vers l'an 970 (?). Il l'avait composé pour répondre au désir du souverain de rétablir, autant que possible, les règles des actes religieux et civils dans leur splendeur primitive."
  • Table : I. Vases des sacrifices et cérémonies. — II. Jeu du vase à flèches. III. L'autel dit fang-ming. — IV. Costume des jeunes gens avant l'âge viril. — V. Les bannières.

Extraits : Introduction - Jeu du vase à flèches - Les bannières
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Introduction

L'exposé que nous présentons ici des vases et autres objets employés dans les cérémonies de la Chine antique est tiré du San-li-t'u ou tableau des trois (livres ou espèces de) rites. Cet ouvrage très intéressant est l'œuvre d'un lettré du Ho-nan du nom de Nie-shi, qui vivait au Xe siècle de notre ère. Il était directeur du Grand-Collège impérial sous Taï-tsou, le fondateur de la dynastie des Song. Travaillant sous l'inspiration du savant monarque occupé lui-même de la recherche et de l'étude des livres anciens, il lui présenta son ouvrage achevé vers l'an 970 (?). Il l'avait composé pour répondre au désir du souverain de rétablir, autant que possible, les règles des actes religieux et civils dans leur splendeur primitive.

« Les rites, en effet, comme le dit Nie-shi dans son introduction, étaient tombés dans l'oubli. Bien plus, certains lettrés les avaient exposés d'une manière erronée ; le trouble, l'incertitude et l'erreur s'y étaient répandus ; un tel état de choses menaçait la société par l'ébranlement de ses bases essentielles.

Pour mettre fin à ces maux et faire connaître d'une manière claire et simple les prescriptions des anciens rituels, notre lettré ne crut pouvoir mieux faire que de mettre sous les yeux du public, par des figures expliquées, tous les objets, tous les instruments dont on pouvait avoir à se servir et dans la forme prescrite par les anciens rituels. « Rien de tel, s'écrie-t-il, que les tableaux ! » Comme nous disons aujourd'hui : Brevis via per exempla.

De nombreux siècles le séparaient des temps où ces règles avaient été posées, où ces formes avaient été fixées ; mais il avait sous la main des matériaux qui lui facilitaient son travail. Le système des tableaux avait été, ainsi qu'il nous l'apprend, inauguré par l'illustre commentateur Tcheng dont il est si souvent parlé dans les commentaires de l'I-li, comme on peut le voir dans notre traduction. Après lui et vers le milieu des temps de la dynastie des Han était venu Yuen qui compléta les tableaux de son prédécesseur. Puis Hia-Heou-tchang, sous le règne de Siuen-ti des Han (73-43 A.-C.), mis en prison avec le président du tribunal criminel, Hoang-pa, par le conseil des ministres, utilisa ses loisirs forcés en commentant les Kings et traçant également des représentations des habillements, ustensiles et autres objets.

Tels furent les principaux documents dont l'auteur du San-li-t'u fit usage pour composer son livre, et il y mit, il faut l'en croire, les soins les plus minutieux, afin de reproduire, avec une exactitude aussi parfaite que possible, les usages antiques. Il s'efforça de répondre au désir du souverain « qui voulait remettre en honneur les lois de Yao et de Shun et rétablir les règles tracées par les Hia et les Shang.

C'est pourquoi « il s'attacha à présenter les rites complets de l'antiquité, de tout résumer dans son livre, afin d'y enseigner la gravité, la dignité du maintien et faire en sorte que tout le monde observe en toute affaire les règles de la convenance.

Il avait encore, pour s'aider en sa composition, l'Erh-ya avec planches, qui semble remonter au IIIe siècle de notre ère ; mais toutefois il ne le cite point.

Une nouvelle édition du San-li-t'u fut faite par les soins de l'empereur Kang-hi en l'an ping-tchen ou 1686 et exécutée par Tchin pe-kwang. Elle a pour titre Sin-ting San-li-t'u et ne porte pas le nom de l'éditeur. Une nouvelle préface y est ajoutée.

C'est de cette édition que je me suis servi et dont je dois parler ici. Le San-li-t'u est divisé en 20 kiuens dont la matière est distribuée avec peu d'ordre. Voici l'énumération complète des divers sujets qui y sont traités :

Kiuen I. Costumes officiels et bonnets propres à chacun d'eux. (En tout, 11 folios.)

Kiuen II. Costumes de femmes, chars ouverts et couverts, corbeilles et trépieds servant à porter les présents de noce. (8 folios.)

Kiuen III. Costume des jeunes gens avant d'avoir reçu le bonnet, avant d'avoir atteint officiellement l'âge viril ; différentes espèces de bonnet, corbeilles et cassettes servant à les contenir, cordons et épingles employés dans la cérémonie de l'imposition du bonnet. (8 folios.)

Kiuen IV. Palais ; Ming-tang, disposition des bâtiments, division des terres et des différentes espèces de fiefs : kong, heou, pe, tze et nân. (9 folios.)

Kiuen V. Vase hū et flèches servant au jeu dit du pot. Instruments de musique, cloches avec leurs supports, pierres sonores, luths, flûtes, etc. (6 folios.)

Kiuen VI. Buts du tir à l'arc, à l'usage du souverain et des princes ainsi que des particuliers dans les fêtes publiques. (4 folios.)

Kiuen VII. Continuation du même sujet. Tambours divers, cloches, haches et bannières employés dans les danses. (5 folios.)

Kiuen VIII. Écran du tir, arcs, flèches et porte-flèches, centres divers, bâtons, compas et autres objets servant au tir : cuir des doigts, écran, tente, bancs, nattes, flambeaux, ceinture, couvre-genoux, pantoufles, etc. (8 folios.)

Kiuen IX. Bannières et grands drapeaux, l'empereur en son char de parade et entouré de ses officiers, gardes d'escorte, parasol, lances et hallebardes. (6 folios.)

Kiuen X. Sceaux divers, insignes des magistrats et ambassadeurs, avec supports. (6 folios.)

Kiuen XI. Mesures, autres sceaux, autel des génies de la terre. (5 folios.)

Kiuen XII. Cuillers et vases, coupes diverses, louches, supports des verres, couvertures, corbeilles. (7 folios.)

Kiuen XIII. Vases et marmites, trépieds, cuillers à sauces, vases à grains, plats et assiettes. (8 folios.)

Kiuen XIV. Autres vases, couvercles et cuillers, console. (6 folios.)

Kiuen XV. Habits de grand deuil, ceintures, cordons, bonnet, bâton, sandales, cabane. (5 folios.)

Kiuen XVI. Habits de deuil de 2e ordre (tsi) et accessoires ; des deuils inférieurs, 3e, 4e et 5e degrés. (6 folios.)

Kiuen XVII. Draps mortuaires, écailles, monnaies mises dans la bouche du mort, aiguière et bassin et autres objets servant aux cérémonies funèbres. (7 folios.)

Kiuen XVIII. Suite du précédent. Objets servant à l'ensevelissement et à l'enterrement ; chars funèbres. (7 folios.)

Kiuen XIX. Attelage du char funèbre royal (fong-siang), cimetière. (4 folios.)

Kiuen XX. Table explicative des matières. (9 folios.)

Le San-li-t'u est divisé en deux piens dont le premier contient 9 kiuens, le second les 11 autres. Le tout forme un ensemble de 135 folios ou 270 pages dont 65 dans le premier pien et 70 dans le second.

Le texte de Nie-tsong-y est composé principalement de fragments des rituels, des commentaires antérieurs et surtout du Kiu-t'u ou « Tableau de l'antiquité ». L'auteur se désigne fréquemment lui-même comme ayant fait telle recherche, telle lecture, et cela sous le nom de Tchin-tsong-y « le sujet [du souverain] Tsong-y ». Nous ne pouvons nous assujettir à reproduire ses explications tout entières ; ce serait fatiguer le lecteur par des répétitions, des détails inutiles, de véritables hors-d'œuvre. Nous nous contenterons de donner ce qui a quelque importance pour l'explication du sujet.

Les Chinois, plusieurs siècles déjà avant notre ère, avaient, comme on va le voir, un luxe considérable de vases d'espèces, de formes et d'ornementations différentes, servant soit aux cérémonies du culte, soit aux repas et banquets à boire. Chacun avait son usage, sa destination propres et ceux qui servaient au même emploi se distinguaient par les titres et qualités de ceux qui en usaient. Certaines catégories appartenaient tout entières à tels personnages d'un rang déterminé ; d'autres se divisaient, selon le plus ou moins de luxe et d'ornements, entre les divers rangs d'une même catégorie de personnes.

Le San-li-t'u nous donne la représentation de ceux dont l'usage avait un caractère officiel. J'en explique toutes les formes dans tous leurs détails. La planche qui accompagne cet article ne les reproduit pas tous, mais seulement un de chaque espèce, qui peut être considéré comme le type du genre et faire comprendre suffisamment les explications relatives aux autres modèles de même forme générale.

Dans cet exposé, j'ai suivi simplement l'ordre du texte chinois, bien qu'il put être rendu plus méthodique ; mais l'enchevêtrement des explications nous obligeait à l'observer ainsi.

Par contre, les bannières ont été rangées par catégories, la chose étant possible en ce qui les concerne.

Les trois autres sections ne comprennent chacune qu'un seul objet. Elles ont été choisies parce qu'elles ont paru spécialement intéressantes dans leur brièveté et comme spécimen du San-li-t'u, et parce qu'elles peuvent servir en même temps comme tableaux de mœurs en donnant une idée de la civilisation chinoise à l'époque de la dynastie Tcheou.

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Jeu du vase à flèches

SAN-LI-T'U. Tableau des trois rituels.  traduit et commenté par Charles de HARLEZ (1832-1899)  Journal asiatique, Paris, 1890.
Vase et flèche de jeu.

Il nous reste à parler d'un dernier genre de vase qui sert, non plus aux sacrifices ou aux repas, mais au jeu et auquel pour cette raison le San-li-t'u donne une place spéciale (Kiuen V, initio). Ce vase porte le nom commun de hū. Le jeu consiste à lancer des flèches dans son ouverture. (Voir planche, vase et flèche.)

Le hū de jeu est expliqué dans les dictionnaires modernes comme muni de trois trous dans lesquels on doit lancer successivement trois flèches. Dans le San-li-t'u, c'est un vase ordinaire à gros ventre en dessous, surmonté d'un long goulot qui va en s'élargissant de manière à former un pavillon de trompette, à rebord.

« Le col, dit Nie-tsong-i, est long de 7 pouces ; le ventre est haut de 5. L'ouverture a 2 demi-pouces de diamètre ; sa contenance est de 1 pek et 5 shengs.

L'intérieur du vase est rempli de petites fèves, afin que les flèches ne rebondissent pas et n'en sortent pas. Les joueurs se mettent sur une natte, à la distance de deux flèches et demie du vase. Les flèches sont faites de bois de mûrier ou de dattier auquel on laisse l'écorce pour le rendre plus solide et plus pesant.

Les flèches sont plus ou moins longues, selon qu'on joue dans l'appartement intérieur du fond de la maison (shih), ou dans la grande salle d'audience (tang), ou dans la cour. Elles ont ainsi 2 pieds, 2 pieds 8 pouces ou 3 pieds 6 pouces de long sur 4 pouces de large à la poignée ; le reste est effilé et terminé par un renflement qui finit en pointe.

Les joueurs se tiennent debout pour lancer leurs flèches ; chacun en a quatre et l'on répète le jeu deux fois ; après quoi l'on compte les flèches entrées dans le vase. Le vaincu est condamné à boire une coupe de vin. Il fléchit d'abord un genou, lève la coupe des deux mains et dit :

— Je prends ce que vous me donnez (à boire).

Et le vainqueur, s'agenouillant également, répond :

— Je vous prie respectueusement de boire, de vous restaurer.

Pour cela on apporte le fang dont il a été question plus haut ; on met dessus la coupe tsun du châtiment. Après que les vaincus, s'ils sont plusieurs, ont tous bu, on examine le nombre de coups heureux de chaque vainqueur et l'on félicite celui qui en a obtenu le plus.

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Les bannières

La distribution des bannières a toujours été considérée comme une chose de la plus haute importance dans la Chine féodale, c'est-à-dire après que les souverains de la dynastie Tcheou eurent divisé l'empire en principautés vassales qu'ils avaient peine à contenir sous leur dépendance. Au Shu-king il n'est question que de la bannière du souverain, du roi Wu, qui la tient en main, dans son char de guerre. Elle était formée de plusieurs queues de cheval réunies, pendant à un bâton, dont la partie supérieure était recourbée. Le caractère qui la désigne contient le signe mao qui signifie « poil ».

Par contre, au Shi-king qui met en scène les princes vassaux, il est parlé de différentes enseignes qui se distinguent par l'espèce d'animal qui est représenté sur la toile de la bannière ou par la nature du composant.

Nous y voyons la mao, servant aux grands officiers d'une principauté ; la yu, ornée de figures de faucons, portée par les ministres d'État ; la tsing, formée de plumes de différentes couleurs à deux ou trois rangs sur la largeur et formant un long pendant ; la tchao, portant des tortues et des serpents ou des dragons. La tsing apparaît au Shi comme portée par les mêmes officiers que ceux qui tiennent la mao. La tchao, avec ses dragons, ses serpents et ses tortues, semble être la bannière royale au Shi, bannière portée par les chefs de l'armée, comme représentants du roi.

Plus tard le nombre des bannières s'est encore accru. Le San-li-t'u donne la représentation de neuf espèces différentes qui ont toutes le même genre de hampe, c'est-à-dire un long bois orné diversement et surmonté d'une sorte de cou d'animal courbé en avant et terminé par une tête de dragon dont les dents tiennent un ruban soutenant la bannière proprement dite. Lorsque celle-ci consiste en une large toile, elle est en outre attachée tout le long de la hampe, et la partie qui y touche forme une bande verticale placée à angle droit par rapport au reste.

Ceci nous indique déjà les deux genres principaux d'étendards, les uns composés d'une toile haute et large, les autres de plusieurs rangs de plumes ou d'une flamme longue et étroite, d'un mince pennon.


1. Le premier est le tai-tchang. L'étendard royal a douze bandes horizontales portant chacune un dragon rampant, tournés successivement en sens inverse, l'un montant, l'autre descendant ; ayant la tête les uns en haut, les autres en bas. La bannière est faite de soie rouge.

Le dessus (la bande transversale touchant au bois) porte l'image du soleil en haut, celle de la lune en bas et un dragon entre les deux.

Le disque du soleil contient la figure d'un oiseau et celle de la lune, un animal semblable à un lièvre, semble-t-il. La tête de dragon est en or (ou dorée) et tient en gueule les rubans qui soutiennent la bannière de soie. Un collier de longs poils termine le cou ou partie arquée et flotte sur le bois.

Les dragons tracés sur la soie le sont au moyen de larges lignes noires qui représentent tout le corps ; on dirait de maigres lézards à tête d'une forme bizarre.

La hampe est ornée de doubles cercles peints verticalement et de ronds qui les séparent à de grandes distances. Les neuf bandes de soie représentent la constellation ta-ho « le grand feu », composée de neuf étoiles (le Scorpion).

Le tai-tchang est le drapeau du souverain qu'il plante dans son char de parade, le yu-lou ou « char de jade ».


2. La bannière kī. Ce deuxième étendard est semblable au premier, mais le battant n'a que neuf bandes au lieu de douze, et la bande supérieure est sans image des astres.

C'est la bannière que déploient tous les princes feudataires. Toutefois les kongs seuls ont neuf bandes pour représenter les neuf grands corps célestes ; les heous et les pe n'en ont que sept ; les tze et les nan, seulement cinq. Le grand peut ce que peut le petit ; mais le petit ne peut usurper ce qui appartient au grand seul. La bannière des princes flotte jusqu'au niveau du bois d'appui du char. Celle des ta-fous atteint le coffre du char et l'étendard des shis descend jusqu'aux épaules.


3. Bannière yū. Cette bannière est divisée en sept bandes dont chacune porte deux faucons volants placés aux deux bouts et se regardant. « C'est la bannière aux oiseaux, dit le Tcheou-li, aux sept bandes représentant la constellation dite Chun-hò. Son nom lui vient de ce qu'elle figure, yū signifiant « réunion d'oiseaux sur un même arbre ». Elle représente aussi cette constellation parce que celle-ci a sept étoiles comme l'étendard a sept bandes horizontales. Néanmoins il y a une bande verticale au-dessus des autres, portant deux faucons ou phénix, l'un s'élevant, l'autre s'abattant. Tous ces faucons sont au vol pour la chasse. »

Le drapeau yū est celui des chefs de tcheou et de li et aussi des chefs de tcheou dépendant d'un siang.


4. Bannière hiūng-kī (ou « bannière à l'ours »). La forme de ce drapeau est encore semblable à celle du n° 1 ; il a aussi une bande verticale qui s'élargit par une coupure oblique à partir de la toile principale. Celle-ci est divisée en six bandes pour figurer la constellation fā, composée du même nombre d'étoiles. Bien qu'appelé l'étendard de l'ours, il porte des tigres alternant avec les ours, trois de chaque espèce, marchant vers le bâton.

Les bandes et le bâton ont la même hauteur que ceux du tai-tchang.

Il appartient aux ta-fous des Siangs et leur est conféré par le roi, en son nom.


5. Bannière tchaò (ou « à la tortue enserrée d'un serpent »). Celle-ci n'a que quatre bandes avec une cinquième transversale.

Les bandes horizontales portent chacune une tortue qu'un serpent enlace de ses replis et qui marche vers la hampe. La bande verticale porte une tortue montant et suivie d'un long serpent déroulé.

Celle-ci, par ses quatre bandes, représente la constellation appelée ying-shih ou « demeure des guerriers », composée de quatre astres.

C'est l'étendard propre aux chefs des districts aux frontières. Le serpent indique la prudence dont ils doivent user, leur vigilance.

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Les drapeaux suivants ne sont que de simples fanons ou en ont la forme, s'ils sont composés de plumes. Il y en a quatre espèces ; l'étendard en plumes est le dernier. Les trois premiers ont la forme d'une longue flamme fendue au milieu aux trois cinquièmes de sa hauteur, terminant en deux pointes obliques du seul côté intérieur et continuant la ligne droite extérieure du battant. Ces bannières sont :


6. Bannière tchēn. La flamme est composée d'une bande de soie rouge éclatant, ce qui est la couleur propre à la dynastie Tcheou. Elle est sans aucun ornement. La bande de soie est d'un lé d'étoffe entier.

La couleur des Tcheous constituant un prince était le rouge parce que c'est celle de tout ce qui naît et se forme (dans le règne végétal). De là les étendards tsīng et k'ī étaient entièrement de soie rouge. Les plumes et poils attachés au sommet du bâton et le pennon à la base de la flamme étaient faits comme des queues d'hirondelle.

Cet étendard est porté devant le prince pour annoncer sa présence.


7. Bannière wuh. Cette bannière a la même forme que la précédente ; mais elle a de plus un bord tout du long de la flamme et des pointes. Elle est de soie de couleur variée ou plutôt, selon le commentaire du Tcheou-li, elle est de soie rouge (couleur distinctive de la dynastie Yin) avec un bord de soie de couleur blanche. On emploie encore la couleur de cette ancienne dynastie pour enseigner et favoriser ies règles de conduite correctes des anciens souverains.

C'est la bannière que les fonctionnaires supérieurs (ta-fous) et les shis plantent dans leurs chars.


8. Bannière t'ao (« à plumes »). Cet étendard est formé de plumes attachées ensemble, formant une longue bande qui tient par un cordon à la gueule du dragon. Ces plumes sont rangées trois par trois, celle du milieu un peu plus basse que les deux autres, et finissent par un rang de deux, puis une seule. Le ruban court tout du long par derrière et se prolonge en dessous pour aller se lier à la hampe.

Les plumes qui composent cette bannière sont blanches et rouges. Cet étendard sert principalement au concours de tir donné par un prince à ses officiers et aux gens de mérite de son État. A cette fête, le marqueur des coups heureux portant une bannière t'ao se place au sud du but, tourné vers l'est. Quand une flèche touche au but, il lève son étendard et pousse un haut cri.

C'est aussi l'étendard des shis qui n'ont point d'insignes particuliers en raison de leurs fonctions ou n'ont point la bannière wu. On l'emploie également dans les danses guerrières.

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Ces huit espèces de bannières sont les seules dont il soit question au San-li-t'u. Le Tcheou-li en mentionne encore d'autres au livre XXVII Sse-tchang et au livre XL déjà cités. Il distingue les plumes entières, soui ; les plumes coupées, tsing. Les premiers servent au char d'ivoire que le souverain emploie pour ses promenades journalières ; les secondes sont réservées au char des grandes chasses, des inspections de frontières, etc. Sur chacune d'elles on peint, on brode une figure, des traits caractéristiques : office, nom du district, titre d'honneur, etc. Quelques-unes ont encore d'autres signes particuliers : arcs, flèches et autres objets.

Le Li-ki a aussi un passage relatif aux étendards ; mais ils sont considérés à un autre point de vue. Il s'agit simplement d'une sorte de signaux indiquant à un corps d'armée sa direction, ou les circonstances qui intéressent sa marche. Certains points concernent les chasses. Voici ce passage avec quelques explications :

« Quand il y a de l'eau devant les chars, on doit (pour l'indiquer) déployer l'étendard (à l'oiseau) vert. Si c'est une poussière (gênante), on déploiera l'étendard aux faucons vivants. Pour indiquer des chars et des cavaliers, ce sera celui aux oies sauvages volant en troupe. Pour indiquer un corps de troupe, ce sera le drapeau de peau de tigre ; et celui au léopard, s'il s'agit d'une bête féroce (tigre, léopard, hyène ou autre).

« Quand un corps d'armée est en marche, le drapeau à l'oiseau rouge est en avant et celui au guerrier noir en arrière ; le dragon bleu à gauche et le tigre blanc à droite ; le drapeau signal (au milieu) au-dessus de tout, ou l'aigle, pour exciter l'ardeur des soldats. »

« Quand le roi est en route, dit le Sou, il faut l'avertir de tout ce qui se présente pour qu'il puisse se mettre en garde. C'est pourquoi on use de différents drapeaux. »

Plusieurs de ceux-ci nous sont connus. Nous avons vu les étendards aux faucons et aux tigres. Ceux qui portent l'oiseau rouge et le guerrier noir sont les drapeaux chun-ho et y ing-tchi expliqués ci-dessus nos 3 et 5. L'oiseau vert est (d'après le Sou) un petit oiseau aquatique qu'il ne nomme point. Les oies volant en troupe régulière figurent un corps de chars ou de cavaliers marchant en ordre. Le tigre s'avançant avec courage et dignité représente bien des guerriers en marche. Le drapeau-signal que l'on agite à cet effet porte les sept étoiles de la grande ourse ou les figure. On l'agite pour donner le signal de la marche ; quand le corps d'armée est en mouvement, on l'abaisse. Par ses mouvements on cherche à émouvoir le cœur des guerriers et à les exciter à lutter vaillamment. C'est ainsi que Liu-shi explique les deux termes du texte.

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