Maurice Courant (1865-1935)

 

 LA COUR DE PÉKING 

Notes sur la constitution, la vie et le fonctionnement de cette cour.

Ernest Leroux, éditeur, Paris, 1891, 112 pages.

   

Extraits de la Préface : Le sujet est vaste, une vie d'homme suffirait à peine à en faire le tour et en parcourir toutes les voies. Je ne dissimule pas ma faiblesse pour entreprendre un aussi long voyage : mais ce que je veux tâcher de faire, c'est seulement d'apercevoir et de marquer les grandes lignes, le plan d'ensemble de cette cour. Cela, du moins, je m'efforcerai de le faire avec toute la précision et l'exactitude qu'il me sera possible d'atteindre : heureux si je ne reste pas trop loin du but.

Les principaux points de cette étude seront les suivants : la maison impériale, empereur et princes, avec sa constitution et son conseil ; les différents événements qui modifient l'état des personnes de la maison impériale, entre autres, mariage, mort, avènement, avec le cérémonial usité dans ces circonstances ; les différents corps et les diverses administrations qui entourent l'empereur et sont chargés du fonctionnement de la cour impériale, c'est-à-dire les hauts dignitaires de la cour, les gardes du corps, l'intendance de la cour, les médecins, explicateurs et astrologues de Sa Majesté ; le Ministère des Rites et plusieurs autres administrations qui ont à régler les questions de cérémonial. Je chercherai à dégager la condition des personnages et administrations dont j'aurai à parler ; je tâcherai de montrer leur rôle et leurs rapports...


Table des matières
Extraits : Choix de l'impératrice et des dames du palais - Les cérémonies du mariage - Mort de l'empereur T'ong-tché
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Table des matières

PREMIÈRE PARTIE

La maison impériale — Le Conseil de la maison impériale — Éducation de l'empereur — Éducation des princes — Impératrice et dames du palais. Mariage — Mariage des princes — Naissance des enfants — Mort et funérailles des princes. Testaments — Funérailles impériales — Testament de l'Empereur, avènement, régence — Dignitaires de la cour — Gardes du corps — Préposés aux équipages impériaux — Intendance de la Cour — Intendances des palais princiers — Cour des médecins de l'empereur — Explicateurs impériaux — Bureau d'Astrologie — Conseil des prières — Conseil des banquets — Conseil des écuries — Conseil des cérémonies — Ministère des Rites — Académie impériale — Conseil de surveillance — Commissions de rédaction — Grande Chancellerie — Grand Conseil.

SECONDE PARTIE : Les textes.

Adoption de l'empereur Kwang-siu — Établissement des tsong-ché à Moukden — Élévation de l'Impératrice et des Princesses épouses — Costumes des Princesses et Dames de la Cour — Règlement de quelques-unes des cérémonies qui précèdent le jour du mariage — Porcelaines fabriquées par la manufacture de Kieou-kiang pour le mariage impérial — Trousseau de l'Impératrice — Mort de l'Impératrice de l'Est — Travaux faits à l'occasion des funérailles de l'Impératrice de l'Est — Honneurs funèbres rendus au Grand prince de Twen — Testament de l'Empereur T'ong-tché — Mort de l'Empereur T'ong-tché — Intronisation de l'Empereur Kwang-siu — Établissement de la Régence — Rapport du Grand Conseil sur la remise du pouvoir — Remise du pouvoir — Faveurs octroyées à l'occasion de la remise du pouvoir.

Extraits
Choix de l'impératrice et des dames du palais

C'est vers l'âge de seize ou dix-huit ans que l'empereur se marie. D'après les ordres de l'impératrice régente Ts'e-hi qui attache beaucoup d'importance à l'observation des rites de l'antiquité, une étroite surveillance aurait, me dit-on, été jusque-là exercée sur le jeune empereur Kwang-siu par son gouverneur et par les eunuques, afin d'empêcher toute relation malséante avec les femmes qui vivent dans l'intérieur du palais. Une ligne de conduite moins rigide avait, semble-t-il, été suivie à l'égard de l'empereur T'ong-tché : car, dès avant son mariage, il avait une femme de second rang. Li-fei, qui donna le jour à une princesse ; et c'est alors que l'empereur T'ong-tché fut considéré comme en âge de se marier. D'ailleurs les lettrés qui m'ont parlé de ce fait, le considèrent comme contraire aux principes ; la question n'a pu être soulevée que trois fois sous la dynastie actuelle ; avant T'ong-tché et Kwang-siu, seul K'ang-hi s'était marié étant déjà sur le trône, et c'est aux règles fixées à cette époque que l'on s'est conformé pour l'ordonnance des mariages de T'ong-tché et de Kwang-siu .

Quand approche l'âge où l'empereur doit se marier, l'impératrice régente fait écrire aux lieutenants généraux des huit Bannières, et aux vice-rois et gouverneurs des provinces, qui doivent rechercher dans leurs juridictions les filles de fonctionnaires mantchous âgées de treize à vingt ans ; des listes sont adressées au Ministère du Cens, qui prépare un tableau général portant le nom et l'âge des jeunes filles, le nom et les grades de leurs père et ascendants ; ce tableau est mis sous les yeux de l'impératrice douairière ; celle-ci, tenant compte surtout de l'illustration des familles et des services rendus à l'empire, marque un certain nombre de noms et renvoie les listes au ministère qui fait écrire, pour chaque jeune fille désignée, une tablette portant son nom, son âge et les grades et distinctions obtenus par ses ascendants. Les jeunes filles sont convoquées par l'intermédiaire des lieutenants généraux et des vice-rois et gouverneurs, pour être amenées à Péking à une époque fixée. Si l'une des jeunes filles désignées est malade ou a quelque infirmité, ses parents avertissent l'autorité et l'impératrice délègue un fonctionnaire pour s'assurer de l'exactitude du fait ; ce fonctionnaire, après examen, informe le Ministère du Cens ; si la maladie est réelle, la jeune fille est dispensée de se présenter ; si l'excuse est fausse, les parents sont punis ; lors du mariage de l'empereur actuel, l'impératrice Ts'e-hi avait donné des ordres très sévères sur ce point.

Les parents, père ou, à son défaut, oncle paternel ou frère aîné, amènent les jeunes filles, à leurs frais, et, quand toutes sont réunies à Péking, le ministère en informe l'impératrice qui fixe le jour où elle les recevra. Au jour indiqué, les parents les conduisent à la porte du nord de la ville impériale ; tous les fonctionnaires du Ministère du Cens et ceux de la maréchaussée de Peking, s'y trouvent convoqués pour surveiller et mettre de l'ordre. Les voitures entrent dix par dix ; de petites constructions ont été disposées à l'avance sur la large avenue qui conduit de la porte Ti-ngan à la salle Cheou-hwang : les jeunes filles y descendent avec leurs parents qui, ne pouvant les accompagner plus loin, les attendent à cet endroit. Les fonctionnaires du ministère viennent les chercher et les mettre en ordre dix par dix ; deux secrétaires sont adjoints à chaque groupe : l'un marche en tête et porte les tablettes des noms des jeunes filles ; l'autre secrétaire marche le dernier. Ils les conduisent jusqu'à la porte Chen-wou : des eunuques prennent les tablettes, font entrer les jeunes filles dans l'enceinte du palais et les conduisent auprès de l'impératrice, devant laquelle elles se prosternent. L'impératrice les interroge en chinois, puis remet aux eunuques un certain nombre des tablettes qui lui ont été présentées ; les eunuques emmènent sur-le-champ les jeunes filles ainsi congédiées ; elles sont reconduites à leurs parents par les secrétaires du ministère et peuvent immédiatement quitter Péking.

Après avoir causé quelque temps avec les jeunes filles qu'elle a retenues près d'elle, l'impératrice les congédie à leur tour : celles-ci attendent à Péking qu'un jour soit fixé pour une nouvelle audience. L'impératrice leur envoie des présents par l'intermédiaire du ministère. Au jour de la seconde audience, elles sont amenées dans les mêmes conditions que la première fois ; l'impératrice en élimine encore quelques-unes : ces dernières reçoivent des présents avant d'être renvoyées chez elles.

Celles qui restent viennent ensuite passer un jour dans des maisons préparées auprès du palais de l'impératrice : celle-ci les voit pendant plus longtemps que les premières fois et, sachant lesquelles ont le mieux « les vertus, le langage, la beauté et l'habileté aux travaux qui conviennent à la femme », fait enfin un dernier choix. Celles qui sont éliminées à cette troisième audience reçoivent des présents et peuvent quitter Péking . Les élues restent d'abord avec leurs parents ; puis des logements leur sont préparés par le Ministère soit à l'intérieur du palais impérial, soit dans un palais, mis à leur disposition par l'empereur ; des dames du palais sont chargées de leur enseigner les règles de l'étiquette ; des eunuques et des servantes du palais sont à leur disposition. Celles des jeunes filles qui montrent quelque défaut grave peuvent être rendues à leurs parents.

Un décret, rendu au bout de quelques mois, fixe quelle sera l'impératrice, et un autre décret fixe quelles seront les deux princesses épouses, et détermine leurs noms : l'impératrice, femme de Kwang-siu, appartient à la tribu Yéhouala ; elle est fille de Kwei-siang, frère de l'impératrice Ts'e-hi, alors vice-lieutenant général, et depuis vice-président de ministère en expectative. Les deux princesses épouses, âgées alors l'une de quinze ans, l'autre de treize ans, sont filles de Tch'ang-sin, de la tribu T'at'ala ; les deux princesses épouses ont reçu les noms de Kin-p'in, et de Tchen-p'in. Avant leur élévation, depuis l'époque où l'impératrice douairière les avait choisies, elles habitaient dans l'intérieur du palais : un palais fut alors assigné à la future impératrice ; huit eunuques portèrent sa chaise, avec tout le cérémonial dû aux impératrices, jusqu'à la porte Chwen-tchong, d'où les préposés aux équipages menèrent la souveraine jusqu'à sa demeure provisoire ; les deux princesses épouses furent conduites chez leur père par des eunuques du palais pour attendre la date du mariage.

Quinze autres jeunes filles sont élevées au rang de dames du palais, six du premier rang, neuf du second rang : le décret qui les concerne n'est pas publié ; l'impératrice douairière leur donne des noms analogues à ceux des princesses épouses, par exemple Adresse, Elégance. Après leur élévation, elles sont provisoirement reconduites chez leurs parents par les eunuques. Enfin les dernières parmi les jeunes filles choisies par la régente sont données en mariage à des princes auxquels l'empereur veut marquer une grande faveur.


Les cérémonies du mariage

Au jour fixé, les orchestres du palais sont disposés dans les environs de la salle T'ai-ho, les emblèmes de l'empereur, les emblèmes de l'impératrice, les palanquins, chevaux, éléphants, sont rangés dans les cours ; les aides de camp, les grands ayant charge à la cour, les gardes à queue de léopard, les ministres des Rites, les grands chanceliers, les chambellans, hérauts, et huissiers sont rassemblés. L'empereur, après avoir été saluer l'impératrice douairière au palais Ts'e-ning, va dans la salle du Trône et regarde le sceptre de délégation, le livre d'investiture et le sceau. Ces objets sont alors remis aux médiateurs qui se rendent chez l'impératrice avec tout le cortège impérial. Ils sont reçus de la même façon que le jour des accordailles et lecture est donnée de l'ordre impérial. Des princesses par alliance se sont rendues à l'avance auprès de la future impératrice ; lorsque les vêtements de cérémonie ont été apportés à la suite du cortège des médiateurs, l'impératrice s'en revêt : la coiffure et la robe sont ornées de perles, les boucles d'oreille sont à pendants en perles, un collier de perles se porte au cou, deux autres colliers en perles et corail se portent en sautoir, le foulard de cou est à ornements d'or et le mouchoir est en soie tout entouré de fils de soie tressés. L'impératrice, conduite par les maîtresses de cérémonies, va s'agenouiller dans la grande salle des appartements intérieurs ; elle écoute la lecture du livre d'investiture faite par un eunuque et reçoit le livre d'investiture et le sceau qui sont ensuite reportés aux médiateurs ; ceux-ci sont restés dans la grande salle extérieure. Au moment indiqué par le Bureau d'Astrologie, l'impératrice monte dans une chaise jaune où ont été placés un caractère « dragon », écrit de la main de l'empereur et deux sceptres de congratulation en or. La chaise, soutenue par des eunuques et portée par les préposés aux équipages impériaux, se met en marche, précédée par les médiateurs, le sceptre de délégation, l'orchestre de marche, et par les emblèmes de l'impératrice et suivie des grands ayant charge à la cour et des gardes impériaux ; des porteurs de lanternes et d'encensoirs accompagnent le cortège, qui se met en marche vers 11 heures du soir.

Arrivés à la porte Ta-ts'ing, les médiateurs et autres hauts dignitaires descendent de cheval ; les premiers vont rendre compte de leur mission, les autres se retirent ; les palanquins vont jusqu'à la porte K'ien-ts'ing, et là les ministres des Rites prennent le livre d'investiture et le sceau et les portent dans la salle Kiao-t'ai, disposée à cet effet. Dans le palais K'ien-ts'ing, sous la galerie extérieure, l'impératrice descend de sa chaise et monte dans un palanquin surmonté d'un paon ; elle parvient ainsi dans une des chambres du palais Kwen-ning, où elle attend l'empereur ; elle porte alors un diadème en forme de phénix, une robe jaune clair brodée de dragons et une veste à huit écussons brodés de dragons ; elle a la tête couverte d'un voile rouge et ornée de fleurs en bourre de soie. L'empereur, en arrivant, découvre le visage de sa fiancée ; il s'assied sur le lit nuptial du côté gauche et elle du côté droit, lui faisant face. Alors a lieu le repas rituel, servi par les princesses par alliance : après quoi des femmes de l'Intendance emportent la table. Le Cérémonial de l'Intendance donne beaucoup moins de détails sur les rites accomplis dans les appartements intérieurs de l'impératrice et sur son arrivée au palais, que n'en donnait le cérémonial rédigé sous T'ong-tché. A cette époque, l'impératrice s'était rendue à pied du palais K'ien-ts'ing jusqu'au palais Kwen-ning.

Les cérémonies dont j'ai à parler maintenant ont pour but d'annoncer le mariage impérial et de présenter l'impératrice à l'impératrice douairière et aux ancêtres impériaux.

La veille de l'investiture, des membres de la famille impériale sont chargés d'annoncer le mariage au ciel, à la terre, aux ancêtres et aux dieux protecteurs : cette cérémonie se passe suivant les rites habituels.

Le lendemain du mariage, l'impératrice adresse ses prières au dieu du foyer, dans le palais Kwen-ning. Après une légère collation, l'empereur et elle vont brûler des parfums et se prosterner dans la salle Cheou-hwang, où sont les portraits des ancêtres impériaux ; un prince est délégué d'avance pour faire suspendre les portraits et ensuite les remettre en place suivant les rites voulus. L'empereur conduit ensuite l'impératrice dans les salles du palais où sont les tablettes des ancêtres les plus proches ; ces rites accomplis, les souverains vont présenter des sceptres de congratulation à l'impératrice douairière qui leur en donne d'autres pour les féliciter. Ensuite l'impératrice, suivie des concubines impériales et des princesses, va se prosterner devant l'empereur et le féliciter ; elle reçoit elle-même les félicitations des concubines et des princesses qui se prosternent devant elle. Enfin elle va brûler de l'encens devant l'image de Bouddha. Ces félicitations, ces visites aux portraits et aux tablettes des différents ancêtres sont fort détaillées dans le rituel : j'y ai constaté, depuis le règne de T'ong-tché, des changements d'affectation pour quelques-uns des palais.

Trois ou quatre jours après, a lieu la visite officielle de la jeune impératrice à l'impératrice douairière : les emblèmes de celle-ci et l'orchestre sont disposés près du palais Ts'e-ning ; la jeune impératrice vient faire trois agenouillements et trois révérences devant l'impératrice douairière ; celle-ci mange et boit, assise sur le trône ; la table de la jeune souveraine est dressée dans un coin de la salle ; elle finit de manger la première, va saluer l'impératrice douairière pour la remercier et ne se retire que quand cette dernière s'est déjà retirée.

Un ou deux jours après cette cérémonie, l'empereur donne le décret, pour faire part de son mariage à l'univers. Le décret est présenté à l'empereur dans une séance solennelle tenue dans la grande salle du Trône, puis remis par un grand chancelier aux ministres des Rites qui, accompagnés de tout le cortège impérial, mettent le faire-part dans un palanquin à dragons et le suivent jusqu'au pavillon supérieur de la porte T'ien-ngan : les fonctionnaires civils et militaires, les octogénaires et les Mantchous de rang subalterne, réunis au sud de la porte, s'agenouillent et écoutent la lecture du décret. Le décret est alors posé dans un plateau en forme de nuage, soutenu par des cordes de cinq couleurs qui sont passées dans le bec d'un phénix d'or : le plateau descend lentement et des employés du Ministère des Rites le remettent dans le palanquin à dragons. Le document est porté, suivi du même cortège, au Ministère des Rites qui est chargé de l'impression.

Le même jour, l'empereur, suivi de toute la cour, va féliciter l'impératrice douairière dans le palais Ts'e-ning : l'empereur entre dans le palais, les nobles des six premiers rangs et les nobles mongols sont au pied de l'escalier de la porte Ts'e-ning ; les hauts fonctionnaires, les gardes du corps, les nobles des six derniers rangs, les fonctionnaires au-dessous du second rang sont debout encore plus loin. Au signal donné par les huissiers, l'empereur et tous les assistants s'agenouillent et se prosternent. En sortant du palais Ts'e-ning, l'empereur va à la grande salle du Trône pour recevoir les hommages de tous les princes et fonctionnaires et entendre la lecture des adresses de félicitations. Quand le lecteur a fini de lire, l'adresse de l'empereur à l'impératrice douairière est immédiatement portée à la Grande Chancellerie, avec les adresses des fonctionnaires à l'impératrice douairière. L'empereur donne alors le décret de faire-part dont j'ai parlé plus haut et, quand il s'est retiré, les adresses à lui présentées par tous les princes et mandarins civils et militaires sont portées à la Grande Chancellerie. Pendant ce temps la jeune impératrice, suivie des concubines des empereurs défunts, de celles de l'empereur régnant, des princesses par alliance, des princesses impériales, et des femmes de hauts fonctionnaires, va au palais Ts'e-ning faire trois agenouillements et trois révérences devant l'impératrice douairière ; elle va ensuite, avec les concubines, au palais K'ien-ts'ing, s'agenouille devant l'empereur et lui présente un sceptre de félicitation, comme elle en a présenté un à l'impératrice Ts'e-hi. Elle reçoit enfin dans son propre palais les hommages de toutes les concubines.

Enfin le lendemain a lieu le banquet, qui termine les cérémonies du mariage : les tables pour les princes, pour le père de l'impératrice, pour les chambellans et pour les explicateurs sont dans la salle T'ai-ho au pied du trône ; sous les galeries extérieures sont les tables des censeurs, des hauts fonctionnaires de l'administration des frontières, et des simples nobles impériaux et gardes du corps ; dans la cour sont dressées les tables des fonctionnaires de troisième classe et au-dessous et des envoyés tributaires ; les membres de la famille de l'impératrice sont placés d'après leur classe. Le père de l'impératrice est conduit, avec ses fils et frères, devant le palais de l'impératrice douairière et y accomplit le rite des trois agenouillements et neuf prosternements. Tous les assistants se prosternent quand l'empereur est arrivé dans la salle et s'est assis ; on s'agenouille et se prosterne quand l'empereur boit le thé et quand l'empereur boit le vin ; on fait de même avant de boire le thé ou le vin que l'empereur fait servir. Après le banquet ont lieu trois séries de danses, exécutées par de hauts fonctionnaires : la musique de ces danses est chantée. Il y a encore quelques autres divertissements ; puis tout le monde se prosterne et l'empereur se retire.


Mort de l'empereur T'ong-tché

Le 6e jour de la 12e lune de la 13e (13 janvier 1875) année T'ong-tché, (la Grande Chancellerie) a reçu le décret impérial suivant :

« Le 5 de cette lune, entre 5 et 7 heures du matin, le feu Empereur, porté par un dragon, est monté parmi les hôtes célestes.

« Nous avons reçu avec respect les ordres bienveillants de LL. MM. les Impératrices douairières Ts'e-ngan-twan-yu-k'ang-k'ing et Ts'e-hi-twan-yeou-k'ang-yi, Nous prescrivant de monter sur le Trône.

« Incliné vers la terre, implorant le Ciel, Nous Nous sommes en vain efforcé de retenir ici-bas l'âme de Notre prédécesseur. Agenouillé, Nous avons médité comment feu S. M. l'Empereur, depuis son avènement il y a treize ans, a reçu avec respect les principes de Sa Maison et S'est conformée aux conseils maternels des Impératrices douairières. Avec des efforts diligents et une attention profonde, il n'est pas un jour où Il n'ait vénéré le Ciel, suivi les préceptes de Ses Ancêtres et fait des soins du Gouvernement et de l'amour pour le peuple la préoccupation de Sa pensée. Dans le choix des fonctionnaires, Il a protégé les gens sages ; Il a étouffé les rébellions ; la vie du peuple, le plan des affaires de l'État ont été sans cesse présents à Son esprit. Parmi tous les êtres vivants, il n'en est pas qui ne déplore cette mort avec la plus grande sincérité.

« Pour Nous, Nous pleurons des larmes de sang et Notre cœur est écrasé de douleur : comment Nous serait-il encore possible d'exprimer Nos sentiments? Nous songeons seulement, puisqu'un fardeau tel que l'Empire incombe à Notre faiblesse, que Nous aurons un appui dans tous les fonctionnaires, civils et militaires, de la capitale et des provinces : tous mettront tous leurs efforts à Nous servir loyalement et Nous aider à bien gouverner. Il faut que les vice-rois et les gouverneurs administrent le peuple avec douceur, afin que cette vue réjouisse dans le ciel l'âme de feu S. M. l'Empereur : Nous espérons fortement qu'il en sera ainsi.

« Quant au règlement du deuil, Nous avons reçu avec respect le testament de S. M. qui prescrit, suivant les anciennes règles, un deuil de vingt-sept jours ; mais Notre cœur ne peut supporter (une durée si brève) : il faut que, d'après les règles de l'antiquité, le deuil soit observé pendant trois ans, afin de manifester quelque peu la profondeur de Nos regrets.

« Les rites importants des prières aux Autels et aux Temples ne doivent naturellement être diminués en quoi que ce soit à cause du deuil : pour le choix des fonctionnaires qui Nous remplaceront, et pour les rites que Nous accomplirons en personne, Nous ordonnons que les administrations compétentes examinent les anciens règlements et Nous fassent part de leurs délibérations.

« Le deuil, pour les fonctionnaires et le peuple de l'Empire, sera déterminé par les règlements fixés.

« Que ce décret soit publié dans la capitale et dans les provinces afin qu'on le connaisse. »
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